Quand un médecin accepte de donner de son temps précieux pour soigner les exclus, les sans domicile fixe, les immigrés en situation irrégulière, le lien entre social et médical devient ultra-ténu. Nicolas Breton a été, il y a une vingtaine d’années, l’un des fondateurs de l’association ACS (Accueil santé Béziers). Médecin généraliste, il souhaitait avec d’autres, permettre la resocialisation des personnes en situation de précarité. La prise en charge médicale de ces personnes étant une des pierres de l’édifice de la resocialisation. «Difficile de trouver du travail quand vous n’avez pas de dents », note-t-il, par exemple.
Au début, nombreux étaient les clandestins ainsi aidés. Aujourd’hui, l’association voit beaucoup d’enfants de ces sans papiers d’alors. Le nombre de personnes ayant recours à l’association ne fait que gonfler. « L’augmentation de la fréquentation amorcée en octobre 2008 ne s’est jamais démentie depuis », lit-on dans le rapport d’activité 2010. Ainsi, « le nombre de consultations en 2010 est de 1753 pour 755 personnes reçues contre 1212 consultations pour 591 personnes en 2009. Ceci constitue une augmentation de 45 % du nombre de consultations et de 28 % du nombre de personnes ». Pire, « la proportion de patients vus pour la 1ère fois en 2010 augmente de 4,2 points, ce qui suppose que la précarité de l’accès aux soins touche une population jusqu’ici épargnée ».
La dizaine de médecins généralistes (dont la moitié est retraitée) qui travaille bénévolement pour cette association traite des pathologies de plus en plus lourdes, des tuberculoses, certains cancers, auprès d’une population qui vit souvent dans des squats. Au besoin, ces généralistes peuvent adresser leurs patients à une quinzaine de spécialistes qui acceptent de recevoir ces patients adressés sans les faire payer.
Plus que le renoncement aux soins, les bénévoles de l’association ont à traiter des situations particulièrement difficiles. « On a vu naître des enfants dans des caravanes, sans identité. On voit des filles, jeunes, obligées de se prostituer pour nourrir leurs enfants », relate Nicolas Breton selon qui, forcément, compte tenu de ce contexte de vie difficile, les populations suivies par l’association renoncent de fait à se soigner.
L’association, qui existe depuis le début des années 90, a pourtant failli fermer ses portes à la fin de l’année, faute de budget suffisant. Financée en grande partie par l’ARS et par la mairie de Béziers, qui « n’a pas augmenté sa subvention depuis vingt ans », l’association craint de ne plus être en mesure de payer les deux coordinatrices médico-sociales, essentielles à son fonctionnement. Elle a réuni ses partenaires financiers le 24 novembre. Et malgré une rallonge de l’ARS et un coup de pouce de la Communauté d’agglomération, l’avenir reste incertain.
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