L'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES) a fait salle comble lors du colloque organisé par ses soins pour présenter aux professionnels la deuxième procédure d'accréditation, simplifiée et baptisée V2.
Afin d'en savoir plus sur les méthodes de mesure de la qualité à l'hôpital et en clinique qu'emploiera l'ANAES à partir de 2005 (« le Quotidien » du 23 septembre), 2 000 personnes, dont quelque 8 00 médecins, s'étaient déplacées.
Expérimentée depuis cinq jours par 36 établissements volontaires, la nouvelle procédure a de quoi inquiéter les médecins, dans la mesure où elle est centrée sur le « service médical rendu au patient ». L'ANAES se veut rassurante. « Il s'agit d'une démarche extrêmement progressive, plaide son directeur, Alain Coulomb, qui ne débouche en aucun cas sur un rapport d'expertise médicale. »
Le directeur insiste sur le fait que l'ANAES n'invente rien, que ses référentiels d'évaluation se fondent sur les travaux des professionnels. « Nous avons créé un mouvement d'effervescence auprès des sociétés savantes. Si nous étions arrivés, nous, ANAES, avec des indicateurs tout faits, à l'évidence, les médecins auraient sorti les fusils ! »
Conscient néanmoins des blocages que peut entraîner la nouvelle procédure, Alain Coulomb identifie deux principaux écueils : « L'arrogance - à celui qui ne connaît pas le doute, l'évaluation est un ennemi - et la solitude - l'exercice solitaire de la pratique médicale est un obstacle à la qualité. » Il reconnaît toutefois que la pilule de l'accréditation n'est pas, dans sa forme, toujours facile à avaler.
« Le problème, explique-t-il, est de traduire en termes opérationnels pour un médecin quelque chose d'abstrait. » L'ANAES s'y emploie déjà, qui a organisé dans toute la France des réunions pédagogiques avec les CME ; elle devrait continuer à le faire au cours des mois qui viennent tout en comptant sur le relais des sociétés savantes.
La question de la connexion entre l'accréditation et l'allocation de ressources aux établissements se pose avec la nouvelle procédure comme elle s'était posée pour la première. C'est une interrogation pour nombre de professionnels et qui va dans plusieurs directions - « Nous coupera-t-on les vivres parce que nous sommes mauvais ? » (1), se demandent les uns, tandis que les autres imaginent au contraire que l'on donnera plus à ceux qui ont des efforts à faire. Alain Coulomb répond sans prendre de gants. « Notre souhait est de ne pas être déconnectés de l'allocation de moyens. Mais nous voyons bien que nous ne sommes ni légitimes ni compétents dans ce domaine. Cela dit, la situation est intenable. Et puisque nous donnons aux autorités responsables de la régulation économique les moyens de devenir intelligents, ils auraient bien tort de ne pas s'en servir. »
(1) Avec la V2, les barèmes de l'accréditation, renouvelée désormais tous les quatre ans au plus, vont changer. L'ANAES prononcera une accréditation simple, une accréditation avec suivi, une accréditation conditionnelle (suspensive) ou bien une non-accréditation.
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