Le Temps de la Médecine : Quand passent les dogmes

Accouchement : l'alternance des voies est devenue possible

Publié le 23/04/2003
Article réservé aux abonnés

« Oui, bien sûr, après une première césarienne, une femme peut accoucher par voie basse ! », s'exclame le Pr Christian Quéreux, chef de service de la maternité du CHU de Reims. La pratique de la césarienne itérative venait des obstétriciens nord-américains qui, les premiers, ont su faire machine arrière.

« Si la cause de la première césarienne n'est pas répétitive, par exemple une éclampsie, il faut donner à la femme ses chances d'accoucher naturellement aux cours des grossesses suivantes », poursuit-il. Depuis plus d'une dizaine d'années, la technique chirurgicale a évolué, ce qui explique ce revirement. Autrefois l'incision utérine était corporéale. Fragile, même au cours de la grossesse, elle était responsable de ruptures utérines dramatiques, avec mort fœtale, voire maternelle.
« Depuis plus d'une décennie, nous réalisons des incisions horizontales ou verticales, mais segmentaires, qui se montrent très solides, au cours de la grossesse. » Le risque de rupture est passé à environ 1 % et, dans ces rares cas, la situation est le plus souvent maîtrisée.

Le risque médico-légal

Selon le Pr Quéreux, 70 % des femmes devraient être « présentées à la voie basse ». Dans certains groupes, pourtant, cette chance n'est offerte qu'à une femme sur deux. Il faut reconnaître que la crainte médico-légale joue contre les parturientes. Nombre d'obstétriciens s'entourent d'examens complémentaires avant le nouvel accouchement. Une discrète anomalie dans l'un de ces examens peut suffire à les convaincre d'intervenir, par exemple une pelvimétrie aux chiffres légèrement inférieurs à la normale.
Quant à limiter le nombre de césariennes à trois, dogme ancien, il s'est également envolé en même temps que l'incision corporéale. La solidité habituelle de la cicatrice permet à la femme d'avoir autant de grossesses qu'elle le désire. « D'ailleurs nous ne proposons plus, comme autrefois, de section tubaire à la troisième grossesse. Ce serait même une erreur de le suggérer en s'appuyant sur ce chiffre. C'est la patiente qui décide du nombre d'enfants qu'elle souhaite avoir. »

Dr Guy BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7322