Mike Stern est un guitariste réconfortant. En ces temps où la logique économique prend parfois le pas sur la création, poussant certains musiciens à s'adapter aux modes, le leader, âgé de 51 ans, découvert par Miles Davis à l'aube des années 1980, signe avec « These Times » (Cream Records/JMS) son dernier opus, un CD fidèle à ses racines, le jazz-rock et fusion. Pour mener à bien cette entreprise électrique et binaire, Mike Stern a fait appel à une équipe de jazzmen - notamment Richard Bona (basse/chant), Kenny Garrett (saxophones) ou Dennis Chambers (batterie) - solides en matière de rythmes, de climats et de sonorités modernes. Bref, des riffs électrifiés et électrisants, admirablement servis par un authentique « guitar hero » inspiré.
Changement total de climat avec le jeune guitariste français Misja Fitzgerald-Michel. Son dernier disque autoproduit, « Expectations » (DMP), enregistré avec le bassiste Drew Gress, repose avant tout sur les échanges et la complicité qui peuvent exister entre deux virtuoses des cordes. Le duo est toujours un exercice difficile et périlleux qui requiert beaucoup d'attention et de connivence. Un piège dont se tire à merveille ce disciple de Pat Metheny et de Jim Hall grâce à sa technique irréprochable.
Philippe Petit, que l'on avait retrouvé dans un duo inédit avec Barney Wilen publié l'année dernière, fait l'objet de la réédition d'un album enregistré en 1979, rebaptisé « Ecoute » (Paris Jazz Corner/Harmonia Mundi), dans lequel il est entouré de Michel Graillier (piano), disparu en 2003, Dominique Lemerle (basse) et Aldo Romano (batterie). Une musique subtile, élégante, remarquable dans la qualité improvisatrice des participants, fondée sur les nuances et les couleurs. Avec, en prime, un leader accrocheur et impétueux.
La Norvège serait-elle la nouvelle terre promise du jazz en Europe ? A l'écoute du dernier disque du guitariste Jacob Young, âgé de 33 ans, « Evening Falls » (ECM/Universal), et après des découvertes récentes comme Bugge Wesseltoft ou Niels Peter Molvar, on pourrait vraiment le croire. Né en Norvège d'un père américain, Jacob Young (1) et son groupe actuel (sans piano), mais avec le vétéran de la scène norvégienne, le batteur Jon Christensen, 60 ans, sont ensemble depuis plus de deux ans. Deux années d'osmose, de recherches, d'explorations, qui débouchent sur un album raffiné, aux sonorités fluides et sensibles, fait de très beaux échanges entre les différents participants, survolés par le son cuivré de la trompette et celui boisé de la clarinette basse.
(1) Paris, Sunside (01.40.26.21.25), 12 mai, 21 h.
« Dieu » existe, il est guitariste !
Le rock a produit vraisemblablement deux des plus grands guitaristes au monde : Jimi Hendrix et Eric Clapton (1). Si le premier (1942-1970) fut une sorte d'extra-terrestre gaucher venu sur Terre délivrer un message musical apocalyptiquement déjanté et toujours unique, le second, âgé aujourd'hui de 59 ans, plus « roots » et blues dans son style, fut tour à tour surnommé « Slowhand » puis « God » (d'après un graffiti découvert à Londres en 1966).
Son amour indéfectible et sa fascination pour le blues authentique, Eric Clapton l'affirme une nouvelle fois avec « Me and Mr. Johnson » (Duck Records/Reprise/Warner), son dernier CD, dans lequel le guitariste-chanteur anglais, ex-leader des Cream, rend hommage au « Faust du Mississippi », Robert Johnson (1911-1938), puisqu'il reprend des titres composés par cette figure emblématique du Delta dans une version électrique à la fois d'une extrÊme fidélité et cependant pleine de nouveauté. Du blues à l'état pur, chanté et interprété avec conviction et dévotion.
Trop tôt disparu, James Marshall Hendrix n'avait enregistré de son vivant que trois albums. Depuis, les disques posthumes et pirates se sont succédé. La parution officielle du double CD, « Stockholm Concert » (Purple Haze Records/Socadisc), enregistré en direct dans la capitale suédoise en janvier 1969 avec l'Experience - Noël Redding (basse) et Mitch Mitchell (batterie) -, montre un guitariste-chanteur plus près des thèmes de sa musique et de son style - fortement inspiré par le blues - que de certaines élucubrations et folies, enfantées par des substances illicites. Du pur Hendrix, à consommer sans modération pour l'histoire !
(1) Paris, Bercy, 6 avril, 20 h.
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