Le moment historique a été l’accord lui-même, sans lequel le pire pouvait survenir, c’est-à-dire une rupture des circuits bancaires, financiers et monétaires. Mais il ne contient pas de surprise. Peu ou prou, les décisions qui ont été adoptées étaient celles que l’on attendait : renforcement du FSFE, le fonds de soutien européen, dont la capacité de garantie passera de 440 milliards à 1 000 milliards d’euros ; effacement de la moitié de la dette grecque, dont plus de cent milliards seront à la charge des banques qui ont prêté de l’argent à la Grèce. Les banques devront elles-mêmes se recapitaliser pour un montant de 106 milliards.
L’Allemagne a obtenu gain de cause sur plusieurs points : il n’est pas question que la Banque centrale européenne (BCE) achète des eurobonds et qu’elle fonctionne comme une planche à billets à l’instar de la Banque centrale américaine. Les banques privées sont contraintes d’effacer une partie des prêts consentis à l’État grec. L’Allemagne a imposé une limite de 1 000 milliards au montant des réserves du FSFE. Il avait été en effet question de porter ce montant à 2 000 milliards pour créer un impact psychologique et relancer vigoureusement les marchés.
Si Angela Merkel a fini par dicter ses conditions, c’est d’abord parce qu’elle n’a obtenu mercredi après-midi le soutien massif du Bundestag (l’Assemblée allemande) que pour les dispositions qu’elle a signées. C’est ensuite parce que, disposant d’abondantes réserves de change, elle ne voulait à aucun prix être considérée comme le prêteur de dernier recours.
Les réserves du FSFE seront augmentées par une contribution probable de la Chine et peut-être d’autres pays émergents, comme le Brésil. Cette orientation a été critiquée par un certain nombre de leaders européens qui estiment que l’Europe a les moyens de s’autofinancer. L’accord a cependant été salué par les marchés : jeudi avant midi, le CAC 40 augmentait de 3,5 %. Sur le plan politique, l’intransigeance allemande cache une prise de conscience historique : la zone euro a besoin d’un gouvernement économique.
Austérité de rigueur.
Ce qui n’a pas été fait : l’attribution à la BCE du droit d’acheter des eurobonds aurait éteint l’incendie durablement. Mais, outre le risque d’inflation, qui fait frémir d’horreur les Allemands, ce système aurait encouragé le laxisme, alors que l’Espagne, le Portugal et l’Italie sont observés à la loupe par les marchés et les agences de notation.
Nicolas Sarkozy remporte plusieurs succès : il éloigne le spectre d’une baisse de la notation de la France ; il protège ses concitoyens d’une catastrophe qui aurait pu englober toute l’Europe et il s’en flattera sans doute jeudi soir à la télévision ; avec le mur d’argent créé autour de l’Italie, il empêche, au moins pour les mois qui viennent, une contamination de la crise qui aurait fini par atteindre la France.
Non seulement l’accord ne donne aucun répit aux politiques nationales d’austérité, mais il en fait un impératif catégorique. Le gouvernement français s’apprêterait à créer un taux de TVA intermédiaire (entre 5,5 et 19,6 %) pour augmenter les recettes budgétaires qu’une croissance largement inférieure à celle qu’il a prévue pour 2012 (1,75 %) rendra insuffisantes. Le taux de chômage a encore augmenté en septembre et il augmentera encore en 2012, l’année des élections présidentielle et législatives.
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