Le syndrome CFDT ? Pour un certain nombre d'observateurs, les mouvements de contestation qui agitent la CSMF, depuis la signature de l'accord entre le président Chassang et l'assurance-maladie à la fin d'août, ne sont pas sans rappeler les problèmes rencontrés par la CFDT depuis qu'elle a approuvé la réforme des retraites du gouvernement.
Mais, si l'organisation de François Chérèque enregistre les départs de plusieurs de ses syndicats catégoriels, la CSMF est encore parvenue à limiter la casse : pour l'instant, seul un syndicat départemental adhérent à la confédération, celui de la Drôme, a officiellement annoncé la rupture, après la réunion de son assemblée générale le 26 octobre. Raison invoquée : l'accord concernant les spécialistes signé le 25 août entre le président de la confédération, le Dr Michel Chassang, et l'assurance-maladie. Pour les médecins drômois, il est inacceptable que la CSMF abandonne, « après une bataille longue et difficile pour mobiliser les médecins », toute éventualité d' « ouverture du secteur II » et la création « d'un espace de liberté tarifaire inscrit pourtant dans le projet confédéral depuis 1998 ». Ce départ qui n'est pas réellement une surprise (mais qui vient après celui de l'Union des chirurgiens de France), lorsque l'on connaît la mobilisation et la contestation forte des médecins de la Drôme depuis plusieurs mois et la présence des coordinations dans ce département. Le mouvement est pour l'instant isolé, mais il est révélateur de la mauvaise humeur des médecins après la signature de l'accord d'août.
Motion de défiance
Plus embarrassante encore pour les responsables de la CSMF est la motion de défiance que viennent de rendre publique les médecins confédérés de la région Nord - Pas de Calais, l'un des fiefs de la CSMF, avec l'Aquitaine et la Lorraine. A l'unanimité, moins une abstention, le conseil d'administration CSMF du Nord - Pas-de-Calais « rejette l'accord du 25 août et le mode de fonctionnement de la CSMF nationale ». En clair, il s'étonne que ce texte ait été négocié et signé « en catimini », sans aucune consultation de la base et demande donc que dorénavant, « avant toute prise de décision importante, les régions soient consultées ». Du côté de la direction nationale de la CSMF, on rappelle que l'accord a été approuvé par le conseil confédéral et avalisé par le comité directeur de l'Union nationale des médecins spécialistes CSMF (UMESPE) et qu'il n'a pas suscité de controverses ni de polémiques lors de l'université d'été de la confédération réunie à Ramatuelle.
Il est vrai, reconnaît toutefois le président de l'UMESPE, le Dr Jean-François Rey, « que les spécialistes n'ont pas été tous enthousiasmés par cet accord. Mais on sait les raisons politiques qui l'ont guidé, notamment dans le cadre des négociations pour la réforme de l'assurance-maladie ». Et le président de l'UMESPE, qui dit comprendre les préoccupations des médecins du Nord - Pas-de-Calais, conteste l'attitude des praticiens de la Drôme « qui se mettent eux-mêmes hors jeu.
« Il faut continuer à discuter, dit-il, et les médecins du Nord - Pas-de-Calais l'ont compris ». Sans doute, lui rétorque, en filigrane, le Dr Yves Dablemont, président CSMF de cette région, « mais encore faut-il que l'on réponde au niveau national à notre motion. Nous aviserons alors ».
Dans plusieurs autres régions, on sent aussi un certain malaise. En Alsace, notamment dans le Bas-Rhin, on fustige l'accord et le règlement conventionnel minimal qui a suivi. Mais, tient à préciser le Dr Pascal Charles, président de la CSMF du Bas-Rhin, « bien que faisant partie des contestataires », il n'est « pas question d'aller au clash pour autant avec le Dr Chassang ».
En Gironde, autre point fort de la CSMF, on reste aussi mesuré, même si, avoue le président régional, le Dr Jean-Pierre Bouscau-Faure, « cet accord n'est vraiment pas ma tasse de thé ». Mais il ne faudrait pas, « que ce type d'accord, et la manière dont il a été signé, se reproduise plus tard. Une fois, ca suffit », ajoute-il, tout en se déclarant partisan d'une assemblée générale confédérale extraordinaire pour débattre du texte et de ses conséquences.
« C'est vrai qu'il y a un réel malaise dans la profession, explique pour sa part, Bernard Muller, secrétaire général de la CSMF de Haute-Savoie, mais on est encore loin du clash ». Ce que confirme d'ailleurs le président de la région PACA, le Dr Jean-Claude Gourheux, qui regrette surtout que les responsables syndicaux soient « souvent informés par "le Quotidien du médecin" et non pas par leurs responsables nationaux des événements et des signatures d'accords ».
Le malaise persiste dans de nombreux départements et de nombreuse régions et s'il ne s'agit pas, pour beaucoup d'entre eux, de prendre des positions irrévocables en imitant la Drôme, le coup de semonce des médecins du Nord - Pas-de-Calais est quand même un sérieux avertissement pour les responsables de la CSMF au niveau national. Ils auraient tort de n'en pas tenir compte.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature