LA MALADIE grave altère les corps mais parfois aussi, plus encore, l'image qu'ont les patients d'eux-mêmes. Au point que cela peut obérer leur envie de guérir. C'est pourquoi, depuis 1986, l'association Cosmetic Executive Woman (CEW), composée de professionnels du secteur de la beauté, met son savoir-faire au service des hôpitaux en proposant gratuitement des soins esthétiques.
Le premier centre de beauté de ce type a été créé à l'institut Gustave-Roussy de Villejuif en 1992. Comme dans les autres centres créés depuis, les esthéticiennes ont été vite acceptées par les équipes soignantes. « Elles se sont merveilleusement intégrées et une complémentarité s'est installée entre elles et l'équipe de soins, à tel point que, fréquemment, maintenant, la demande vient du personnel soignant », raconte Danielle Soulignac, cadre supérieur de santé à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches.
Les centres de beauté CEW existent dans douze services médicaux, pour la plupart en cancérologie et traumatologie. Mais on trouve aussi des centres en dermatologie (hôpital Saint-Louis, AP-HP), en gérontologie (hôpital Sainte-Périne dans le 15e arrondissement de Paris) et à la Maison de Solenn, qui dépend de Cochin. Pour l'instant, un seul a vu le jour en province, à l'institut Paoli-Calmettes de Marseille.
C'est souvent dans ces grands centres hospitaliers que les patients ressentent une impression plus profonde de dépersonnalisation. « Quand on est hospitalisé, on peut avoir l'impression que son individualité est masquée et abîmée », souligne le Pr Louis Dubretret, chef de service de dermatologie à l'hôpital Saint-Louis, qui soutient de longue date l'association CEW. L'irruption dans les services d'un autre type de professionnel qui n'a rien à voir avec le monde médical permet au patient de s'exprimer différemment. « Certaines femmes, notamment dans le cas de cancer du sein avec ablation, se trouvent dans un état d'inhibition totale vis-à-vis de leur corps, elles ne veulent plus que quelqu'un les touche. Avec les soins esthétiques, on parvient à renarcisser la relation », explique Nicole Dattee, psychologue à l'unité d'oncopsychiatrie de l'IGR. S'occuper de son image est en effet le propre de l'homme au même titre que la parole. « C'est quand j'ai pu à nouveau me regarder dans un miroir que j'ai retrouvé la force de guérir », témoigne Andrée.
Comme elle, en 2004, 10 300 patients ont été visités. Mais ces soins esthétiques prodigués par des professionnelles coûtent relativement cher et ne peuvent pas être pris en charge par les hôpitaux. La présence d'une esthéticienne pendant un an à raison d'une journée par semaine dans un hôpital revient à 10 700 euros. Outre les dons des anciens patients ou de leurs familles, le CEW est financé par un grand gala de charité qui a lieu tous les deux ans.
Gala de charité
Pour recueillir des fonds, l'association CEW organise une grande soirée de gala le 14 novembre prochain à la Grande Arche de la Défense qui sera métamorphosée pour l'occasion en un immense jardin.
Renseignements : Les centres de beauté de Cosmetic Executive Women France, 120, avenue Charles-de-Gaulle, 92522 Neuilly-sur-Seine Cedex. Contact Marie-Agnès Mariaux 01.72.92.06.39, www.cew.asso.fr.
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