Sept syndicats de professionnels de santé libéraux, dont les syndicats médicaux MG-France (généralistes) et UCCSF (chirurgiens), viennent de signer une déclaration commune encadrant « leur engagement dans une politique contractuelle de qualité, fondée sur la promotion de référentiels médicaux » (« le Quotidien » du 30 juin).
MG-France, l'Union collégiale des chirurgiens et spécialistes français, la Fédération des syndicats pharmaceutiques, le Syndicat des biologistes, la Chambre nationale des services d'ambulance, l'Union des jeunes chirurgiens dentistes et la Fédération française des kinésithérapeutes, souhaitent que la politique de la qualité des soins, impulsée à travers les accords de bon usage des soins (AcBUS) actuellement en préparation à la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), soit étendue à l'ensemble du système de santé, hôpital inclus, et qu'elle bénéficie d'un « accompagnement fort » à travers des campagnes d'information des usagers et et les dispositifs de formation initiale et continue. Enfin, au nom du principe de « responsabilité partagée », ces sept organisations syndicales réclament l'installation « sans délai » d'un « Comité d'orientation et de suivi des accords », au moment même où la CNAM discute avec MG-France (1) le contenu d'AcBUS sur la médicalisation de la prescription des transports sanitaires, sur l'usage de référentiels de prescription pour certains actes de biologie et sur la réduction du risque iatrogène dans la poly-prescription des personnes âgées.
" Scandaleux ", dit la CSMF
Fait notable : le Dr Jacques Reignault, qui cumule les casquettes de président du Centre national des professions de santé (CNPS) et de président de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), n'a pas paraphé cette déclaration commune. Privilégiant son « rôle fédérateur » de président du CNPS, le Dr Reignault explique qu'il « ne souhaite pas (s') en mêler, même s'(il) n'a pas d'opposition majeure sur le fond ». Alors même qu'il vient d'être réélu à l'unanimité pour un an à la tête du CNPS (voir encadré), ce qui traduit « l'adhésion des professionnels de santé à une politique générale malgré les difficultés rencontrées par l'ACIP » (2), il se refuse à « entretenir des divisions ».
De son côté, le Dr Michel Chassang, qui préside la CSMF, première organisation de médecins libéraux, trouve carrément « scandaleuse » la position prise par MG-France avec six autres syndicats. Le Dr Chassang dénonce l'attitude contradictoire de MG-France, « syndicat de caisses » qui « proclame l'unité des professionnels et, en même temps, fait tout pour la torpiller » chez les médecins.
Le président de l'UCCSF, le Dr Jean-Gabriel Brun, « préfère suivre le Dr Costes [président de MG-France, NDLR] plutôt que le Dr Chassang », d'autant que les chirurgiens qu'il représente « n'ont rien à craindre de la transparence et de l'évaluation de la qualité de leurs actes ». « On est arrivé à une phase où il y a ceux qui bloquent pour de bonnes raisons et ceux qui veulent avancer, on ne peut plus continuer comme ça », tranche le Dr Brun.
Au Syndicat des médecins libéraux (SML), le Dr Dinorino Cabrera fait un diagnostic similaire mais ne préconise pas le même remède : « Depuis le début, il y a deux clans au sein du CNPS. Ceux qui étaient favorables à l'ACIP et les autres... Ceux qui font du suivisme total vis-à-vis de la CNAM et ceux qui veulent d'abord savoir le pourquoi et le comment avant d'engager la profession, en clair examiner la logique des réformes proposées pour optimiser les dépenses. Avant de faire bloc, il faut confronter les idées. »
Jean Benoît, président du Syndicat des biologistes (SDB), regrette que la démarche concertée en faveur de la qualité des soins ne puisse se faire aujourd'hui au sein du CNPS, pour cause de « blocage politique ». « On veut faire comprendre aux caisses que notre démarche est irréversible et qu'on veut maintenant mettre en pratique l'interprofessionnalité », précise Jean Benoît. « Tout le monde n'est pas là avec nous », regrette le président du SDB, mais il reste convaincu que la déclaration commune « renforce la position des professionnels de santé face aux caisses ».
Aux yeux de Jean-Paul David, qui dirige la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR), peu importe si la déclaration qu'il a co-signée lui aussi ne fait pas l'unanimité chez les professionnels de santé libéraux : « Il faut lui donner une importance de fond et non de forme, car il faut aller vite dans les propositions » faites aux caisses et au gouvernement.
Bernard Capdeville, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) se défend de jouer les « diviseurs de la profession médicale » en apposant sa signature à côté de celle de MG-France. « C'est quand même mieux quand tout le monde est autour de la table », explique-t-il. Son organisation souhaite simplement « avancer sur le médicament car il est important que les professionnels impliqués soient présents [dans la négociation des AcBUS, NDLR] pour s'assurer de la faisabilité des textes et de la coordination des acteurs ».
(1) Les autres centrales syndicales de médecins libéraux ont en effet cessé tout contact avec l'assurance-maladie depuis la rupture des négociations conventionnelles le 16 avril dernier.
(2) L'accord-cadre interprofessionnel (ACIP), négocié avec l'assurance-maladie par le CNPS mais non validé par ses instances.
Jacques Reignault réélu président du CNPS à l'unanimité
Le conseil d'administration du Centre national des professions de santé (CNPS), qui regroupe 24 organisations syndicales, a procédé au renouvellement de son bureau.
Le Dr Jacques Reignault, chirurgien-dentiste, responsable de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), a été réélu comme président à l'unanimité.
Parmi les cinq vice-présidents, on note la présence de deux médecins, le Dr Michel Chassang, président de la CSMF, et le Dr Pierre Costes, président de MG-France. Le Dr William Joubert, responsable du SML, a été désigné comme secrétaire général adjoint de cette organisation.
Crise de la chirurgie : l'UCCSF écrit à Mattei
Dans une lettre ouverte au ministre de la Santé, le Dr Jean-Gabriel Brun, président de l'Union collégiale des chirurgiens et spécialistes français (UCCSF, branche du syndicat Alliance), revient longuement sur la « crise de la chirurgie française », diagnostiquée depuis six mois dans le rapport du Pr Jacques Domergue. « Il est révolu, le temps où un chirurgien libéral opérait, dans le confort et la sécurité, pour une intervention classique (une prothèse de hanche, par exemple) avec deux aides et une instrumentiste », lit-on notamment dans ce courrier, qui souligne la « désaffection dramatique » que connaît la spécialité. « Oui, Monsieur le ministre, vous donnez l'impression d'avoir pour l'hôpital les yeux de Chimène alors que, parallèlement, vous semblez méconnaître la chirurgie libérale », ajoute le Dr Brun. Valorisation substantielle des lettres clés chirurgicales ou mise en place d'un espace de liberté tarifaire, création de passerelles entre le public et le privé, solution pérenne pour éviter la dérive des primes d'assurance en RCP : autant de demandes, déjà maintes fois formulées, qui sont reprises dans cette lettre ouverte. Le courrier rappelle enfin la création de « Chirurgiens de France » (« le Quotidien » du 30 juin), organisation qui aspire à fédérer l'ensemble des syndicats et composantes de la chirurgie française, et qui est patronnée par le Pr Henri Guidicelli.
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