L’Etude prospective de Paris

Abaisser son rythme cardiaque pour vivre plus longtemps

Publié le 07/12/2006
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Des travaux avaient déjà montré un lien entre une fréquence cardiaque de repos élevée et un risque de mortalité augmenté. Ces résultats de l’Etude prospective de Paris, présentés par le Dr Xavier Jouven (hôpital européen Georges-Pompidou), suggèrent que l’évolution du pouls au repos influence le risque de mortalité.

L’ETUDE PROSPECTIVE de Paris a porté sur 4 320 patients, âgés de 42 à 53 ans, inclus entre 1967 et 1972, et suivis pendant vingt ans. La fréquence cardiaque a été mesurée à l’inclusion et tous les ans pendant cinq ans (prise du pouls radial pendant une minute, en position debout, après 5 minutes de repos). De plus, les bilans annuels comportaient la réponse à un questionnaire, un examen clinique et un bilan biologique standard. Si bien que l’analyse du rôle du rythme cardiaque a pu être faite en prenant en compte plusieurs facteurs confondants (âge, tabagisme, activité physique, indice de masse corporelle, pression artérielle, glycémie et cholestérol total).

Les sujets ont été divisés en neuf groupes, en fonction des valeurs initiales de la fréquence cardiaque (< 61 battements/min, de 61 à 75 battements/min, plus de 75 battements/min) et de l’évolution de cette fréquence cardiaque à cinq ans (diminution de plus de 7 battements/min, stabilité relative, augmentation de plus de 7 battements/min.).

Pendant les vingt années de suivi, on a recensé 1 018 décès. On constate que, si la fréquence cardiaque à l’inclusion influence le risque létal, son évolution est tout aussi déterminante, du moins chez les patients dont la fréquence cardiaque était initialement supérieure à 61 par minute. Si l’on considère les patients dont la FC a baissé, le rapport des cotes est 1,15 (0,91-1,45) pour les fréquences cardiaques initiales intermédiaires et de 1,24 (0,99-1,54) pour les fréquences cardiaques initiales supérieures à 75 battements/min. En revanche, quand la fréquence cardiaque a augmenté de 7 battements/min ou plus, les rapports des cotes sont, respectivement, de 1,55 (1,26-1,91) et de 3,27 (2,4-4,34).

Faire de l’exercice.

Globalement, chez les hommes dont la fréquence cardiaque a diminué de plus de 7 battements/min, le risque de mortalité est abaissé de 18 % par rapport à ceux dont la fréquence cardiaque est restée stable. En revanche, ce risque est augmenté de 47 % chez les hommes dont la FC a augmenté de 7 battements/min au moins.

Pour Xavier Jouven, « même si on ne sait pas précisément pourquoi, le pouls fluctue au cours du temps, on sait que c’est la pratique régulière d’un exercice physique qui représente le moyen le plus sûr d’abaisser la fréquence cardiaque de repos. L’arrêt du tabac et un régime alimentaire en cas de surcharge pondérale ont également des effets favorables sur la fréquence cardiaque ».

« En tout état de cause, conclut Xavier Jouven, le rôle de la fréquence cardiaque au repos a été sous-estimé jusqu’à présent, alors qu’une élévation progressive de la fréquence cardiaque au repos devrait alerter le médecin. » Des études complémentaires sont souhaitables pour préciser la signification de ce paramètre et de son évolution chez la femme et dans le cadre de la prévention secondaire par intervention pharmacologique.

Une courbe en J aussi

La mortalité hospitalière des patients présentant un syndrome coronarien aigu (sans élévation de ST) décrit une courbe en J en fonction des valeurs des pressions systolique et diastolique. S. Bangalore et coll. (Durham, Caroline du Nord) viennent de montrer qu’il en va de même pour la fréquence cardiaque, en analysant les données de l’enquête CRUSADE portant sur près de 140 000 patients. Le risque de mortalité est minimal, à 61 battements par minute, alors que le rapport des cotes (après ajustement) atteint 1,5 en dessous de 50 battements par minute et dépasse 2 au-delà de 110 battements par minute (2,5 entre 120 et 130 battements). Parallèlement, cette étude ne confirme pas l’existence de la courbe en J pour la pression artérielle systolique (PAS) dans cette population : rapport des cotes de 3,23 (2,6-4,01), pour les PAS comprises entre 70 et 79 mmHg, et de 0,46 (0,39-0,55), pour les PAS comprises entre 170 et 179 mmHg (p < 0,001). Autrement dit, dans le suivi des syndromes coronariens aigus, la courbe en J ne semble pas s’appliquer à la pression artérielle, mais au rythme cardiaque.

&gt; Dr ALAIN MARIÉ Dr A. M.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8068