Selon le conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), 925 praticiens ont signalé avoir été victimes d’une agression en 2013 dont 75 % exercent en cabinet de ville. Il s’agit d’un record depuis la création en 2003 de l’« Observatoire de la sécurité des médecins » qui compile chaque année les incidents déclarés. Leur nombre a largement augmenté ces deux dernières années (798 en 2012 et 822 en 2011). Il faut remonter à 2010, avec 920 agressions signalées, pour retrouver de tels niveaux.
Le Nord, la Seine-St-Denis et Paris en tête en nombre d’agressions
L’an dernier, le Nord a été le théâtre de 48 événements (45 en 2012), la Seine-Saint-Denis de 45 (46 en 2012) et Paris de 40 (41 en 2012). À l’autre bout du palmarès, on trouve, le Loir-et-Cher, le Lot-et-Garonne, le Morbihan, l’Orne et les Pyrénées-Atlantiques où aucun incident n’a été signalé en 2013.
Mais si l’on rapporte le nombre d’incidents à la population médicale, le palmarès est tout autre. La Loire et le Cher arrivent en tête avec 1,6 % de leurs praticiens ayant été victimes d’une agression, suivis par la Savoie, la Meuse et le Val-d’Oise (1,3 %), et la Seine-Saint-Denis (1,2 %). Le Nord obtient un score de 0,6 %, et Paris est loin derrière avec 0,3 %.
De manière générale, ces agressions ont le plus souvent lieu en centre-ville (58 %). Viennent ensuite la banlieue (23 %), puis le milieu rural (14 %).
La victime type : un généraliste de sexe masculin
58 % des victimes sont des généralistes (56 % en 2012). Chez les spécialistes, les plus touchés sont les ophtalmos (7 % en 2013, 6 % en 2012), les psychiatres (4 % en 2013, 5 % en 2012), et les gynécologues obstétriciens (3 % en 2013, 4 % en 2012). Les dermatologues, les médecins du travail, et les pédiatres prennent la suite du classement. Les médecins qui ont déclaré un incident sont à 55 % des hommes, mais ils représentaient 57 % de la population médicale.
Profil des victimes (source : CNOM)
L’agresseur n’est pas toujours le patient
Le patient n’est l’agresseur que dans 53 % des cas. Dans 16 %, c’est un accompagnant qui est à l’origine de l’agression. Pour le reste, il peut s’agir d’un membre de la famille d’un patient, d’un collègue ou collaborateur, voire même (mais c’est rare), d’un membre de la direction d’un centre hospitalier.
L’agression se fait sans arme dans 97 % des cas. Quand une arme est utilisée, il s’agit le plus souvent d’un couteau ou d’une arme à feu, d’une canne, d’une pierre, d’une barre de fer, voire d’une hache.
L’agression n’est que verbale dans 69 % des cas, ou a pour but un vol (21 %). Le praticien a été agressé physiquement (mais sans arme) dans 11 % des cas. Parfois, plusieurs cas s’additionnent.
Quand il y a vol, les sacs à main, portefeuilles et ordonnanciers sont les plus visés (4 %). Viennent ensuite les tampons professionnels (3 %), l’argent ou le véhicule (2 %), le téléphone ou un appareil médical (1 %), voire la plaque professionnelle.
Des motifs d’agression variés
Dans 33 % des cas, l’agression fait suite à un reproche au sujet de la prise en charge du patient. Elle peut aussi venir d’un refus de prescription (16 %), ou d’un temps d’attente jugé excessif (11 %). Le refus de payer une consultation, un état de manque ou un délai de rendez-vous trop lointain déclenchent aussi parfois l’agression. Dans 8 % des cas, l’incident a entraîné une interruption de travail du praticien, le plus souvent inférieure à huit jours.
Motif de l'incident (source : CNOM)
Peu de dépôts de plainte
Seuls 31 % des médecins agressés portent plainte après l’incident, et 14 % déposent une main courante. Le pourcentage de dépôt de plainte baisse d’ailleurs d’année en année. En 2006, 39 % des praticiens agressés y recouraient, un taux qui passe à 37 % en 2007, 35 % en 2009 et 34 % en 2011. Sans doute faut-il y voir le signe d’une banalisation de ces agressions.
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