Les conditions de la vie moderne privilégiant la consommation de boissons sucrées et de la cuisine dite rapide, riche en graisses, et la sédentarité, favorisant la prise de poids, d'une part, le vieillissement des populations, d'autre part, expliquent que l'incidence et la prévalence du diabète de type 2 augmentent rapidement dans le monde entier et en France. Le diabète de type 2 touche actuellement environ 3 millions de personnes dans notre pays, dont environ 800 000 sont des diabétiques méconnus, non traités.
Compte tenu de notre système de santé, il est regrettable et peu admissible que, chez un tiers des malades, le diagnostic de diabète de type 2 soit fait tardivement à l'occasion d'une complication. Il est admis qu'un délai de plusieurs années peut séparer la date de survenue de la date de découverte du diabète de type 2 !
Une baisse de l'acuité visuelle en rapport avec une rétinopathie diabétique ou une cataracte métabolique prématurée, une localisation majeure de la maladie vasculaire sont des circonstances non exceptionnelles de la découverte d'un diabète de type 2. Les diabétiques de type 2 méconnus, en l'absence de traitement, sont à haut risque de développer des complications liées à une hyperglycémie chronique.
Glycémie après huit à douze heures de jeûne
Les raisons d'une telle situation sont nombreuses et variées, mais dans la majorité des cas, il est possible d'améliorer le diagnostic du diabète de type 2. Le diagnostic est très facile à la condition de penser à faire réaliser, et d'obtenir que soit réalisé, un dosage de la glycémie après huit à douze heures de jeûne, dans un laboratoire d'analyses.
- Une glycémie à jeun supérieure à 1,26 g/l (7 mmol/l) permet d'affirmer le diagnostic de diabète. Pour les valeurs limites, le diagnostic doit être confirmé par un deuxième dosage à intervalle rapproché.
- Le diagnostic de diabète de type 2 doit être évoqué systématiquement chez des sujets ayant dépassé l'âge de quarante ans et qui souffrent d'infections cutanées à répétition ou de mycoses génitales - balanite chez l'homme, vaginite chez la femme -, traînantes et rebelles aux traitements locaux tant que persiste la glycosurie.
- Certains symptômes de l'hyperglycémie sont plus banals et fréquemment non rattachés au diabète : une asthénie, une fatigabilité excessive sont attribués à l'âge, aux conditions de travail, au milieu urbain. Après l'âge de 50 ans, en cas de levers nocturnes pour uriner, on pense plus volontiers à la prostate chez l'homme et à la ménopause chez la femme.
Ces symptômes ne seront réellement rattachés au diabète que, lorsque toutes choses étant égales par ailleurs, ils auront disparu après la correction de l'hyperglycémie.
Les sujets à haut risque
Mais un sujet peut avoir une glycémie à jeun à 1,50 g/l et réellement ne présenter aucun symptôme anormal. Il faut donc réaliser périodiquement, systématiquement, un dosage de la glycémie chez tous les sujets à haut risque d'être diabétiques. De nombreuses études ont démontré qu'ils se recrutent essentiellement chez les sujets ayant dépassé l'âge de 40 ans, en surpoids et ayant dans leurs proches, père ou mère, frère ou sœur, un ou plusieurs cas de diabète de type 2. Chez ces sujets ayant des antécédents familiaux diabétiques, une glycémie à jeun normale n'indique pas, contrairement à ce que nombre d'entre eux pensent, qu'ils seront indemnes à vie de la maladie ; au contraire, l'examen devra être répété tous les deux ans. Un tel dépistage ciblé est performant.
Les diabétiques méconnus : une population hétérogène
Les diabétiques de type 2 méconnus, non traités, forment une population hétérogène.
- Certains ne consultent pas, ne bénéficient pas d'examens systématiques en médecine du travail, parce qu'ils sont âgés ou appartiennent à une catégorie sociale défavorisée, populations dans lesquelles l'incidence du diabète augmente le plus rapidement.
- Certains qui se doutent qu'ils sont diabétiques, ne font pas réaliser l'examen conseillé par le médecin, car ils préfèrent ne pas savoir, compte tenu des conséquences sociales, professionnelles, familiales, d'une affection qui jouit, dans la population générale, d'une image de marque mauvaise et injustifiée, en raison également des contraintes qu'ils redoutent de se voir imposer.
- D'autres, enfin, ont déjà été, quelques années auparavant, reconnus comme diabétiques, mais ils n'ont pas compris ou n'ont pas voulu entendre un diagnostic parfois présenté de façon lénifiante sous la forme : « Vous avez un peu de diabète », « Vous avez un petit diabète », « Vous avez un peu trop de sucre dans le sang ». Faussement rassurés, ils n'ont rien fait, ou après quelques jours ou semaines de régime, ils ont abandonné le nécessaire suivi médical régulier.
Lors de sa découverte, le diabète de type 2 impose, en effet, malheureusement, un diagnostic clairement annoncé : « Vous êtes diabétique », et un traitement permanent à vie.
Dans l'état actuel de la connaissance médicale, c'est le seul moyen pour éviter que le malade soit, quelques années plus tard, aveugle, amputé, dialysé ou prématurément décédé.
Si l'ont veut espérer réduire les dramatiques conséquences humaines et financières du diabète de type 2, il est urgent et indispensable que tous les acteurs du système de santé unissent leurs efforts pour améliorer les conditions du diagnostic de cette maladie, dans notre pays.
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