E N prélude à la Journée nationale de l'audition, qui aura lieu le 16 mai, organisée avec le concours du groupe de retraite et de prévoyance AG2R, une enquête a été réalisée par IPSOS auprès d'un échantillon de 2 010 personnes de 15 ans et plus. Ce « Baromètre de l'audition », élaboré à partir d'un questionnaire portant sur 36 points, montre que la prévalence de la « malentendance », définie par les difficultés des individus à suivre ou à participer à des conversations systématiquement ou très souvent, s'élève en France à 7 %. Et les problèmes d'audition ne concernent pas que les personnes âgées : la malentendance touche 17 % des 70 ans et plus et 7 % des 60-69 ans, mais aussi 4 % des 15-19 ans, 2 % des 20-24 ans, 5 % des 25-34 ans, 7 % des 35-44 ans, 5 % des 45-59 ans. Dans cette population malentendante, un quart n'a jamais subi de contrôle auditif et seulement 22 % sont dotés d'un appareillage.
Non moins inquiétant : 31 % de la population des 15 ans et plus déclarent avoir assez souvent des difficultés à suivre ou à participer à des conversations. Dans ce pourcentage élevé, seulement 7 % sont réellement malentendants, les autres n'ont que des difficultés occasionnelles.
La nécessité de contrôles
Dans la population générale, 40 % des Français n'ont jamais fait l'objet d'un seul contrôle. Dans les 60 % restants, le contrôle a été effectué par un ORL (46 % des cas), par la médecine du travail (37 %) ou par le généraliste (13 %). Le contrôle de l'audition n'apparaît pas très régulier. Une baisse de la capacité auditive a été diagnostiquée pour 15 % des personnes lors de ce contrôle et le port d'un appareillage a été conseillé à 4 % des individus. Mais 34 % des personnes chez lesquelles une baisse auditive a été détectée n'ont reçu aucun conseil particulier à la suite du contrôle. Si faible que soit la baisse, on considère qu'elle devrait au moins susciter un conseil de renouvellement de contrôle. Autre aspect préoccupant, l'information du corps médical, considérée comme insuffisante, quand on constate que 44 % des plus de 70 ans ne font l'objet d'aucun contrôle auditif, alors même qu'ils font partie d'une population très suivie médicalement.
Les prémices de la malentendance apparaissent beaucoup plus tôt qu'on ne le croit ; c'est d'autant plus inquiétant que les jeunes de 15-19 ans et 20-24 ans sont ceux qui cumulent le plus de facteurs de risque. 87 % d'entre eux utilisent des baladeurs ou fréquentent des discothèques, les baladeurs ayant les faveurs des 15-19 ans (77 %) et les discothèques celles des 20-24 ans (74 %). En outre, il apparaît que les baladeurs ne sont plus l'apanage de la jeunesse, puisque le phénomène tend à s'étendre aux tranches d'âge plus élevées (61 % des 25-34 ans, 42 % des 35-44 ans et 21 % des 45-59 ans).
Le problème de l'audition apparaît « comme un problème vécu dans l'incompréhension réciproque ». La malentendance est perçue comme une réalité proche par une large majorité de la population. Mais 80 % des personnes interrogées pensent que les malentendants prennent mal en charge leur problème d'audition : principalement pour des raisons économiques (49 %), les prothèses auditives étant chères et peu remboursées par la Sécurité sociale ; 43 % pour des raisons psychologiques (refus de se sentir handicapé, par fatalisme et pour des raisons esthétiques). Ce dernier point est paradoxal, car personne n'est choqué par la vision des baladeurs... Quant aux malentendants, 76 % pensent que leur entourage ne prend pas en compte leur handicap et l'image des solutions techniques à leur handicap n'est pas très bonne (32 % d'avis négatif).
Une journée pour informer
Bien des progrès restent donc à accomplir face aux problèmes de l'audition en France. La Journée nationale de l'audition, le 16 mai, sera l'occasion d'informer le public sur les risques des troubles de l'audition et de favoriser la prévention et le dépistage systématique. De nombreuses manifestations sont prévues dans l'Hexagone, dont le programme complet peut être consulté grâce à un Numéro Vert gratuit (0800.232.600), ou par Internet ( www.audition-infos.org). Par ailleurs, le réseau d'accès aux soins RESO, composé d'une équipe de médecins bénévoles, se tient à la disposition des personnes démunies pour les écouter, les orienter vers des consultations gratuites.
Rappelons que le « Quotidien du Médecin », partenaire de cette journée, a participé à la sensibilisation des médecins généralistes et de leurs patients sur les problèmes de l'audition, en diffusant 20 000 affiches destinées aux salles d'attente.
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