« PREVENTION, dépistage et accès aux soins restent les maîtres mots », affirment Caroline Semaille-Safar et André Cabié, en préambule du « BEH » (n° 46-47) consacré à l'épidémie de sida : bilan au 31 décembre 2004 et tendances récentes, notamment dans les départements français d'Amérique.
Les données des deux années de surveillance de la déclaration obligatoire de séropositivité (instituée en mars 2003) révèlent une sous-déclaration « malheureusement encore trop élevée », regrettent les auteurs de l'éditorial. La comparaison avec le nombre de sérologies confirmées positives en 2004 (LaboVIH), permet d'estimer à seulement 61 % l'exhaustivité de la déclaration. Ce qui oblige à faire une correction des données : 2 891 cas de séropositivité ont été notifiés mais, compte tenu de la sous-déclaration et du délai des déclarations (4 300 cas attendus), on peut estimer à 7 000 le nombre de personnes qui ont découvert leur séropositivité en 2004 (contre 6 000 en 2003).
Nombre de cas de sida en diminution.
Parmi les découvertes de séropositivité en 2003-2004, 58 % sont des hommes, essentiellement de nationalité française. Un tiers sont d'origine subsaharienne, dont la majorité sont des femmes. On compte 44 découvertes de séropositivité chez des enfants, dont vingt sont nés en Afrique subsaharienne et quinze en France (le pays de naissance n'est pas renseigné pour neuf d'entre eux).
Parmi tous ceux qui ont découvert leur séropositivité en 2003-2004, 13 % ont été diagnostiqués tardivement au stade sida. Néanmoins, le nombre de nouveaux cas de sida en 2003 et 2004 est en diminution plus marquée qu'entre 1998 et 2002 : environ 1 200 cas en 2004. La baisse concerne essentiellement les hommes : de 1 500 en 1998, elle a chuté de 5 % par an et plus encore lors de la dernière période pour atteindre environ 800 cas en 2004 ; chez les femmes, le nombre de cas reste stable aux environs de 400 à 450 par an. Cependant, les auteurs n'excluent pas une sous-notification des cas de sida par les médecins, en particulier lors d'une découverte concomitante de séropositivité.
Presque la moitié (47 %) des personnes pour lesquelles un diagnostic de sida a été posé en 2003-2004 ignoraient leur séropositivité au moment du diagnostic, 26 % la connaissaient mais n'avaient pas bénéficié d'un traitement antirétroviral pré-sida.
Le principal mode de contamination retrouvé reste le rapport hétérosexuel, que ce soit parmi les découvertes de séropositivité (56 %) ou parmi les cas de sida (52 %). Sont surtout concernés les originaires d'Afrique subsaharienne, qui représentent la moitié des découvertes de séropositivité et 43 % des cas de sida chez les hétérosexuels. Cependant, une étude sur la participation des migrants africains au dépistage anonyme du VIH en 2004 tend à montrer « une fréquentation plus importante de cette population dans les Cdag, aussi bien des femmes que des hommes, et pour les deux tiers moins de cinq ans après leur arrivée en France ».
La transmission du VIH se poursuit chez les homosexuels, qui représentent 39 % des découvertes de séropositivité chez les hommes. La part de découverte de séropositivité chez les homosexuels a progressivement augmenté du premier semestre 2003 au dernier semestre 2004, de 19 à 27 %. « Malgré les campagnes de prévention, les homosexuels continuent de prendre des risques », notent les auteurs de l'éditorial. L'enquête Anrs-presse gay 2004 sur les rencontres par Internet confirme l'émergence de ce type de lieu de rencontre chez les plus jeunes, avec un type de pratique plus à risques (multipartenariat, rapports non protégés), même s'ils ont plus fortement recours au test de dépistage du VIH et des IST (infections sexuellement transmissibles).
Activité de dépistage élevée.
L'activité de dépistage se maintient à un niveau élevé en France : 4,9 millions de sérologies en 2004, chiffre qui augmente régulièrement de 4 % depuis 2001. L'Ile-de-France et les départements français d'Amérique (8 % des nouveaux cas VIH+) restent les régions les plus touchées. L'activité de dépistage y est plus élevée, de même que la proportion de sérologies positives.
Trois articles du « BEH » donnent un éclairage spécifique de l'épidémie dans les départements français d'Amérique. Leur position particulière dans la région caraïbe en font un pôle d'attraction pour leurs voisins, même s'ils sont moins développés et disposent de moins de moyens que la France hexagonale. La Guyane et Saint-Martin, surtout, sont particulièrement confrontés aux problèmes des migrations. Par ailleurs, des obstacles à une prise en charge optimale des patients existent : délais de mise à disposition des nouveaux antirétroviraux favorisés par l'éloignement, difficultés à réaliser parfois des examens de suivi du VIH, impossibilité de participer à des essais cliniques de phase II/III.
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