Le marché pharmaceutique hospitalier échappe au marasme selon les données publiées par l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM). En 2013, il a encore progressé de 1,8 %, alors que les ventes dans les officines ont fléchi de 2,4 %. Au total, les ventes de médicaments tout secteur confondu ont reculé pour la seconde année consécutive de -1,4 %. Et ont atteint un montant total de ventes de 26,8 milliards d’euros. Ce différentiel entre la ville et l’hôpital s’observe régulièrement. Depuis une décennie, le taux de croissance est deux fois supérieur à l’hôpital à celui observé en ville. Cette dynamique propre à l’hôpital s’explique par le changement de modèle économique qu’a opéré l’industrie pharmaceutique au cours des dernières années. Les médicaments de niche, innovants et réservés à des populations de patients limités, se sont substitués aux produits de large diffusion.
Biothérapies, le vent en poupe
Autre phénomène, les biothérapies dotées d’un prix élevé ne cessent de gagner des parts de marché. En 2013, selon l’ANSM, ces médicaments pèsent pour plus du tiers du marché hospitalier avec des ventes dépassant 2,2 milliards d’euros. Enfin, la dynamique du marché hospitalier serait encore plus forte si elle n’était pas contenue par les levées opérées au fil de l’eau au sein de la réserve hospitalière. Ce qui se traduit par des ventes réalisées par les officines, alors que ces produits étaient auparavant seulement disponibles à l’hôpital.
Le rapport de l’ANSM cite l’exemple de deux antirétroviraux, Incivo® et Victrelis®, et deux antinéoplasiques, Zelboraf® et Zytiga® dont le marché s’est déplacé de l’hôpital vers la ville en 2013 pour un montant de 170 millions d’euros, soient 3 % du chiffre d’affaires global du marché du médicaments à l’hôpital.
Ce transfert d’activité ne doit donc pas masquer l’envol de la liste en sus avec une croissance en 2013 de 6,4 %. Or ces médicaments onéreux représentent 50 % des ventes de médicaments à l’hôpital. Le palmarès 2013 des médicaments les plus vendus à l’hôpital illustre ces tendances avec dans le top 5 quatre antinéoplasiques et un immunosuppresseur. Si l’on étudie ensuite la liste des 25 médicaments les plus vendus, dix d’entre eux relèvent de la catégorie des biothérapies. Le phénomène déjà observé de la concentration s’observe une nouvelle fois. Les trente substances les plus vendues représentent 56 % du chiffre d’affaires cumulé des substances commercialisées à l’hôpital.
Croissance de 15 % des médicaments orphelins
Quant aux médicaments orphelins, leur croissance est soutenue avec une progression de 15 % par rapport aux ventes réalisées en 2012. Loin d’être négligeable, leur chiffre d’affaires s’élève à 650 millions d’euros, soient 10 % du marché hospitalier. Faut-il le comparer à celui des génériques qui atteint péniblement 140 millions d’euros ?
Il faudra attendre 2015 avec l’arrivée programmée des biosimilaires pour modifier ces tendances de fond. Au final, l’innovation qui se concentre sur le marché hospitalier paie.
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