Qu'ils soient disponibles sur ordonnance, en vente libre ou au rayon des compléments alimentaires comme la mélatonine, les somnifères de consommation courante sont « loin d'être anodins », met en garde « 60 millions de consommateurs » dans son hors-série « Bien dormir » décembre 2018-janvier 2019, sorti en kiosque ce jour.
Durées de prise trop longues
Le travail de sensibilisation est salutaire car 10 millions de Français consomment des hypnotiques. Alors que « 4 semaines suffisent pour créer une dépendance (physique et psychique) », rappelle le magazine de l'Institut national de la consommation, la durée de prise moyenne frise les 7 mois pour les somnifères sur prescription et de 6 mois pour ceux en vente libre. Le sevrage qui s'en suit peut être laborieux et émaillé d'un rebond des insomnies avec cauchemars et terreurs nocturnes.
Somnolence, troubles de la concentration et de la mémoire, prise de poids... si ces effets secondaires sont connus des médecins, ils le sont moins du grand public. Le risque aggravant de l'alcool, souvent négligé ou oublié, est rappelé dans le hors-série. Le magazine insiste sur le fait que la notion de vente libre est souvent comprise à tort comme « pas dangereux », certains consommateurs doublant les doses recommandées.
Risque d'hétéro et autoagressivité
Plus rare, le risque d'actes violents (hétéro ou autoagressivité) pour les benzodiazépines est moins connu, un effet secondaire que la prise d'alcool multiplierait d'un facteur 10 selon « 60 millions ». Faisant valoir que « ces anxiolytiques favorisent la plupart des 200 000 tentatives de suicides et autolyses » et que ces passages à l'acte sont plus fréquents qu'imaginé, l'association d'aide aux victimes des accidents et maladies liés aux médicaments (AAA-VAM) a saisi la Haute Autorité de santé (HAS) en juillet 2016 en déplorant l'absence de prévention des autorités sanitaires. La HAS et l'Agence du médicament (ANSM) ont soumis un plan d'action sur le bon usage des benzodiazépines destiné aux professionnels de santé et au grand public... toujours sur le bureau du ministère de la Santé.
La mélatonine, prudence
Concernant la mélatonine, seul le Circadin (2 mg) a le statut de médicament, les autres spécialités étant considérées comme des compléments alimentaires, parfois associées à des plantes, voire… du chocolat ! « 60 millions de consommateurs » rappelle que l'efficacité n'a été démontrée qu'après 55 ans. Conclusion : peu d'efficacité pour des risques possibles, le magazine indiquant que la mélatonine peut dérégler les cycles de sommeil à des taux de 0,5 mg/jour. L'ANSES en 2018 avait mis en garde et recommandé que la mélatonine ne soit pas administrée aux femmes enceintes, aux enfants, aux patients épileptiques, asthmatiques ou ayant des troubles de l'humeur et du comportement.
Le hors-série fait état de méthodes non médicamenteuses pour mieux dormir : relaxation, phytothérapie (valériane notamment reconnue par l'ANSM pour ses propriétés sédative), alimentation, d'accessoires parfois utiles, des applis. Des pistes intéressantes mais pas de solution idéale. Si les thérapies cognitivo-comportementales donnent de bons résultats, le recours est limité par leur coût et l'accès non garanti sur l'ensemble du territoire.
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