Le scénario de la "grippe espagnole" de 1918 -la plus meurtrière avec 40 millions de morts dans le monde- peut-il se rejouer avec la "grippe mexicaine" ? En cette première semaine de mai, on est bien loin de ce scénario catastrophe. Et si mercredi Roselyne Bachelot a annoncé un cinquième cas français, elle a indiqué tabler sur un reflux de l’épidémie. En début de semaine, l’ambiance était en général plutôt à l’apaisement : les experts faisant état d’une grippe comparable dans sa virulence et sa contagiosité à une banale grippe saisonnière, et l’OMS n’étant toujours pas passé au niveau 6 maximal d’alerte qui signifie pandémie déclarée. Pourtant, le scénario de 1918 donne matière à réflexion aux experts. Cette année-là, la première vague qui s'était produite au printemps ne fut pas la plus meutrière, mais c'est la deuxième, de retour de l'hémisphère Sud, qui en octobre-novembre fit le plus de dégats humains. Moins nuisible que prévu, la grippe porcine n'a donc pas forcément dit son dernier mot. Même si une seconde vague à l'automne laisserait au moins à l'hémisphère Nord le délai nécessaire à l'élaboration d'un vacci, puisqu'on estime à quatre à six mois le délai nécessaire pour le fabriquer. Mme Bachelot a envisagé que l'industrie puisse fabriquer "un vaccin combiné" avec celui de la grippe classique : une "hypothèse à exploiter", selon le directeur général de la Santé Didier Houssin.
Pour l’heure, l'épidémie de grippe porcine est en voie de stabilisation au Mexique et aux Etats-Unis, les deux pays les plus touchés. Les informations en provenance du Mexique et des Etats-Unis étaient rassurantes lundi, après une semaine de crise où l'Organisation mondiale de la santé a fait monter la pression, mettant en garde contre l'imminence d'une pandémie. Au Mexique, le ministre de la Santé, José Angel Cordova a confirmé "la tendance à la régression" de l’épidémie et le chef de l’Etat a laissé entrevoir une possible réouverture prochaine des écoles. Mais l’OMS ne baisse pas la garde, traquant les éventuels indices d'un troisième foyer de la maladie dans une autre région que celles déjà touchées, qui confirmerait l'extension géographique de l'épidémie et signerait l'état de pandémie déclarée.
Au total, l'Organisation mondiale de la santé estime désormais à 1.516 (voire encadré) le nombre de cas de grippe porcine confirmés dans 21 pays. En France, deux nouveaux cas ont été confirmés lundi, et un mercredi faisant passer le total de cas avérés à 5 (voir encadré). En début de semaine, Roselyne Bachelot et Michèle Alliot-Marie ont indiqué que les vols en provenance du Mexique atterriraient tous à Roissy dans une zone spéciale. Alors que Roselyne Bachelot a reçu mardi 5 mai les syndicats de médecins libéraux, les deux ministres ont indiqué que les préfets allaient réunir les comités départementaux d’aide médicale urgente de la permanence de soins pour informer, au niveau départemental, des mesures qui pourraient être prises si la situation épidémiologique le justifiait. Mardi, l’Intérieur et la Santé indiquaient aussi que les préfets étaient chargés de plancher sur l’approvisionnement en masques des médecins de ville. Une réunion d'experts était aussi prévue mardi au ministère de la Santé pour essayer de définir la virulence de l'épidémie. Enfin, le ministère de la Santé lance une campagne d'information pour rappeler les gestes "barrière" : se laver les mains plusieurs fois par jour, tousser et éternuer dans un mouchoir en papier, et si on se sent grippé appeler le 15 et rester chez soi, pour ne pas contaminer les salles d'attente du médecin ou des urgences.La campagne commencera mardi sur les ondes, et mercredi ou jeudi dans la presse quotidienne régionale.
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