Le paradoxe de la prise en charge médicale de l'asthme persiste
L'éducation du patient a vu son intérêt croître au cours des années. En effet, le nombre de maladies chroniques augmente et les patients revendiquent une plus grande implication dans leur prise en charge : « droits des patients, droits des usagers ». L'OMS, en 1998, a fait des recommandations internationales sur l'éducation thérapeutique. Elles ont pour objectifs de réduire, de manière significative et individualisée, les facteurs de risque et leurs conséquences, d'aider le patient à suivre correctement son traitement, d'améliorer sa qualité de vie et son sentiment d'autonomie. L'éducation du patient asthmatique est un travail global qui implique le patient lui-même, son entourage, le médecin généraliste et d'autres intervenants : pharmacien, kinésithérapeute, etc. Le rôle du médecin est crucial. Il dirige le traitement et oriente le parcours du patient. Il délivre les informations de base, encourage le patient à s'impliquer activement et le motive à suivre un programme dans un centre d'éducation. Enfin, il renforce les acquis éducatifs au fil des consultations. Le centre éducatif reçoit les patients adressés par le médecin. Il fonctionne grâce à un personnel formé à la pédagogie, qui met en uvre un programme éducatif structuré et utilise des outils variés. Les documents de liaison sont importants entre le médecin et le centre éducatif ; celui-ci prescrit les objectifs éducatifs prioritaires pour le centre éducatif et, inversement, il doit savoir ce qui a été fait au centre éducatif. « C'est la continuité des soins qui va favoriser la qualité de la prise en charge du patient », a conclu le Dr Yves Magar (hôpital Saint-Joseph).
Le schéma thérapeutique habituel comprend le traitement du symptôme par les bêta-2-mimétiques à courte durée d'action et le traitement préventif par les corticoïdes inhalés (traitement de référence). Si ces derniers ne contrôlent pas efficacement la maladie, on peut associer des bêta-2-mimétiques à longue durée d'action, des antagonistes des leucotriènes ou théophylline. Enfin, en cas d'efficacité toujours insuffisante, on pourra ajouter des corticoïdes oraux. « Les traitements sont sous-utilisés, bien qu'ils soient efficaces », a souligné le Pr Bruno Crestani (hôpital Bichat). D'où la nécessité de simplifier. En outre, médecin et malade n'ont pas les mêmes objectifs pour contrôler la maladie. Le malade va adapter sa vie quotidienne pour ne pas ressentir de symptômes ; quant au médecin, il cherche à maintenir la fonction respiratoire et éviter les hospitalisations ou les consultations en urgence. C'est là que l'éducation du patient prend tout son intérêt. Enfin, de nouvelles stratégies thérapeutiques expérimentales sont envisagées pour inhiber l'inflammation dans les bronches : cytokines anti-inflammatoires, IL5, médicaments qui inhibent l'adhérence des leucocytes, anticorps anti-IgE recombinant humanisé monoclonal.
D'après la communication du Pr.Bruno Crestani (Paris) lors d'une séance parrainée par les Laboratoires Glaxo-Wellcome
Résultats de l'étude AIRE*
L'étude AIRE (Asthme Impression et Réalité en Europe) est la plus vaste étude européenne menée à ce jour - 7 pays concernés, 77 880 foyers contactés entre le 25.2.1999 et le 21.4.1999 - afin d'évaluer le dépistage et la prise en charge des asthmatiques.
En France, 31 % des asthmatiques ont eu recours à des soins en urgence ; 41 % ont eu des troubles du sommeil ; 61 % ont été limités dans la pratique d'un sport et 31 %, dans leur travail.
La sévérité des symptômes est sous-estimée en cas d'autoévaluation.
Le contrôle de la maladie est surestimé. En fait, il se révèle insuffisant : manque d'observance des patients du fait de craintes et d'une incompréhension thérapeutique, suivi irrégulier des mesures de peak-flow, faible prise de corticoïdes en traitement de fond (15 % des patients en France).
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