Le vote médical serait-il corporatif, sinon corporatiste ? Les positions des différents partis en matière de politique de santé jouent en tout cas un rôle important dans le comportement électoral des médecins, si l'on en croit les résultats du sondage IPSOS pour « le Quotidien ».
Pour 55 % des praticiens interrogés, les propositions des partis en matière de santé vont influencer « beaucoup » ou « assez » leur choix lors des législatives des 9 et 16 juin. Quarante-trois pour cent seulement des médecins tiendront « peu » ou « pas du tout » compte de la politique de santé lorsqu'ils glisseront leur bulletin dans l'urne.
Le poids des questions de santé dans le comportement électoral du corps médical semble donc assez marqué, encore que l'on manque d'éléments pour établir des comparaisons avec d'autres professions.
Des facteurs conjoncturels - le long et dur conflit des généralistes et le traumatisme du plan Juppé qui laisse encore des séquelles - expliquent sans doute pour une large part cette attitude des praticiens. Le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin trouvera, dans les résultats de ce sondage, un argument de plus pour essayer d'apaiser le mécontentement des généralistes au plus vite, et si possible avant dimanche prochain.
En outre, l'enquête d'opinon IPSOS confirme la forte cote de popularité de Jean-François Mattei dans le corps médical. Deux tiers des médecins interrogés (67 %) sont « tout à fait satisfaits » ou « assez satisfaits » de sa nomination comme ministre de la Santé. Six pour cent seulement des médecins sont « assez mécontents » de son arrivée Avenue de Ségur. Trois éléments expliquent cette cote de popularité. D'abord, l'équation personnelle de Jean-François Mattei : le spécialiste de la bioéthique a réussi au fil des ans à se composer une image de responsable politique passionné par des sujets qui l'ont un peu situé, dans l'opinion médicale, au dessus des contingences peu séduisantes de la politique politicienne. Ensuite, ses prises de position sur la légitimité du C à 20 euros qui ont dû lui valoir la sympathie des généralistes. Enfin et surtout, son appartenance à une majorité chiraquienne qui a les faveurs du corps médical.
Reste à savoir si cette popularité se confirmera ou si elle relève d'un éphémère état de grâce.
En ce qui concerne les élections législatives, le sondage du « Quotidien » confirme l'ancrage à droite du monde médical. Au premier tour, 56 % des médecins certains d'aller voter voteront pour un candidat de droite (UMP, UDF ou divers droite) et 25 % seulement pour un candidat de gauche (PS, Parti communiste, Verts, divers gauche).
Au second tour, si les médecins ont à choisir entre un candidat de droite et un candidat de gauche, ils voteraient à 67 % pour le premier et à 33 % pour le second. Deux médecins sur trois veulent donc être gouvernés à droite. Alors que 53 % seulement des Français ont l'intention de voter pour un candidat de l'UMP le 16 juin.
Mais l'enseignement le plus intéressant du sondage réside peut-être ailleurs, dans le score réalisé par les candidats du Front national qui recueillent 7 % des intentions de vote des médecins. Si l'on excepte la configuration politique particulière du second tour de l'élection présidentielle (où Jean-Marie Le Pen obtenait 15 % des intentions de vote des médecins), jamais l'extrême droite n'avait fait un tel score dans le corps médical. Avant le premier tour de l'élection présidentielle, Jean-Marie Le Pen ne recueillait que 3 % des intentions de vote des médecins. Est-ce à dire que le monde médical cède plus que naguère aux sirènes frontistes ? On peut certes envisager cette thèse, mais on ne doit pas écarter non plus une autre explication : les praticiens n'auraient plus peur de dire qu'ils vont aller déposer dans l'urne un bulletin portant le nom d'un candidat du FN. Ce qui serait une preuve supplémentaire de la banalisation de l'extrême droite ou de la « lepénisation des esprits ».
FICHE TECHNIQUE
Sondage effectué par IPSOS pour « le Quotidien du Médecin », les 28 et 29 mai 2002 auprès de 353 médecins inscrits sur les listes électorales, constituant un échantillon représentatif de la profession, interrogés par téléphone. Echantillon choisi selon la méthode des quotas : répartition généralistes, spécialistes, libéraux, hospitaliers, cliniques, dispensaires après stratification par région. Les résultats d'intentions de vote ne sont pas une prévision du résultat électoral. Ils donnent une indication significative de l'état du rapport de forces politiques actuel et n'interdisent aucune évolution future, notamment en fonction de l'impact de la campagne électorale. Comme pour toute enquête quantitative, cette étude présente des résultats soumis aux marges d'erreur inhérentes aux lois statistiques.
Afin de mesurer au plus près de la population des votants potentiels, les intentions de vote sont calculées sur la base des électeurs inscrits se déclarant certains d'aller voter, soit 90 % des personnes interrogées.
Premier tour : 56 % pour la droite, 25 % pour la gauche |
||
Si le 1er tour des élections législatives se déroulait dimanche prochain et si vous aviez le choix entre les candidats suivants, quel serait celui pour lequel il y aurait le plus de chance que vous votiez au 1er tour ? | ||
Médecins certains daller voter
Exprimés % |
Rappel Grand public 24-27 mai*
% |
|
Un candidat dextrême gauche |
1
|
4
|
Un candidat de gauche (PS, PC, Verts ou divers gauche) |
25
|
35
|
Un candidat du Pôle républicain de J.-P. Chevènement |
3
|
1,5
|
Un candidat écologiste autre que les Verts |
2
|
1
|
Un candidat de droite (Union pour la majorité présidentielle, UDF ou divers droite) |
56
|
39
|
Un candidat du Front national |
7
|
13
|
Un candidat du Mouvement national républicain |
2
|
1,5
|
Un candidat Chasse, pêche, nature et traditions |
2
|
3
|
Un autre candidat |
2
|
2
|
100
|
100
|
|
9 % des médecins interrogés, certains daller voter, nont pas exprimé dintention de vote.
* Enquête Ipsos/Vizzavi/« le Point »/France 2/Europe 1. |
Deuxième tour : deux médecins sur trois choisissent la droite
|
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Si le deuxième tour des élections législatives se déroulait dimanche prochain et si vous aviez le choix entre les candidats suivants, quel serait celui pour lequel il y aurait le plus de chances que vous votiez au 2e tour ? | ||
Médecins certains daller voter
Exprimés % |
Rappel Grand public 24-27 mai*
% |
|
Le candidat de gauche (PS, PC, les Verts ou divers gauche) |
33
|
47
|
Le candidat de droite (Union pour la majorité présidentielle, UDF ou divers droite) |
67
|
53
|
100
|
100
|
|
8 % des médecins interrogés, certains daller voter, nont pas exprimé dintention de vote.
* Enquête Ipsos/Vizzavi/« le Point »/France 2/Europe |
Mattei fait un tabac
|
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Etes-vous tout à fait satisfait, assez satisfait, assez mécontent ou tout à fait mécontent de la nomination de Jean-François Mattei comme ministre de la Santé ? | |
ensemble
% |
|
Tout à fait satisfait |
18
|
Assez satisfait |
49
|
S/total Satisfait |
67
|
Assez mécontent |
6
|
Tout à fait mécontent |
-
|
S/total Mécontent |
6
|
Ne se prononce pas |
27
|
100
|
L'importance de la politique de santé
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|
De manière générale, les propositions des différents partis politiques en matière de politique de santé influenceront-elles beaucoup, assez, peu ou pas du tout votre choix de vote lors des prochaines élections législatives qui auront lieu les 9 et 16 juin prochains ? | |
Ensemble
% |
|
Beaucoup |
28
|
Assez |
27
|
S/total Beaucoup et assez |
55
|
Peu |
22
|
Pas du tout |
21
|
S/Total Peu et pas du tout |
43
|
Ne se prononce pas |
2
|
100
|
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