La sécurité des médecins en chiffres

535 agressions en 2008

Publié le 25/03/2009
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CHAQUE ANNÉE, le Conseil national de l’Ordre des médecins rend publics les chiffres de l’Observatoire pour la sécurité des médecins, en partenariat avec l’institut IPSOS. Pour 2008, le premier enseignement des travaux de cet observatoire, basés, il faut le rappeler, sur les déclarations volontaires des médecins concernés, fait état d’une relative stabilité des agressions constatées, si l’on excepte le pic enregistré en 2007. C’est ainsi qu’en 2008, les médecins ont été, dans leurs fonctions, victimes ou témoins de 535 incidents, contre 837 en 2007, 518 en 2006, 639 en 2005, 439 en 2004 et 638 en 2003, année qui a vu naître cet observatoire. Pour le Dr André Deseur, responsable de la communication de l’Ordre national, la baisse des déclarations en 2008 par rapport à 2007 vient du fait qu’en 2007, une action de sensibilisation a été menée auprès des médecins pour les inciter à déclarer tout incident dont ils auraient été victimes ou témoins, «  mais la pression s’est relâchée en 2008 et les médecins ont moins déclaré  ». Exemple dramatique rapporté par le Dr Deseur : deux femmes médecins ont été violées en Seine-et-Marne en 2008 dans l’exercice de leurs fonctions mais n’ont pas souhaité faire de déclaration d’incident auprès de l’Observatoire. L’Ordre envisage désormais d’autoriser les conseils départementaux à se substituer aux victimes pour rédiger le questionnaire.

Dans le détail, près de la moitié (48 %) des incidents rapportés l’an dernier étaient relatifs à des agressions verbales, un quart à des vols ou tentatives de vol, un sur dix à des agressions physiques, un sur dix également à du vandalisme (voir tableau). Quant à la cause de ces incidents, elle est due à un temps d’attente jugé excessif par le patient dans 9 % des cas, à un refus de prescription (8 %), à un reproche relatif à un traitement (6 %), à une décision médicale contestée (3 %), à un refus de certificat médical ou d’arrêt de travail (3 %), à un refus de payer la consultation (3 %), à une incompatibilité d’humeur (3 %), à un patient venu sans rendez-vous (2 %), ou à une pathologie mentale (2 %). Enfin, le lieu de l’agression est souvent le même : le cabinet dans le cadre d’un exercice de médecine de ville dans 61 % des cas, un autre lieu que le cabinet mais toujours dans le cadre d’un exercice de médecine de ville dans 11 % des cas, et dans un établissement de soins dans 15 % des affaires signalées. Quant aux conséquences engendrées par l’incident, elles se traduisent par une ITT (interruption temporaire de travail) dans 8 % des cas, dont la moitié pour des ITT supérieures à 8 jours.

Peu de plaintes.

Les médecins ne donnent que peu de suite à ces déclarations volontaires à l’Observatoire. Seuls 37 % d’entre eux ont porté plainte, tandis que 14 % ont déposé une main courante. Enfin, au sujet des victimes de ces agressions, l’Ordre note qu’ «  on enregistre toujours en 2008 une surreprésentation des médecins généralistes. En effet, ces derniers qui représentent en France 51  % de l’ensemble des médecins, sont à l’origine de 62  % des fiches de déclaration d’incidents. A l’inverse, 35  % des incidents concernent des médecins spécialistes alors que ceux-ci représentent 49  % de la population totale  ».

Plus généralement, le Dr André Deseur indique au « Quotidien » que les présidents de conseils départementaux de l’Ordre estiment généralement que «  ces chiffres ne traduisent pas complètement la réalité  », un certain nombre de médecins n’informant pas l’Observatoire des agressions dont ils sont victimes. Le Dr Jean-François Guyonnard, coordonnateur du comité de pilotage pour la sécurité des médecins à l’Ordre, envisage donc d’organiser des actions de sensibilisation et de formation des médecins qui associeraient policiers, gendarmes et médecins.

 HENRI DE SAINT ROMAN

Source : lequotidiendumedecin.fr