La déclaration d'engagement sur le VIH/SIDA, adoptée par 189 gouvernements de la planète en juin 2001, constitue peut-être un tournant dans l'histoire de l'épidémie. « Il y a de bonnes raisons de penser que des progrès ont déjà été faits », estime l'ONUSIDA dans son « Point sur l'épidémie de sida » de décembre 2002.
Si un nombre accru de pays reconnaissent la valeur de la mise en commun de leurs ressources, de leurs expériences et de leur engagement, en créant des initiatives régionales de lutte contre l'épidémie, des efforts restent à accomplir dans l'accès aux antirétroviraux, aux soins palliatifs et aux traitements des infections opportunistes.
Actions en direction des jeunes
En 2002, l'épidémie a causé plus de 3 millions de décès, et on estime que 5 millions de personnes ont contracté le virus, ce qui porte à 42 millions le nombre de personnes qui vivent avec le VIH dans le monde.
Les pays à faible et moyen revenus sont les plus atteints, et « les meilleures projections actuelles indiquent que 45 millions de personnes supplémentaires pourraient être infectées par le VIH dans 126 pays à faible et moyen revenus entre 2002 et 2010. Plus de 40 % de ces infections devraient se produire en Asie et dans le Pacifique ».
Pourtant, précise le rapport, « une telle issue peut être évitée. La mise en uvre d'un ensemble complet de prévention d'ici à 2005 permettrait de réduire le nombre des nouvelles infections de 29 millions d'ici à 2010 ». Les actions en direction des jeunes demeurent une des clefs de la lutte contre l'épidémie, et l'ONUSIDA estime que « le cours de l'épidémie mondiale de VIH/SIDA dans l'avenir sera fonction de la capacité du monde à protéger partout les jeunes de l'épidémie et de ses conséquences ». Les caractéristiques régionales de l'épidémie le justifient.
En Afrique subsaharienne, de loin la région la plus touchée, avec 29,4 millions de personnes vivant avec le VIH/sida, on compte 10 millions de jeunes (entre 15 et 24 ans) et près de 3 millions d'enfants de moins de 15 ans infectés. Le pic de l'épidémie ne semble pas encore atteint. Dans quatre pays d'Afrique australe, la prévalence du VIH chez l'adulte a grimpé à des niveaux inimaginables, au-delà de 30 % : le Botswana (38,8 %), le Lesotho (31 %), le Swaziland (33,4 %) et le Zimbabwe (33,7 %).
Le rapport rappelle que « la vaste majorité des Africains (plus de 90 %) n'ont pas contracté le VIH. Leur permettre de rester exempts d'infection constitue un défi colossal, la protection des jeunes étant une priorité ».
Avec 250 000 nouvelles infections en 2002, l'Europe orientale et l'Asie centrale ont le regrettable privilège de subir la plus forte progression de l'épidémie. Le nombre de personnes vivant avec le sida est estimé à 1,2 million. La consommation de drogues injectables chez les jeunes reste le principal mode de transmission du VIH. En Fédération de Russie, en particulier, où la progression a été exceptionnellement forte, 90 % des infections relevées ont été officiellement attribuées à cette cause. Certains des consommateurs n'ont que 13 ou 14 ans. Une étude réalisée parmi des lycéens à Moscou a révélé que 4 % d'entre eux avaient déjà consommé de la drogue par injection.
Outre la consommation de drogue, les rapports hétérosexuels constituent également un mode fréquent de transmission. L'Amérique latine et les Caraïbes sont, avec 1,9 million d'adultes et d'enfants vivant avec le virus, la deuxième région la plus touchée au monde. Le rapport entre hommes et femmes infectés par le VIH s'y est considérablement réduit au cours de ces dix dernières années : environ 3 pour 1 en Amérique latine et 2 pour 1 aux Caraïbes. La féminisation croissante de l'épidémie est paradoxalement due aux comportements bisexuels, apparemment fréquents, mais cachés. Les programmes sur le VIH/sida doivent s'adapter à cette évolution.
10 millions de Chinois infectés en 2010
Il en est de même dans de nombreuses régions d'Asie et du Pacifique, où 7,2 millions de personnes vivent maintenant avec le sida. A l'exception du Cambodge, du Myanmar et de la Thaïlande, les niveaux de prévalence du VIH y restent comparativement faibles. « Ce n'est pas une consolation, estime l'ONUSIDA . Dans des pays aussi énormes et peuplés que la Chine, l'Inde et l'Indonésie, des niveaux nationaux de prévalence faibles brouillent le tableau de l'épidémie. » Si des actions efficaces ne sont pas rapidement mises en place, « un total de 10 millions de Chinois auront contracté le VIH d'ici à la fin de la décennie, un nombre équivalent à la population de la Belgique ». Ces actions devront tenir compte de la sécurité des collectes de sang. Une enquête réalisée en 2001 dans les zones rurales de la Chine orientale a révélé une prévalence de 12,5 % parmi les donneurs.
Enfin, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, on relève peu de données appropriées de surveillance de l'infection et des comportements existent. « La dénégation qui persiste parmi les responsables sociaux et politiques de certains pays offre à l'épidémie un terrain idéal pour poursuivre sa propagation. »
Quant aux pays à revenus élevés, l'ONUSIDA note une poursuite « du glissement vers les populations marginalisées qui n'ont pas accès aux services et à l'information nécessaires ». Un total d'environ 1,6 million de personnes vivent avec le virus et 23 000 sont décédées du sida. La tendance à la diminution de la mortalité, observée après l'introduction des trithérapies, tend à se stabiliser depuis deux ans. Le rapport dénonce un « contexte où l'autosatisfaction est devenue monnaie courante », où les efforts de prévention ont diminué et les comportements à risque, multipliés.
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