DANS QUELQUES jours, Émilie, 24 ans, décrochera son diplôme d’ostéopathe ou plutôt de « biomécanicienne », comme elle aime à se définir. Pendant cinq ans, la jeune femme a suivi à l’école Ostéobio, à Cachan, une formation fondée sur trois enseignements : « beaucoup de manipulation, un travail sur la mobilisation et sur le viscéral ». Émilie a « perdu deux ans » avant de trouver sa voie. « Après le bac, je voulais être kiné mais j’ai raté médecine, explique-t-elle. Puis j’ai loupé mon année de prépa. J’ai alors tenté la Belgique, mais je n’ai pas été retenue au tirage au sort. » La jeune femme, qui « voulait travailler avec les mains », se tourne vers l’ostéopathie. « Ça n’était pas gagné d’avance, je ne connaissais rien au milieu ! ». Faute d’argent, Émilie choisit « l’école la moins chère ». « J’ai payé 35 000 euros pour cinq ans d’études », se souvient-elle. Elle commence sa formation en 2007, année où l’État décide de faire le ménage dans le monde de l’ostéopathie. Dans sa « promo », les étudiants étaient 75 quand elle a commencé. En 2012, ils ne sont plus que 25 sur la ligne d’arrivée.
Pendant cinq ans, Émilie suit une formation de trois, quatre ou cinq jours de cours par semaine, selon la place accordée aux stages. « En quatrième année, les étudiants montent un projet professionnel auprès d’une structure ou d’une entreprise prêts à les accueillir ». Émilie réalise des stages dans un conservatoire de musique puis un club de handball. « Ca m’a permis de me faire la main », explique-t-elle. Pendant son cursus, la jeune femme estime avoir manipulé 200 à 300 patients.
Guérir le genou en touchant la tête.
Émilie n’apprécie guère qu’on dénigre son métier. Pour elle, certaines formations contribuent à la mauvaise réputation des ostéopathes auprès des médecins et des kinésithérapeutes. « Je suis une cartésienne, explique-t-elle. Les gens qui prétendent guérir le genou d’un patient en lui touchant la tête, je n’y crois pas une minute. » La jeune femme est critique envers certaines pratiques comme les "cliniques internes" : « ce sont les patients qui viennent aux étudiants, et non l’inverse. Dans l’école, encadrés par leurs professeurs, les apprentis ostéopathes s’exercent pour dix euros la consultation. » Dans la même veine, les stages d’« un week-end par mois pendant un an » et « des formations parallèles loufoques » suscitent la méfiance de la jeune diplômée. « J’aimerais que les kinés changent d’opinion sur l’ostéopathie, mais quelque part, je les comprends. » Sur le marché du travail, Émilie sera bientôt confrontée à rude concurrence mais elle se dit prête. « Je pars à Lyon pour travailler dans un cabinet de kinés. J’ai ma place dans ce milieu. Quoi qu’on en dise, nous sommes complémentaires, pas opposés », assure-t-elle.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature