LE SONDAGE IPSOS commandé par le Secours populaire confirme les témoignages recueillis dans les 1 400 permanences d'accueil de l'association : la pauvreté progresse et, outre le pouvoir d'achat, elle menace à présent la santé des plus démunis : 39 % des Français déclarent qu'ils ont déjà retardé ou renoncé au moins une fois à se faire soigner pour des raisons de coût.
En tête de ces économies contraintes, l'achat de prothèses dentaires a été remis à plus tard par 15 % des personnes interrogées, 16 % devant même y renoncer. Pour l'achat de lunettes ou de lentilles de contact, les scores sont respectivement de 11 et 18 %. Également touchés, les achats de médicaments (13 et 5 %), les radios et les analyses en laboratoire (9 et 7 %). Les Français font aussi des économies de médecins : 8 % ont renoncé à consulter leur généraliste pour des raisons financières, 6 % ont été obligés d'attendre. Pour la consultation du spécialiste, les scores atteignent 15 et 9 %, 8 et 11 % pour celle d'un ophtalmologiste et 8 et 3 % pour celle d'un psychiatre. Chez le dentiste, également, le patient s'abstient pour des raisons d'économies : 13 % renoncent, 10 % tardent à se faire soigner. Faute d'argent.
Le sondage mesure par ailleurs l'impact de ce qu'il appelle l'éloignement des médecins. Il constate que les problèmes liés à la démographie médicale pénalisent sérieusement les patients : 17 % d'entre eux ont déjà renoncé à aller au moins une fois chez un médecin, en raison de son éloignement géographique. En 2008, ils sont 9 % à déclarer qu'il ont renoncé à se rendre chez leur généraliste au moins une fois (4 % plusieurs fois). Une proportion en hausse de 3 points par rapport à l'an dernier. Treize pour cent ont dû sacrifier une consultation chez un spécialiste (6 % à plusieurs reprises). C'est 4 % de plus qu'en 2007. Toutes les classes d'âge sont concernées par le phénomène. Mais, naturellement, ce sont les foyers aux revenus les plus faibles qui sont les plus touchés : 16 % des personnes disposant d'un revenu mensuel inférieur à 1 200 euros ont renoncé à se rendre chez leur généraliste, une proportion double de celle mesurée en 2007, alors qu'ils ne sont que 6 % dans ce cas chez les bénéficiaires d'un revenu de plus de 3 000 euros.
Pour autant, 10 % des personnes interrogées se déclarent peu ou pas du tout satisfaites de leur état de santé. Et ce sont surtout les foyers dont les revenus n'excèdent pas 1 200 euros qui expriment une plainte à ce sujet : 22 %, contre 3 % des détenteurs d'un revenu de plus de 3 000 euros.
Enfin, le sondage exprime les difficultés grandissantes des Français à bénéficier d'une alimentation saine et équilibrée : 30 % d'entre eux disent ne pas disposer des moyens financiers nécessaires à une alimentation saine et équilibrée. Pour 65 %, c'est ce critère qui traduit en premier l'état de pauvreté, devant l'impossibilité d'envoyer ses enfants en vacances au moins une fois (40 %) et l'accès aux activités culturelles (34 %).
En 2007, le Secours populaire avait distribué 28 522 tonnes d'alimentation pour 68,8 millions de repas. Des chiffres qu'il faudra revoir à la hausse cette année, avec «une progression de 15 à 20% des demandes d'aide, prévoit le président de l'association, Julien Lauprêtre, des aides sollicitées de plus en plus souvent par des jeunes (un phénomène nouveau) , des familles monoparentales, des retraités, ainsi que par des travailleurs pauvres qui nous sollicitent dès le 15 du mois».
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