Jean-François Mattei a beau être du sérail, il doit aujourd'hui, au terme de sa prise de contact officielle avec les professionnels du secteur, ressentir un léger « tournis hospitalier ».
En effet, dans son bureau se sont succédé, depuis le début de la semaine médecins, directeurs, représentants syndicaux des personnels. Issu des hôpitaux universitaires, non universitaires ou psychiatriques, chacun a été reçu une heure en moyenne par le nouveau ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées qui a ainsi recueilli plusieurs points de vue sur la situation de l'hôpital public.
Des préoccupations sont communes à tous. C'est le cas notamment du manque de moyens alloués à l'institution et de la mise en uvre de la réduction du temps de travail (RTT). Le secrétaire général de la fédération santé de Force ouvrière, Jean-Marie Bellot, résume le sentiment général en faisant de l'application des 35 heures « le premier gros problème » de l'hôpital et en évoquant, dans l'hypothèse où rien ne serait fait dans l'intervalle, une possible « explosion à la rentrée ». Pour les médecins, théoriquement concernés par la RTT depuis le début de l'année mais sur lesquels le gouvernement Raffarin a fait planer un temps la menace d'un « moratoire », le Dr Pierre Faraggi, qui préside la Confédération des hôpitaux généraux (CHG), a mis le ministre en garde : « Si l'Etat revenait sur ses engagements, l'effet serait désastreux pour l'hôpital public et l'émotion de la communauté médicale hospitalière entraînerait une mobilisation immédiate. »
Vis-à-vis des uns et des autres, Jean-François Mattei s'est voulu extrêmement rassurant. La RTT continuera de s'appliquer pour les personnels et s'appliquera pour les médecins (y compris de manière rétroactive au 1er janvier 2002), a-t-il affirmé. A voix basse, le ministre, qui distingue trois catégories de métiers à l'hôpital (les médecins, les personnels soignants et les personnels non soignants) n'exclut pas pour les deux premières d'inventer un système compensatoire de bonus financiers dans la mesure où la situation démographique de ces professions fait obstacle à la mise en uvre de la RTT. Le dossier des 35 heures n'est pas le seul sur lequel Jean-François Mattei ait promis, en cas de victoire de son camp aux élections législatives, de poursuivre les travaux ouverts par son prédécesseur. Aux personnels qui s'inquiétaient de voir remis en cause les différents protocoles (notamment sur la révision des carrières de la fonction publique hospitalière) signés avec la gauche plurielle, le ministre a indiqué, rapporte la secrétaire générale de la fédération santé de la CFDT Yolande Briand, que « tous les engagements pris par les précédents gouvernements seraient respectés ».
Dans d'autres domaines, Jean-François Mattei entend bien marquer son action de sa propre pâte. En matière d'investissement hospitalier par exemple, il a confirmé que le plan de relance promis par Jacques Chirac serait mis en uvre - « Il est nécessaire de moderniser très rapidement le patrimoine des hôpitaux », lui a glissé à ce sujet la délégation du Syndicat national des cadres hospitaliers (SNCH).
Par ailleurs, à propos d'investissement hospitalier, l'Hôtel Matignon a tenu à démentir les propos du Pr Jean-Michel Dubernard, député RPR du Rhône, qui, à l'issue d'une rencontre avec Jean-Pierre Raffarin, avait affirmé que le Premier ministre lui avait promis que 15 milliards d'euros seraient débloqués pour l'hôpital public. Rappelons que Jacques Chirac s'était contenté d'annoncer un plan quinquennal pour l'investissement hospitalier sans donner de chiffre précis. L'UMP avait évoqué le chiffre de six milliards d'euros sur cinq ans.
Autre annonce de campagne électorale qui devrait trouver vite une traduction concrète : les agences régionales de santé (ARS), auxquelles le ministre donne « deux ans » pour voir le jour.
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