Q UATRE milliards de francs. C'est la somme que Bercy serait prêt, dit-on, à allouer au financement de la réduction du temps de travail des 750 000 agents de la fonction publique hospitalière.
Loin des comptes du ministère de l'Emploi et de la Solidarité. Sans commune mesure avec ce que réclament les professionnels. Si l'heure est encore aux tractations entre les Finances et Elisabeth Guigou, le temps est maintenant compté, puisque le gouvernement a promis qu'une décision serait prise et rendue publique à la fin du mois de juin. C'est-à-dire dans quelques jours. Sur la base de cette proposition, les négociations reprendront avec les syndicats au début du mois de juillet. Une date qui rend plus qu'improbable la signature d'un accord avant l'automne.
Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sait bien que, s'il ne s'approche pas de la proportion d'emplois créés par les cliniques privées quand elles sont passées aux 35 heures (7 %, ce qui donne, transposé à l'hôpital public, une addition de près de 13 milliards de francs en année pleine), il pourra difficilement s'entendre avec l'hôpital. Et les syndicats, y compris les moins revendicatifs, affûtent leurs armes. Moins que les chiffres de création d'emplois que les pouvoirs publics envisageraient et qui, selon les sources, oscillent entre 16 000 et 60 000 postes, c'est le manque d'empressement à négocier du gouvernement qui provoque la colère de la CGT, de FO, de SUD, de la CFTC, et même de la CFDT.
A l'appel des quatre premières, quelque 500 agents ont manifesté mardi sous les fenêtres du ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, en réclamant entre 70 000 et 80 000 emplois supplémentaires, en s'élevant contre la suppression de l'ordonnance de 1982 qui encadre aujourd'hui le temps de travail des hospitaliers et en demandant surtout aux pouvoirs publics de dévoiler vite leurs « orientations ». D'ordinaire plus conciliante, la CFDT hausse le ton elle aussi. Le secrétaire général de sa fédération Santé-Sociaux, François Chérèque, taxe le gouvernement d' « irresponsabilité ». « Les pouvoirs publics ont fait de grandes annonces politiques, et maintenant qu'ils constatent les enjeux et les besoins, qu'ils évaluent les moyens nécessaires, ils reculent », dénonce-t-il. Le contexte de pénurie de personnel soignant aidant, il se trouve de plus en plus d'observateurs du milieu hospitalier pour prêcher la prudence et le temps de la réflexion. Dans ce contexte, les syndicats redoutent tous que le gouvernement cède à la tentation d'abandonner l'échéance du 1er janvier 2002, prévue pour le passage aux 35 heures de l'hôpital public. Prenant les devants, ils brandissent d'ores et déjà la menace d'une journée nationale d'action en septembre.
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