Pour la deuxième fois depuis que les conditions du passage aux 35 heures des 780 000 agents de la fonction publique hospitalière ont été arrêtées le 24 septembre, les syndicats opposés au dispositif appellent les personnels de l'hôpital à une journée nationale d'action qui aura lieu demain.
Alors que le Conseil supérieur de la fonction publique hospitalière doit examiner des projets de décrets précisant l'encadrement national du temps de travail réduit (notamment en matière d'heures supplémentaires ou d'astreintes), la CGT, FO, la CFTC et SUD demandent ensemble aux agents de faire grève et de manifester. Le but est d'obtenir la « réouverture » pure et simple des négociations sur la RTT et « la création des emplois statutaires nécessaires ».
Les conditions de travail en question
Pour les quatre syndicats en colère (qui représentent 65 % des personnels de l'hôpital public), les 45 000 emplois promis en trois ans par le gouvernement ne suffisent décidément pas. Et la distribution qui vient de commencer dans les établissements de ces postes RTT ne fait que les renforcer dans cette analyse. « Le directeur d'un hôpital de 1 000 agents vient d'annoncer qu'il avait obtenu la création de trois fois 5 postes. Parallèlement, il prévient qu'en 2002, 4 gels de postes sont prévus. Faisons les comptes : l'an prochain, l'établissement aura 1 poste pour la RTT. »
La CFTC estime, quant à elle, qu'en 2002, « beaucoup » d'hôpitaux devront faire avec « à peine 1 % de créations d'emplois » et que cela aura « pour conséquence évidente une dégradation des conditions de travail au quotidien ».
Organisée à un moment où les agents de la fonction publique hospitalière commencent à entrevoir ce que va concrètement représenter pour eux le passage aux 35 heures, la journée de demain pourrait constituer une sorte de test. A un peu plus d'un mois de la bascule (la RTT s'applique à tout l'hôpital à partir du 1er janvier 2002), elle pourrait même être le prélude de l'explosion de l'hôpital que beaucoup de professionnels prédisent - y compris dans le camp des gestionnaires de l'institution.
La manifestation prévue à Paris, qui doit partir à 11 heures de Montparnasse et rallier l'Assemblée nationale (où les crédits de l'hôpital seront en cours d'examen dans le cadre de l'examen en deuxième lecture du projet de loi de financement de la Sécurité sociale - PLFSS) via le ministère de la Santé, sera sans aucun doute scrutée de près par les pouvoirs publics. « L'adaptation locale des scenarii de la RTT surprend, explique Bruno Jardin à la CGT, et plus les personnels perçoivent la façon dont les choses vont se mettre en place dans leur établissement - certains apprennent par exemple que leur demi-heure de repas n'est plus comptée sur le temps de travail, plus la température monte. »
FO fait le même constat : « La marmite commence à bouillir et c'est compréhensible. Les agents pensent qu'ils vont obtenir 20 jours de congés supplémentaires. Or certains se voient proposer des journées de 7 heures ; à d'autres, on demande de rendre des jours de congés annuels (car ils en ont plus que ce que prévoit la nouvelle réglementation nationale, ndlr) . » Il arrive que localement, les hospitaliers n'aient pas attendu les mots d'ordre nationaux pour cesser de travailler. Au CHU de Nantes par exemple, 500 agents étaient en grève à la fin de la semaine dernière, réclamant, en accompagnement du passage aux 35 heures de l'établissement, la création de 700 postes.
Dans ce concert de protestations, la CFDT, premier syndicat de la fonction publique hospitalière et seul signataire de poids du cadrage national de la RTT du secteur, continue de se singulariser. D'accord quand il s'agit de dire que les moyens dévolus à la RTT de l'hôpital sont insuffisants, la fédération santé de la CFDT préfère juger sur pièce : elle annonce qu'elle procédera dans les six mois à une évaluation des 35 heures à l'hôpital, sur la base de laquelle des améliorations pourront être apportées, notamment « en matière d'emplois ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature