Les négociations sur le passage aux 35 heures des médecins hospitaliers s'enlisent. Lors de la deuxième séance de discussion de la rentrée, les timides gestes du gouvernement n'ont pas répondu aux attentes des syndicats.
Pourtant, le ton des débats a changé. Reprises en main par le ministre délégué à la Santé Bernard Kouchner, les négociations se font désormais, ainsi que l'explique le SNAM (Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes et biologistes des hôpitaux publics), « dans une ambiance beaucoup plus décontractée et plus positive ». Au chapitre de la méthode, les syndicats notent également des progrès. Une dizaine de sujets à régler ont été répertoriés. Le calcul du temps de travail, le nombre de jours de réduction du temps de travail (RTT), le compte épargne temps ont été évoqués lors de la dernière séance de négociations. Il reste à examiner la valorisation du travail de nuit, les mesures incitant les jeunes médecins à rester à l'hôpital, l'activité libérale, la retraite, les créations de postes et le suivi des décisions. Vendredi prochain, dans une semaine, une nouvelle réunion s'attellera à cette tâche mais il y en aura d'autres. « Cela risque d'être long, très long », a prévenu Bernard Kouchner à l'issue de sa dernière rencontre avec les syndicats.
Moins de cent jours
Or, à moins de cent jours de l'entrée en vigueur des 35 heures à l'hôpital, cette course de fond annoncée n'a rien pour séduire les médecins. « On avance à petits pas. Cette négociation est faite de ruses de Sioux. C'est une discussion de marchand de tapis ! », s'emporte la présidente de l'INPH (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers), le Dr Rachel Bocher. Le contenu des dernières propositions des pouvoirs publics n'est pas toujours fait pour arranger les choses. Le gouvernement propose-t-il aux PH 15 jours de RTT, au lieu des 10 jours qu'il défendait jusque-là ? Les syndicats s'indignent : ils veulent 23 jours, pas un de moins, et renvoient les pouvoirs publics à l'exemple des cadres et des directeurs d'hôpital, qui ont obtenu 20 jours de RTT. S'il est probable que Bernard Kouchner reverra sa proposition à la hausse, les choses s'annoncent beaucoup plus difficiles en matière d'intégration des gardes dans le temps de travail, d'amplitude maximale du temps de travail et de rémunération des heures effectuées en sus. « La discussion bloque sur ces questions », confirme, « très déçu », le président de la Confédération des hôpitaux généraux (CHG), le Dr Pierre Faraggi. Or les praticiens supportent de plus en plus mal d'être renvoyés à leur spécificité et à leur « dévouement ». « Oui, nous sommes des médecins, mais des médecins du XXIe siècle, c'est-à-dire des travailleurs comme les autres, ni en dessus ni en dessous. Les lois, comme le droit du travail, s'appliquent aussi à nous », affirme le Dr Bocher. Pessimistes quant aux intentions du gouvernement de franchir le gué qui les sépare d'elles, les organisations de PH devaient se rencontrer pour envisager un mouvement de grève.
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