Grippe A

32 leçons pour mieux répondre aux crises sanitaires

Publié le 03/07/2010
Les parlementaires experts des questions scientifiques, réunis au sein de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), ont rendu le 29 juin leur rapport sur la « mutation des virus et la gestion des pandémies ». Fruit d’un an de travail mené par le député UMP Jean-Pierre Door et la sénatrice des Verts Marie-Christine Blandin, ce rapport propose 32 recommandations pour améliorer la gestion des crises à venir.

Crédit photo : ©PHANIE

Comment pourrait-on mieux faire la prochaine fois ? C’est sous cet angle que les parlementaires experts des questions scientifiques, réunis au sein de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), se sont penchés pendant plus d’un an sur « la mutation des virus et la gestion des pandémies ». Leurs travaux, présidés par le député UMP Jean-Pierre Door et la sénatrice des Verts Marie-Christine Blandin, ont abouti à un rapport accompagné des 32 recommandations, rendus publics mardi 29 juin.

Du fait de la pandémie grippale qui a sévit pendant leurs travaux, une grande partie du rapport est consacrée au virus A(H1N1). Mais les parlementaires se sont également intéressés à la gestion à la Réunion de la crise du Chikungunia. Un exemple intéressant selon Marie-Christine Blandin, car « la gestion de l’épidémie a été différente de celle de H1N1, même si parfois les autorités publiques ont fait preuve d’autorité frisant la brutalité ». Selon le rapport de l’OPECST, au cours de cette crise, les médecins ont été associés à la définition de l’action menée. Un travail de fond a été mené avec les associations. Les méthodes de veille sanitaire ont été efficaces et des moyens importants ont été consacrés à la prévention de l’extension du virus, par une importante action de lutte antivectorielle. La communication a été inventive.

Bref, tout le contraire ou presque de la façon dont a été gérée la crise A (H1N1). Les parlementaires de l’OPECST demeurent pour autant beaucoup plus mesurés que leurs collègues des deux missions d’enquêtes parlementaires dont les travaux sont toujours en cours. L’OPECST a en effet commencé ses travaux dès juin 2009 et pu observer en temps réel les évolutions de la crise. « On ne peut pas juger les décisions prises en juin 2009 avec les connaissances de juin 2010 » prévient la sénatrice du Nord. Les deux parlementaires ont procédé aux auditions de plus de 150 témoins des événements. Ils se sont rendus au CDC d’Atlanta aux États-Unis, au siège de l’OMS à Genève, ainsi qu’à Lyon, Genève et Stockholm. Sans surprise, leur rapport a une tonalité beaucoup moins polémique que les autres travaux publiés et laisse de la place aux doutes, aux questions tout en faisant des préconisations dans trois grandes directions.

Les rapporteurs estiment notamment que la recherche sur les virus doit de manière générale être davantage soutenue et bénéficier de financements plus importants. La coordination entre les États doit être plus forte. « Au moment des négociations des achats de vaccins, chaque pays négociait pour lui, qui plus est dans une grande opacité, et dans un contexte de pénurie, souligne Jean-Pierre Door. Il y aurait pu au moins y avoir une démarche européenne commune ». Enfin, la façon dont la puissance publique a réagi en France à cette crise est porteuse de nombreuses leçons pour l’avenir. L’OPECST fait 32 recommandations qui passent notamment par la nécessité « d’aboutir à une meilleure fiabilité des données qui aident à la décision », « d’adapter la réaction » en fonction de l’évolution d’une épidémie et enfin « mieux prendre en compte la société et la réalité de son quotidien ».

Sur ce dernier chapitre, l’OPECST regrette vivement l’exclusion des généralistes de la campagne de vaccination. « Le médecin généraliste est un médiateur admirable de la pédagogie en matière de santé publique » souligne Marie-Christine Blandin. « Il est également plus à même que l’Assurance-maladie de repérer les patients à risque qui doivent passer en priorité dans une campagne de vaccination : femmes enceintes, personnes obèses, infirmes vivant à domicile » note pour sa part Jean-Pierre Door.

Au final ce rapport ne charge pas les pouvoirs publics mais pose les bonnes questions. Les deux rapporteurs n’ont pas de divergences de point de vue à l’exception d’un seul. La sénatrice des Verts estime que le pilotage de la gestion d’une crise sanitaire revient au Ministère de la santé et que le Ministère de l’Intérieur ne doit être qu’un exécutant. À l’inverse pour le député UMP, la place Beauvau est légitime a dirigé au moins une partie des opérations.

V.H.


Source : lequotidiendumedecin.fr