Dix-huit jours après le début de la campagne de vaccination, ce sont 1,6 million de Français, parmi les patients prioritaires, qui ont d’ores et déjà été vaccinés. Après des débuts poussifs, les centres de vaccination doivent désormais faire face à l’affluence. « La fréquentation a fortement augmenté depuis le samedi 21 novembre surtout dans les zones urbaines, a relevé jeudi Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur. Conformément à la demande du Président de la République lundi, tous les centres seront désormais ouverts du lundi au samedi avec des plages horaires élargies et dans les grandes villes également le dimanche ». Selon le ministre de l’Intérieur, la grande majorité des personnels travaillant dans le centre sont issus de la fonction publique. Outre les médecins militaires et les médecins du travail récemment appelés, les étudiants en médecine ayant validé la deuxième année du second cycle vont également renforcer prochainement les effectifs. Au total, ce sont 8 000 médecins et internes de médecine, 30 000 paramédicaux et 30 000 personnes administratives qui se relaient dans les centres de vaccination. Selon le ministère de la Santé, la réquisition de médecin libéraux non-volontaires est très « marginale » et a vocation à devenir exceptionnel avec le recours accru aux internes. Jeudi après-midi, le SML a cependant dénoncé des réquisitions dans les Hauts-de-Seine, département où la campagne a connu quelques ratés, notamment à cause du « non-respect par les pouvoirs publics des plages de disponibilités indiquées par les médecins volontaires, se traduisant par des réquisitions intolérables et contre productives », selon le SML 92. Le nombre de centres ouverts est très variable selon les départements : d’une cinquantaine dans le Nord et quatre dans les départements ruraux. La Seine-Maritime sort du lot pour sa bonne organisation, notamment la possibilité pour les patients de se prendre rendez-vous par internet pour se faire vacciner. Il est vrai que ce département a déjà une expérience de vaccination collective après avoir dû faire face récemment à un épidémie de méningite.
« Nous sommes en train de mettre en œuvre la plus grande opération de santé publique de notre histoire » a insisté Roselyne Bachelot, qui exclut toujours de permettre aux généralistes de vacciner dans leurs cabinets. Dans un entretien au quotidien Le Monde daté de vendredi, elle affirme que « basculer la vaccination sur la médecine libérale triplerait a minima le coût de la logistique et du paiement des professionnels ». À quoi la CSMF a immédiatement répliqué que « les médecins généralistes et les pédiatres libéraux, pourraient vacciner un million de personnes par jour, en offrant toutes les garanties de traçabilité requises et de respect de la chaîne du froid comme c’est le cas dans plusieurs pays européens, notamment en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, en Suisse, en Grande-Bretagne et dans certaines régions d’Italie ». MG France plaide dans le même sens mais avec nuance : « la vaccination dans les cabinets des médecins généralistes traitants doit être entendue comme une activité complémentaire à celle des centres dédiés. Les médecins généralistes sont les seuls à voir le million de personnes isolées à domicile et voient chaque jour des patients à risque qui souhaitent pouvoir être vaccinés par eux ». La situation des personnes, âgées ou handicapées, qui ne peuvent pas se déplacer est en effet actuellement problématique. Le cabinet de Roselyne Bachelot a indiqué jeudi que les équipes mobiles, celles qui vaccinent actuellement les collégiens et les lycéens dans leurs établissements, vont être prochainement renforcées et utilisées pour la vaccination des personnes isolées. Ces dernières pourraient être identifiées via les réseaux de HAD, les registres « canicule » des communes, voire éventuellement signalées par leurs médecins traitants. Enfin, Union généraliste estime que « la place du médecine dans l’acte vaccinal est de juger de l’indication du vaccin » et que « habituellement, cette décision se traduit par une prescription, sous forme d’ordonnance, avec le nom du médecin en haut et sa signature en bas ». Ce qui permettrait d’organiser deux files de vaccination dans les centres: ceux qui sont adressés par leur médecin avec une prescription et ceux qui préfèrent un dialogue avec le médecin présent. Pour l’heure une seule petite exception a été tolérée: l’unique médecin généraliste de l’île de Sein a été contacté par la DDASS du Finistère. « La Ddass m'a appelé pour me demander si j'étais disponible et me dire que j'allais être fourni en vaccins » a déclaré à l'AFP le Dr Ambroise Menou. Dans un premier temps, l'administration avait opté pour l'envoi à Sein d'une équipe mobile en hélicoptère mais pas avant une quinzaine de jours, au grand dam des insulaires, qui sont 200 en hiver. Le généraliste de 62 ans a recensé mardi et mercredi une vingtaine de candidats à la vaccination.
Pour sa part, l’AFSSAPS a enregistré 567 événements indésirables sur le premier million de patients vaccinés. Mais seulement, 24 nouvelles observations « médicalement significatives », entraînant une gêne fonctionnelle ou une incapacité temporaire, ont été rapportées la semaine dernière. Et seulement sept nouvelles observations graves ont été signalées dont deux réactions allergiques (œdème de Quincke et choc anaphylactique) d’évolution favorable, deux cas de paresthésie et un cas de douleur thoracique. Deux cas d’embolie pulmonaire et pneumopathie sont en cours d’évaluation. Enfin, le diagnostic de syndrome de Guillain-Barré rapporté le 12 novembre dernier suite à une vaccination chez une soignante de 37 ans a été définitivement écarté.
Quant à la vaccination des professionnels de santé eux-mêmes, elle progresse mais reste encore modeste. Selon le ministère de la Santé, 200 000 professionnels de santé ont été vaccinés depuis l’ouverture de la vaccination en établissement de santé le 20 octobre dernier soit seulement 25 % de la population cible et avec de grandes disparités selon les établissements. En revanche, le ministère n’est pas en mesure de chiffrer le nombre de médecins libéraux qui ont été vaccinés dans la mesure où ceux-ci sont censés se faire vacciner dans les centres avec le reste de la population.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature