De l’aveu même du corps médical, tous les actes médicaux pratiqués ne seraient pas justifiés. Un sondage* TNS commandé par la Fédération hospitalière de France (FHF) et disponible en ligne (format PDF), livre d’intéressantes statistiques. Les médecins interrogés considèrent que 72 actes sur 100 sont pleinement justifiés (76 % selon les spécialistes libéraux, 68 % selon les généralistes libéraux et 74 % selon les médecins hospitaliers).
Les généralistes se font plus sévères s’agissant de leur propre discipline : ils sont 27 % à estimer que plus d’un acte sur cinq n’est pas justifié en médecine générale.
Pour les généralistes (MGL), la demande des patients est à l'origine des actes injustifiés dans 93% des cas (sondage TNS).
La demande des patients est la première raison avancée (85 % des sondés y font référence ; chez les généralistes, le taux grimpe à 93 %). Suivent la peur du risque judiciaire (58 % des 803 médecins interrogés), un problème lié à la formation médicale (39 %), l’absence de contrôle des pratiques (27 %), les incitations économiques (20 %). L’absence de référentiels partagés par les professionnels est citée par la moitié des jeunes médecins (exerçant depuis moins de dix ans).
Pas de sanction contre les médecins trop enclins à prescrire
La FHF a fait de la pertinence des actes l’un de ses chevaux de bataille. La lutte contre les actes superflus est un enjeu de santé publique autant qu’un enjeu économique, fait-elle valoir. Son président, interrogé ce 4 juillet par « Le Figaro », précise ne pas réclamer de sanctions contre les médecins qui prescrivent trop.
« Ce n’est pas notre logique, observe Frédéric Valletoux. La première chose à faire, c’est de rendre l’information disponible. Dans les mois qui ont suivi notre campagne de communication sur les radiographies du crâne inutiles, leur nombre a reculé de 9 %. Il y a encore trop peu de référentiels qui, sur la base d’études scientifiques incontestées, indiquent aux médecins quels actes prescrire dans quels cas - même si la Haute autorité de santé a commencé ce travail, sur la cataracte ou les césariennes. Mais on doit aussi modifier les modes de rémunération pour que les revenus des professionnels de santé libéraux et des hôpitaux dépendent moins des volumes d’actes ».
Mise à jour (jeudi 5 juillet) : les spécialistes de la CSMF n'ont pas tardé à réagir à ce sondage. Dans un communiqué, le syndicat dénonce la tentation de stigmatiser la médecine libérale et pointe du doigt le manque de transparence de l'hôpital pour les actes.
* L’enquête a été réalisée du 27 avril au 4 mai 2012 auprès d’un échantillon national de 803 médecins (402 médecins hospitaliers, 201 spécialistes libéraux, 200 généralistes libéraux).
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