Une étude publiée ce mardi dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (n° 49-50) montre que plus d’un quart des salariés vus en médecine du travail sont en situation de vulnérabilité sociale avec des conséquences négatives sur leur état de santé. L’étude visait à faciliter l’accès à la prévention et aux soins de ces salariés grâce à un partenariat entre 32 Services de santé au travail (SST) et 20 centres d’examens de santé de l’Assurance-maladie dans 10 régions françaises (Nord-Pas-de Calais, Champagne-Ardenne, Lorraine, Bourgogne, Rhône-Alpes, Auvergne, Paca, Aquitaine, Poitou-Charentes, Pays-de-la-Loire). Cette phase expérimentale qui s’est déroulée entre 2008 et 2010, a permis d’identifier au cours de la visite médicale du travail les travailleurs les plus vulnérables et à leur proposer un bilan de prévention. Un échantillon aléatoire de 15 692 salariés du régime général et de la fonction publique, a été interrogé au moyen d’un questionnaire par 192 médecins. Les résultats montrent que 27 % des travailleurs (4 272) sont en situation de vulnérabilité. Un bilan a été proposé à 4 365 salariés dont les 4 272 les plus vulnérables. Près de la moitié a accepté. Les refus ont avancé différents motifs : pas intéressés (45 %), déjà suivi par un médecin (29 %), bilan déjà réalisé (14 %), éloignement géographique du CES (6 %), difficultés pour s’absenter du lieu de travail (5 %). Comparés aux travailleurs non vulnérables, les travailleurs à qui un bilan a été proposé ont « un état de santé dégradé » pour la plupart des indicateurs : tabagisme (41 % des femmes et 56,4 % des hommes contre respectivement 21 % et 25 %), absence de d’activité physique (60 % des femmes et 46 % des hommes contre 42 % et 34 %), défaut de recours aux soins (absence de consultation gynécologique dans l’année, de contraception orale, de consultation chez le dentiste au cours des deux dernières années, au moins une dent cariée non traitée). Ils sont plus nombreux à se percevoir en mauvaise santé (39 % des femmes et 37 % des hommes contre 19 % et 18 %), souffrent plus souvent d’obésité (21 % des femmes et 15 % des hommes contre 9 % et 10 %), de diabète (2 % des femmes et 5 % des hommes contre 0,8 % et 2 %) ou encore d’hypertension artérielle (18 % des femmes et 36 % des hommes contre 14 % et 26 %).
Selon les auteurs, Jean-Jacques Moulin et col., l’étude apporte des « résultats essentiels en épidémiologie et en santé publique ». Ils proposent d’étendre l’expérimentation afin d’améliorer l’action des CES en direction des plus vulnérables.
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