JUSQUE dans les années 1990, les caractéristiques des décès néonatals (survenant entre 0 et 28 jours) étaient mal connus, en raison d’un système d’information mal adapté. Depuis 1993, le recueil des causes de décès inclut les enfants nés vivants et décédés avant leur inscription à l’état civil - ils ne sont plus enregistrés comme mort-nés. Tous les décès désormais répertoriés, le recueil s’est encore amélioré grâce à la mise en place d’un certificat spécifique, élaboré suivant les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et testé dans 22 services de maternité avant d’être définitivement adopté en 1997. Il permet de distinguer les causes de décès liés à l’enfant ou au foetus des causes maternelles ou obstétricales et fournit des informations détaillées sur le nouveau-né, l’accouchement et les parents.
Le « BEH » n° 4/2006 publie le bilan des décès de l’année 1999, juste après la période de mise en place du certificat. L’étude a porté sur 2 036 des 2 045 décès néonatals comptabilisés par l’Insee en 1999, les neuf nouveau-nés exclus étant décédés le premier jour de vie d’une cause spécifique aux adultes. Le certificat de décès a été utilisé dans 87 % des cas. Ce chiffre témoigne d’une adhésion rapide des médecins, qui ont permis un recueil de données de bonne qualité, même si certains items relatifs à la situation sociale des parents sont moins bien renseignés – «ce qui peut affecter l’étude des inégalités sociales de mortalité», signalent les auteurs.
Plus de garçons.
Les décès concernent un peu plus les garçons (55,9 %) que les filles (44,1 %) et l’âge du décès est plus précoce chez les premiers. Un grand nombre de décès concerne des enfants nés avant terme : 30,5 % avant 27 semaines et 25 % entre 27 et 32 semaines. Mais la prématurité est une cause peu fréquente, car elle ne peut être retenue, comme d’ailleurs le faible poids de naissance, qu’en l’absence de toute autre cause sur le certificat. En revanche, l’âge gestationnel est un facteur de risque essentiel. Les auteurs observent que les enfants nés avant 33 semaines représentent 55,5 % des enfants décédés en 1999 pendant le premier mois de vie, alors qu’ils ne représentent que 1,3 % des naissances, d’après les données de la cohorte Epipage fondée sur toutes les naissances de neuf régions françaises. «Les enfants nés à 22semaines décèdent le premier jour, ceux nés à 23 ou 24semaines décèdent pendant la première semaine, les enfants nés à 25-26semaines décèdent avant la troisième semaine, alors que, pour les enfants nés entre 27 et 32semaines, les décès sont plus étalés dans le temps jusqu’à la fin de la quatrième semaine», précisent-ils.
Les anomalies congénitales représentent plus d’un quart des causes de décès (27,9 %). «Une part relativement importante», notent les auteurs, compte tenu d’une politique très active de dépistage anténatal mise en place en France et qui conduit à des interruptions médicales de grossesse, à une prise en charge particulière à la naissance ou à une planification d’une intervention chirurgicale lorsque les anomalies présentent un risque très élevé de mortalité. Les anomalies les plus fréquentes portent sur l’appareil circulatoire. Le coeur, à lui seul, est responsable de 12,5 % des décès néonatals, loin devant les anomalies du système nerveux (3,5 %), du système ostéoarticulaire (2,9 %) ou de l’appareil respiratoire 2,8 %), environ 6 % sont classés dans la rubrique « autres anomalies ». Selon les auteurs, le classement des anomalies, encore peu précis, devrait s’améliorer si les certificateurs s’attachent à les décrire de façon plus détaillée.
Cette cause de décès est fréquente, surtout parmi les enfants nés après 32 semaines (40 % des causes), les anomalies congénitales constituant une part relativement faible des causes de décès chez les enfants très prématurés.
Causes maternelles et souffrances foetales.
Cependant, les causes de décès les plus fréquentes sont d’origine périnatale (deux tiers des décès). Parmi elles, les causes maternelles et obstétricales – affections de la mère, complications maternelles de la grossesse, anomalies du placenta, du cordon et des membranes – et les complications du travail et de l’accouchement représentent 12,8 % des décès. Viennent ensuite, avec 10 % de la totalité des décès, les souffrances f?tales avant et pendant le travail : hypoxie intra-utérine et asphyxie à la naissance. Les infections de la période périnatale, c’est-à-dire acquises avant ou pendant la naissance, le plus souvent des septicémies, sont responsables de 7,2 % des décès, tandis que les hémorragies, en majorité (89 %) intraventriculaires, sont en cause dans 9,5 % des cas.
* Béatrice Blondel, Mireille Eb, Nicole Matet, Gérard Bréart et Eric Jougla.
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