"Mieux vaut suspendre les classes une semaine dans une école pour stopper la transmission du virus, plutôt que d'affronter un débordement de cas qui prendrait de court les hôpitaux". Non, ce n’est pas le ministre de l’Education Nationale Français, Luc Chatel, qui dit cela, mais José Angel Cordova, ministre de la Santé Mexicain. Six mois après l’apparition des premiers cas au Mexique, le virus semble en effet y faire un retour en force: le nombre de cas mortels s'établit désormais à 220 (contre 200 le mois dernier) et près de 2.000 nouveaux cas de contamination ont été signalés dans le pays la semaine dernière.
En France aussi le dépassement du seuil épidémique s’est confirmé pour la deuxième semaine consécutive. Selon le dernier bilan publié mercredi 23 septembre par le réseau Sentinelles de l’Inserm, 262 cas pour 100 000 habitants ont été constatés lors de consultations la semaine du 14 au 20 septembre, soit davantage que le seuil épidémique (90 pour 100 000) et nettement plus que la semaine d’avant (163 pour 100 000). La quasi totalité des régions (19 sur 22) dépassent désormais le seuil épidémique: la Haute-Normandie (554), le Nord-Pas-de-Calais (410), l’Auvergne (400) et l’Alsace (389) étant les régions les plus affectées. Au total, 165 000 nouveaux cas la semaine dernière et 265 000 lors des deux dernières semaines ont été vus en médecine générale. Selon le ministère de la santé ces syndrômes grippaux relèvent à 80% du H1N1. Mais cette grippe dominante s’avère toujours relativement peu agressive : Sentinelles relevant pour l’heure moins de 1% d’hospitalisation seulement.
François Fillon annonce sa stratégie vaccinale
Dans ce contexte, tous les yeux sont de nouveau tournés vers la préparation du vaccin. François Fillon a détaillé jeudi le plan de vaccination contre la grippe H1N1, qui débutera à la mi-octobre par les personnels de santé qu'il a appelés à faire preuve de "responsabilité", alors que nombre d'entre eux rechignent encore à se faire vacciner. "Je veux rappeler que la vaccination n'est pas obligatoire mais je fais appel à la responsabilité de chacun", notamment celle "des personnels de santé : nous avons besoin d'eux pour protéger l'ensemble des Français", a lancé le Premier ministre lors d'une conférence de presse à Matignon. En début de semaine, l’Ordre des médecins avait déjà lancé un appel au corps médical, en soulmignant que les médecins devaient donner l’exemple en commençant par se faire vacciner eux-mêmes.
Reprenant avec quelques modifications les recommandations faites par le Haut conseil de la santé publique (HSPC), François Fillon a dressé la typologie des personnes prioritaires pour cette campagne, dont il a confirmé qu'elle se ferait de manière "collective", dans des lieux publics et pas chez le généraliste , sous l'autorité des préfets et des services de santé. Selon une liste dressée par Matignon, "les personnels de santé de réanimation, néonatale et pédiatrique" seront vaccinés en priorité. Suivront les "personnels médical, paramédical et aide-soignant des établissements de santé , ainsi que les médecin s et infirmiers" exposés à des patients grippés. Les femmes enceintes arrivent ensuite, suivies de "l'entourage des nourrissons de moins de 6 mois", des professionnels chargés de l'accueil de la petite enfance, des nourrissons de 6-23 mois avec facteur de risque, des sujets de 2 à 64 ans avec facteur de risque. Enfin, en bas de la liste figurent les personnes de plus de 65 ans avec facteur de risque, les 2-18 ans sans facteur de risque puis les personnes âgées de plus de 18 ans sans facteur de risque.
Alors que 94 millions de doses ont été commandées, François Fillon et Roselyne Bachelot n'ont pas donné le détail de leur disponibilité. La ministre a simplement affirmé que la France devrait disposer "vers le 9 octobre d'environ 1 à 1,2 million de doses" de vaccins en provenance du laboratoire GlaxoSmithKline (GSK). Le pays a également reçu 12.000 doses sur les 50.000 doses commandées chez Baxter, a-t-elle précisé. De son côté, Sanofi-Aventis pourra livrer à la France ses vaccins contre la grippe H1N1 "à partir de fin novembre", selon son directeur général Chris Viehbacher. Les travaux menés aux Etats-Unis montrent qu’une seule dose devrait suffire pour vaccinner les jeunes jusqu’à 17 ans.
Bachelot rassure sur le vaccin
En début de semaine, la ministre de la Santé, avait déjà indiqué que les premières AMM pourraient être délivrées en France début octobre. Intervenant au Grand jury RTL-LCI-Le Figaro dimanche dernier, Roselyne Bachelot, a encouragé la vaccination, se faisant rassurante sur l'innocuité des futurs vaccins contre le nouveau virus. "Nous sommes en train de nous préparer à vacciner l'ensemble de la population, à travers des centres de vaccination, selon les ordres de priorités qui ont été fixés en toute sécurité". Et de préciser : "Nous ne vaccinerons qu'avec des vaccins qui auront subi tous les tests, qui auront subi la procédure d'AMM, d'autorisation de mise sur le marché. Nous avons évidemment des vaccins parfaitement testés pour leur efficacité et pour leur innocuité". En réponse aux craintes et aux critiques portant sur les adjuvants destinés à doper l'efficatité des vaccins, elle souligne aussi que "les adjuvants qui sont utilisés dans les vaccins sont des adjuvants qui ont été utilisés à des dizaines de millions d'exemplaires dans d'autres vaccins. Ce sont des produits absolument testés et qui ont fait la preuve de leur innocuité."
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