L'ETAU se resserre autour des marqueurs de risque de mort subite d'origine cardiaque. Après avoir impliqué un indice de masse corporelle (IMC) au-delà de 25, des chercheurs de l'Inserm ont affiné la traque de la surcharge pondérale. J.-P. Empana et coll. ont constaté que l'adiposité abdominale est plus fortement associée à ce risque qu'un IMC élevé. Cet emplacement privilégié des réserves adipeuses semble particulièrement facile à apprécier à partir de la mesure du diamètre abdominal. Avec un seuil à ne pas dépasser qui est de 24 cm.
L'étude rapportant ce travail français est publiée dans la revue « Circulation » ; elle fait également l'objet d'une communication au congrès de l'American Heart Association, à La Nouvelle-Orléans.
Les chercheurs de l'équipe Avenir de l'Inserm, unité 258 (Villejuif), ont analysé les données de l'Enquête prospective parisienne 1. Pendant plus de vingt ans, de 1967 à 1994, les causes de mortalité de 7 079 hommes, âgés de 43 à 52 ans, ont été relevées. Sur les 2 083 décès enregistrés, 603 étaient d'origine cardio-vasculaire, avec, notamment, 118 par mort subite d'origine cardiaque et 192 par infarctus du myocarde. Les scientifiques se sont particulièrement intéressés à la mesure de l'adiposité abdominale, qui était évaluée, dans ce cas, par une mesure du diamètre abdominal.
Même avec un IMC inférieur à 25.
Dans un premier temps, l'analyse a éliminé les autres causes connues de risque cardio-vasculaire, telles que l'âge, le tabagisme, l'hyperlipidémie, le diabète ou l'activité physique insuffisante. Il apparaît que, même lorsque l'IMC est inférieur à 25, un diamètre abdominal supérieur à 24 cm triple le risque de mort subite d'origine cardiaque.
L'adiposité abdominale, expliquent les membres de l'équipe, s'accompagne d'une dispersion des acides gras libres dans le sang. Elle favorise également la survenue d'un diabète. Les prochains travaux devront s'attacher à comprendre les déterminants de cette localisation préférentielle des graisses. De même, il faudra découvrir les mécanismes liant cette accumulation et la mort subite. Enfin, ces conclusions restent à transposer chez la femme.
L'implication du diamètre abdominal conduit à deux attitudes pratiques. Tout d'abord, la simple évaluation de l'IMC risque de conduire les praticiens à une sous-évaluation de la population à risque de mort subite. Ensuite, un nouveau geste devrait faire partie de l'examen clinique, la mesure du diamètre de l'abdomen. Une habitude simple, « gratuite », non invasive et indolore... au bénéfice réel pour le patient.
Ces morts subites, qui surviennent dans l'heure qui suit l'apparition d'un symptôme, tel qu'une douleur thoracique ou une dyspnée, touchent environ 40 000 personnes par an, soit environ 10 % de tous les décès en France.
J. P. Empana, P. Ducimetière, M. A. Charles, X. Jouven , « Circulation » 2004 ; 110 : 2781-2785, 2 novembre 2004.
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