C’est une confirmation : après une année 2009 déjà médiocre, l’année 2010 a été mauvaise pour les généralistes en terme de revenus. Même si les chiffres n’ont pas encore été validés par la Cour des comptes, l’Assurance-maladie a confirmé jeudi matin ses précédentes estimations : ses dépenses remboursées pour les soins de médecins généralistes ont diminué de 2,2 % en 2010 par rapport à l’année précédente. La raison essentielle est le contexte épidémique faible, surtout par rapport à l’année 2009 qui avait été marqué par deux pics de grippe : en début d’année pour la grippe saisonnière et en fin d’année pour la grippe A. Ainsi 6,5 millions de patients avaient consulté un généraliste pour symptômes grippaux en 2009 contre seulement 1,1 million en 2010. « Les niveaux de remboursements de médecine générale dépendent essentiellement de deux facteurs : les épisodes épidémiques aigus dont surtout la grippe et les éventuelles revalorisations du C, » a expliqué jeudi matin à la presse, Frédéric van Roekeghem, le directeur de la CNAMTS.
Année blanche pour le C
Inutile de rappeler que 2010 a été une année blanche en terme de revalorisation du C, comme d’ailleurs 2009 et 2008, et les premières primes versées aux signataires des CAPI, l’an dernier, n’ont pas réussi à inverser la tendance provoquée par la plus faible demande de soins. Or depuis le début des années 2000, les remboursements de dépenses de généralistes ont véritablement fait un mouvement de yo-yo : +2,5% en 2009, -1,2% en 2008, -0,2% en 2007, +2,3% en 2006, +4,3% en 2005 et -2,5 % en 2004.
À l’inverse, les dépenses de spécialistes et de chirurgiens-dentistes sont beaucoup moins volatiles. En 2010, elles ont augmenté de 1,3 % pour les premiers et de 0,2 % pour les seconds. On remarquera que si les généralistes et les autres spécialistes forment deux populations de taille à peu près égale, les premiers ne pèsent que 8 % de la dépense de soins de ville, contre 14 % pour les seconds. Enfin, les soins infirmiers connaissent toujours une forte croissance : +8,2 % en 2010. « La demande de soins infirmiers est beaucoup plus sensible au vieillissement de la population, en particulier le poids des plus de 80 ans, que les soins de médecine générale » remarque le directeur de la CNAMTS.
Les infirmiers sont justement en pleine négociation avec l’Assurance-maladie d’avenants conventionnels. Mais sitôt fini, le directeur de l’Uncam reprendra langue avec les syndicats de médecins libéraux qui viennent de recevoir les résultats de l’enquête de représentativité syndicale. La diversification des modes de rémunération des généralistes selon trois étages (paiement à l’acte, forfait et atteinte d’objectifs) sera un des gros morceaux de cette négociation. Cette diversification permettra-t-elle de lisser davantage dans les temps les revenus des généralistes et d’estomper les effets épidémiques ?
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