« 2009 sera une année charnière. » C’est Roselyne Bachelot qui l’a annoncé samedi dernier en clôturant le 39ème Congrès de la Mutualité Française à Bordeaux. La ministre ne faisait pourtant pas allusion à l’entrée en application de sa réforme, mais à ce fâcheux « retournement de conjoncture » qui fait flamber le déficit de l’assurance maladie… Quelques jours plus tôt, devant la même assemblée de 3 000 congressistes, le président de la République martelait de façon plus volontaire –mais moins explicite- qu’il faudrait « faire des choix » sur le périmêtre de la protection sociale.
A la veille d’un scrutin européen traditionnellement protestataire, le ton était inhabituellement franc et hardi. Autant dire que la nette victoire de l’UMP depuis lors devrait décupler les impatiences réformatrices de l’exécutif. Déjà, l’Assurance maladie planche sur des mesures d’économie. Jusque-là rien de bien neuf. Comme chaque année au début de l’été, la Sécu y va de son plan. Jeu de rôles convenu, qui est aussi pour le gouvernement une bonne façon de préparer l’opinion –et les blouses blanches- à un PLFSS de rigueur. Augmenter le C dans ces conditions ? Autant ne même pas y penser…
Le gouvernement sera-t-il plus audacieux, en menant à terme des pistes de réforme que le Président a dû remiser sur l’autel de la crise ? Toujours en verve, Martine Aubry prédit « un tour de vis social » qui, cela va sans le dire, s’étendrait à la privatisation de la santé. Malheureusement pour l’ancienne ministre des Affaires sociales, ce chiffon rouge n’est pas parvenu à lui éviter la déroute. Sans aller jusqu’à ces extrémités, le débat entre responsabilité individuelle et solidarité nationale pourrait être rouvert dans les mois qui viennent. A Bordeaux, le chef de l’Etat s’y est référé avec insistance à propos du financement des « nouveaux besoins », dépendance notamment. Un grand classique, là encore. En 2007 déjà, l’Alzheimer et le cancer n’avaient-ils pas servi de prétexte à l’instauration des franchises ?
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