JAZZ-ROCK
PAR DIDIER PENNEQUIN
M ILES DAVIS restera un jazzman incontournable. De ces personnages qui font référence. Eternellement. A l'occasion du 75e anniversaire de sa naissance - le 26 mai 1926 - et pour les 10 ans de sa disparition - le 25 septembre 1991 - l'année 2001 sera donc celle du charismatique trompettiste, dont la personnalité et le legs musical sont toujours omniprésents.
Car, depuis son arrivée sur la scène du jazz à la fin des années 1940, Miles - seul jazzman identifiable par son prénom ! - a toujours su précéder les courants, voire les créer. Ainsi le jazz-rock, devenu Fusion au fil du temps, dont, en ce troisième millénaire, les adeptes de l'électro-jazz s'inspirent quelque part.
On doit au divin trompettiste d'avoir, avec plusieurs illustres allumés (au sens propre comme au sens figuré) - John Coltrane, Julian Cannonball Adderley, Bill Evans, Wynton Kelly, Paul Chambers, Jimmy Cobb - enregistré « Kind of Blue » (1959), LE chef-d'uvre du jazz moderne et modal, triple Disque de Platine et album de jazz le plus vendu dans le monde.
On doit aussi à Miles Davis d'avoir su choisir ses partenaires tout au long de sa longue carrière et d'avoir su les propulser sur le devant de la scène. Communément appelés les « enfants de Miles », de John Coltrane à Kenny Garrett en passant par Joe Zawinul, Wayne Shorter, Herbie Hancock, Chick Corea et tant d'autres, ils forment, ou ont formé, le fer de lance d'un jazz authentique qui a tendance à disparaître aujourd'hui au profit d'autres musiques. Que serait le jazz devenu sans l'immense apport musical et personnel du trompettiste ?
Afin de retrouver ce mentor de plusieurs générations, Columbia (Sony Music) propose toute une série de rééditions, remastérisées en 24 bit, avec des titres jusque-là inédits et de nouveaux textes de pochette.
Au programme de ce printemps, « Round About Midnight » (1955/1956), premier album enregistré par Miles pour le label avec déjà John Coltrane (saxe-ténor), Red Garland (piano), Paul Chambers (basse) et Philly Joe Jones (batterie), qui compte quatre thèmes inédits ; « Milestone » (1958), avec l'arrivée de Julian Cannonball Adderley (saxe-alto), qui vient s'ajouter aux musiciens déjà cités, préfigure le tournant que donnera « Kind of Blue », l'année d'après ; « Miles Davis at Newport » (1958), qui sort pour la première fois en CD, où en cette soirée du 3 juillet 1958 donnée dans le cadre du Newport Jazz Festival - considéré comme le premier festival de jazz au monde créé par Georges Wein - le magnifique trompettiste présente sur scène et en direct les artisans de la révolution à venir ; « Jazz at The Plaza » (1958), où les mêmes interprètent deux standards et deux compositions originales de Sonny Rollins et Thelonious Monk d'une façon étonnante pour l'époque.
Enfin, en matière de compilations essentielles, Columbia propose également « The Best of Miles Davis & John Coltrane (1955-1961) », soit neuf titres tirés du prestigieux et magnifique coffret sorti en l'an 2000, « The Complete Columbia Recordings », et « The Essential », un double CD qui réunit des morceaux de légende tout labels confondus - Savoy Records, Capitol, Prestige, Blue Note, Clumbia et Warner Bros - de 1945 à 1986.
Enfin, à l'automne prochain afin de célébrer le 10ème anniversaire de la disparition de Miles, Columbia proposera « Live at The Fillmore East », un enregistrement totalement inédit datant de 1970, où l'on retrouvera le leader à la tête d'une formation électrique emblématique, et « The Complete In A Silent Way Sessions », un coffret de 3 CD qui devrait couvrir l'éclosion et la propagation de la période jazz-rock de Miles Davis, voici déjà trois décennies.
La dernière frappe de Billy Higgins
Des batteurs, on a coutume de dire qu'ils sont soit « discrets et efficaces », soit de « véritables bûcherons ». Billy Higgins, qui vient de disparaître à l'âge de 64 ans des suites d'un cancer du foie, n'était ni l'un ni l'autre.
Au contraire, sa force de frappe était facilement reconnaissable, tant par le subtil touché sur la peau des tambours que par la finesse de l'approche des cymbales. Avec lui ni excès musculaire, ni fougue démonstratrice, mais un maître mot : délicatesse.
Une délicatesse qui lui a cependant valu de participer à l'histoire mouvementée du jazz dès le début des années 1960 en participant à un enregistrement mythique, « Free Jazz » (1960), avec le double quartette d'Ornette Coleman (l'autre batteur étant Ed Blackwell). Puis vint la brève rencontre avec Thelonious Monk, John Coltrane ou Sonny Rollins. Très demandé par la suite, on le retrouve aux côtés de Cecil Taylor, Paul Bley, Bobby Hutcherson, Art Farmer, Art Pepper, Herbie Hancock, Pat Metheny, Charlie Haden, Sun Râ, puis des jeunes loups comme Joshua Redman, et enfin l'année dernière à Marciac, avec Charles Lloyd. Au royaume des fûts, un ange s'en est allé.
Un radio jazz sur le Net
Paris Jazz, l'une des radios thématiques jazz de la capitale (avec notamment TSF 89,9), vient de lancer une radio jazz sur internet : www.parisjazz.fr
Née en octobre 1996, Paris Jazz est une radio qui émet sur la région parisienne (88,2) durant deux tranches horaires (de 14 h à 19 h et de 23 h à 7 h). Tous les styles de jazz - du New Orleans au jazz contemporain et au-delà - sont diffusés et on y retrouve l'actualité des concerts, des festivals et des sorties phonographiques. Le blues comme la soul music ont également droit de cité et la radio est écoutée par une moyenne de 45 000 auditeurs par jour en Ile-de-France. Les programmes sont également diffusés dans toute l'Europe via le satellite Astra 1H ainsi que pour les abonnés de CanalSatellite et NCNuméricâble. Enfin, pour les habitués des longs courriers d'Air France, une sélection Paris Jazz figure au sommaire du menu radiophonique.
BLOC-NOTES
Larry Schneider
Larry Schneider n'est pas tout à fait un saxophoniste ténor inconnu pour les habitués des clubs parisiens. En effet, cet ancien complice de Thad Jones, Billy Cobham, Horace Silver ou encore Bill Evans aime beaucoup cette ambiance feutrée et le contact du public. A la tête de son groupe - coïncidence, trois « François » : Méchali (basse), Couturier (piano) et Laizeau (batterie) - il va présenter le produit d'un travail nouveau.
Paris, Sunside (01.40.26.21.25). CD : « Correspondances » (Charlotte Records/Night&Day).
Juan José Mosalini
Maître majeur du tango argentin, Juan José Mosalini (bandonéon) réside en France depuis maintenant près de vingt-cinq ans. Enseignant, créateur, musicologue, cet homme s'est toujours battu pour que la musique de son pays sorte d'une espèce de folklore en la faisant entrer dans les plus grands conservatoires et les écoles de musique. A la tête de son grand orchestre de tango, il renoue avec la tradition et les racines dans le cadre des Buenos Aires Tango.
Paris, Théâtre national de Chaillot (01.53.65.30.00), du 25 au 27 mai. CD : « Ciudad Triste » (Indigo/label Bleu).
Russell Malone
Le nom et la renommée de ce jeune guitariste surdoué sont attachés aux pas de la chanteuse Diana Krall, qui fut à l'origine de sa découverte voici une dizaine d'années maintenant. Depuis, Russell Malone vole de ses propres ailes grâce à son style très inspiré par George Benson, Wes Montgomery ou Grant Green, faisant de lui un musicien à suivre et à respecter tant il est porteur de traditions.
Paris Jazz Festival, Parc floral du bois de Vincennes, 27 mai, 16 h 30.
Olivier Temime
Le saxophoniste ténor Olivier Temime est l'un des grands espoirs du jazz en France grâce à une très grande puissance sonore, un jeu particulièrement accrocheur et un style qui mélange allègrement les divers courants du jazz moderne. Son association avec l'organiste Emmanuel Bex et Jean-Pierre Arnaud (batterie) est un beau moment de swing et de soul.
Paris, Duc des Lombards (01.42.33.22.88), les 25 et 26 mai, 21 heures.
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