AUJOURD’HUI radiologue heureuse exerçant dans plusieurs centres, le Dr Camille C. se souvient bien volontiers qu’elle a suivi une longue route, où les choix ont été parfois dictés par les besoins matériels. Mais aussi que ce cheminement lui a conféré la passion pour le métier qu’elle exerce maintenant.
Ayant passé brillamment son bac, la jeune Camille hésitait entre les professions de médecin, d’avocat et de journaliste, mais c’est le goût pour un métier de la santé qui l’emporte. En témoigne une inscription, à l’école de pharmacie (un an), puis, «pour suivre un copain», à l’école de kinésithérapie. Le diplôme décroché, voilà Camille exerçant son métier à temps plein à la Pitié-Salpêtrière, en service de rééducation neurologique (Pr Held). «Je me suis sentie très vite limitée. La kinésithérapie me donnait une teinture de médecine, et m’a montré que c’étaient les matières médicales qui m’intéressaient. Mais j’ai eu envie d’aller plus loin, plus au fond des choses.»
« L’année où j’ai le plus travaillé ».
Une partie de son temps est consacrée à des patients du service du Pr Pierre Godeau. Là, le déclic se fait : «Dans ce service de médecine interne de niveau extrêmement élevé, où l’on voyait les moutons à cinq pattes», Camille est impressionnée par la prise en charge des soignants. Elle décide alors de tenter le coup : prendre une année de disponibilité, comme l’AP le permet, pour s’inscrire en P1.
«Je me suis retrouvée outsider au premier semestre. Au concours de 1975-1976, il y avait beaucoup de monde venant de math sup et 23% de reçus à la clef. C’était l’ambiance concours. C’est l’année où j’ai le plus travaillé de ma vie. J’ai cartonné dans les matières biologiques (biologie cellulaire, histologie, biophysique, biochimie), mais il a fallu que je donne un grand coup de collier pour les maths et la physique.»
Les efforts portent leurs fruits, puisque la voilà admise à la fin de l’année avec 13 de moyenne. Elle réintègre l’AP et reprend son travail de kiné. Il fallait bien gagner sa vie. Pendant la deuxième et la troisième année de médecine (P2, D1), Camille exerce son métier de 12 heures à 20 heures à la consultation du Pr Held et dédie ses matinées aux cours, puis au stage hospitalier non rémunéré du début des études médicales.
En D2, l’externat. Une année très chargée pour Camille, soldée par un examen en juin, qui la laisse «sur les rotules». En D3, la pression diminue un peu : Camille demande une bourse de FPA (formation professionnelle pour adultes, délivrée par le ministère du Travail) qui s’ajoute à la paie symbolique d’externe. Ce qui lui permet de continuer avec l’équivalent du smic. A des stages de FFI en D4 aux urgences à l’hôpital de Neuilly, succède un stage interné à Garches.
Les internes lui soufflent l’idée : inscris-toi en CES de radiologie, c’est la dernière année où cela est possible. Ayant travaillé six mois en clinique privée, Camille pouvait s’inscrire au chômage (ce que n’aurait pas permis l’AP) pour poursuivre.
«L’intérêt de la discipline était alors que l’on pouvait faire des vacations de radiologie, mais j’ai souffert un martyre. Je détestais la radiologie! Mais c’était l’une des seules spécialités où je pouvais gagner rapidement ma vie.»
Le choix a donc été alimentaire au départ. Et maintenant ? La discipline s’est enrichie considérablement des autres moyens d’exploration (échographie, scanner, IRM, maintenant scanner spiralé). «Et puis j’ai une bonne formation de clinicienne. Après, quand tu deviens bon en imagerie, si tu es bon clinicien, ton métier devient passionnant. Ta part dans l’équipe médicale est importante. Et tu as un vrai contact avec les patients. On travaille en équipe pluridisciplinaire (chirurgiens, gastro, chimiothérapeutes, radiothérapeutes, radiologues, anapath) .»
Maintenant, «on tombe sur des gens plus jeunes aux urgences “qui tirent tous azimuts”. Or un examen complémentaire n’a de sens que si les choses sont faites dans l’ordre: l’imagerie après l’examen clinique. Il faut savoir ce que l’on cherche…Les progrès immenses ont fait que nous sommes devenus indispensables aux chirurgiens et aux urgentistes.»
Camille a réussi à «rabouter les paramètres» pour rendre son métier passionnant.
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