Elles ont une semaine plus courte: VRAI ET FAUX
Des travaux concordants adjugent le temps de travail hebdomadaire d’un généraliste à 56 heures pour un homme et 50 heures pour une femme, avec un quart de femmes qui exerceraient à « temps partiel » et quasiment pas d’homme. En juillet 2009, dans une étude sur « le temps de travail des médecins généralistes », l’IRDES constate deux évolutions depuis les années quatre-vingt-dix : « une tendance nette à la convergence des niveaux moyens d’activité des omnipraticiens quel que soit leur âge » et « une augmentation de l’activité moyenne des femmes qui représentait 60 % de celles des hommes en 1990 et 70 % en 2000 ». « Si les comportements étaient restés constants depuis trente ans, le temps de travail total des médecins aurait dû diminuer depuis les années quatre-vingt-dix avec la féminisation, note la sociologue Géraldine Bloy. Or justement il a augmenté, ce qui prouve que les comportements sont de plus de plus homogènes ». Selon des projections de la DREES, le service statistique du ministère de la Santé, si ce « rattrapage » se poursuit au même rythme, « l’égalisation de l’activité moyenne des hommes et des femmes généralistes libéraux » devrait être atteinte en 2025. Il reste qu’un tiers des femmes internes interrogées par le CNOM en 2005 pensaient qu’elles travailleront à temps partiel. Reste à savoir ce que ce « temps partiel » recouvre.
Elles font moins d’actes: VRAI
En matière d’activité, le facteur déterminant est l’âge du praticien : 5 000 actes à 35 ans, 5 500 actes à 40 ans et 5 600 actes à 44 ans. Mais clairement, les femmes font moins d’actes par jour que les hommes. En 2004, l’IRDES note que « à année d’exercice égale, les différences entre hommes et femmes des jeunes cohortes ont diminué par rapport aux plus anciennes ». Selon le CNOM, elles passent moins de temps aux tâches administratives : 4 heures contre 4 h 45 pour les hommes. Mais surtout les femmes ont une façon différente d’organiser leur journée. Selon la sociologue Nathalie Lapeyre, les femmes généralistes, surtout les mères de familles, exercent fréquemment sous la forme d’un « temps plein concentré ». Autrement dit, pour gagner du temps, elles ne travaillent que sur rendez-vous, planifient au maximum, limitent les visites au strict nécessaire, ne prennent pas le temps de déjeuner et ramènent le travail administratif à la maison pour s’en acquitter après le coucher des enfants. Selon une enquête en cours de l’Ordre dans le Rhône, lorsque les femmes travaillent à temps partiel, au sens où elles prennent effectivement une demi-journée ou une journée off, elles peuvent être présentes au cabinet les autres jours de 8 heures à 21 heures.
Elles ont une carrière plus courte: FAUX
À l’heure actuelle, les femmes s’inscrivent à l’Ordre pour la première fois à 33,5 ans et les hommes à 36 ans. À l’autre bout, elles prennent leur retraite un peu plus tôt : à 64 ans en moyenne contre 66 ans pour les hommes.
Elles gagnent moins: VRAI
Globalement elles exercent plus souvent dans des spécialités moins « lucratives » (dermatologie, pédiatrie, psychiatrie). En médecine générale, l’écart se réduit depuis trente ans. Selon une étude de 2006 du ministère de la Santé, en 1983, les recettes perçues par les femmes étaient de 58 % inférieurs à ceux des hommes, en 1992, de 47 %, en 1998 de 37 % et en 2004 de 35 %. Explication: au début de la période considérée, les femmes généralistes étaient en moyenne beaucoup plus jeunes que leurs confrères. Or l’âge influe sur le niveau des honoraires des médecins libéraux. De plus, cette génération de trentenaires dans les années 80, qui a dû se faire une place dans une époque de pléthore médicale, a souvent levé le pied au moment des maternités (lire ci-contre).
Elles préfèrent travailler en ville: VRAI
Les femmes sont sur-représentées dans les zones bien-dotées en médecins : 26,3 % des femmes médecins exercent en Ile-de-France pour 9,4 % des hommes, et seulement 2,9 % dans la région Centre pour 20 % des hommes. Pourtant, lorsque l’Ordre a interrogé en 2006 les étudiants de PCEM 2, filles et garçons se projettent exactement de la même façon dans leur lieu d’exercice : en ville (80 % des hommes et 78 % des femmes) loin devant le rural (11 et 8 %). Plus tard, les internes se voient plus à la campagne : 43 % des hommes comme des femmes. Dans les faits, Gwenaelle Le Breton, la géographe de l’Ordre, note même que désormais « en Basse-Normandie, les femmes s’installent plutôt dans la Manche rurale et les hommes dans le Calvados plus urbain, et en Bretagne, les hommes préfèrent l’Ille-et-Vilaine aux départements plus ruraux ».
Elles prescrivent différemment: VRAI
Les analyses des prescriptions pharmaceutiques montrent toujours une augmentation régulière du volume de prescriptions au cours de la carrière : plus un médecin est âgé, plus sa patientèle est âgée donc plus forte consommatrice de médicaments. Cet effet de cohorte explique donc que les femmes soit moins prescriptrices.Mais l’âge n’explique pas tout: en 2004 l’IRDES remarquait que les femmes généralistes «à cohorte et année d’exercice égales» prescrivaient "toujours un peu moins que les hommes ».
Elles font moins de visites: VRAI
Là aussi, globalement, les hommes plus âgés ont une patientèle plus âgée et exercent plus souvent en zone rurale, deux conditions qui font augmenter la demande de visite à domicile. Mais selon l’IRDES en 2004, « les femmes font relativement moins de visites que les hommes, quelle que soit la cohorte, avec comme les hommes une décroissance importante au cours de leur carrière ». Dans l’URML Rhône-Alpes en 2004, 68 % des femmes généralistes font des visites contre 87 % des hommes et seulement 7 par semaine contre 12 pour les hommes.
Elles font moins de gardes: FAUX
Les « états des lieux » annuels de la Pds du CNOM ne font pas le distingo hommes/femmes. Mais dans son rapport sur la féminisation, Irène Kahn-Bensaude notait quelques différences : les « femmes font plus de la régulation » et « moins de gardes de week-end et d’astreintes à domicile que les hommes ». Une étude des cahiers de sociologie et de démographie médicales de 2007 avance les chiffres de 43 % des généralistes hommes et 18 % des généralistes femmes qui disent « participer actuellement à un système des gardes organisées ». En outre, elles manifestent volontiers leur intérêt pour l’organisation en maison médicale de garde. « Pour une femme, c’est une façon d’assurer la permanence des soins dans des conditions beaucoup plus sécurisée, remarque Nicole Bez de MG France. Quand on est appelé de nuit en urgence chez des patients que l’on ne connaît pas, c’est forcément toujours un peu angoissant ».
Elles préfèrent travailler en groupe: FAUX
Selon le CNOM, les deux tiers des hommes comme des femmes médecins exercent en groupe, avec quelques petites différences : 77 % des femmes partagent leur cabinet avec des confrères d’une même discipline pour 87 % des hommes. De plus, 11 % des femmes exercent avec d’autres professions de santé et seulement 6 % des hommes. Chez les étudiants de deuxième cycle, l’exercice en groupe semble davantage une évidence chez les filles (90 %) que chez les garçons (78 %). En troisième cycle, les chiffres se rejoignent. Là encore, la féminisation est concomitante de l’aspiration à de nouveaux modes d’exercice sans en être forcément la cause.
Elles préfèrent le salariat: VRAI
Selon le dernier « atlas de la démographie médicale » de l’Ordre, une femme médecin sur trois exerce son activité en tant que libérale contre un homme sur deux. En revanche, si on s’attache aux nouveaux inscrits à l’Ordre, on constate que 5 % sont des hommes et 4 % des femmes exercent en libéral, 30 % des hommes et 35 % des femmes optent pour le salariat et enfin 10 % des hommes et 14 % des femmes seront d’abord remplaçants. Pour la seule médecine générale, 63 % des hommes et 40 % des femmes exercent en libéral.
Elles se forment moins: VRAI
Selon les cahiers de sociologie et de démographie médicales, en 2007, le temps de lecture des publications médicales était proche quel que soit le genre (2,7 heures par semaine pour les femmes et 3,1 heures pour les hommes). Selon une enquête qualitative réalisée en Indre-et-Loire pour une thèse de doctorat en 2005, les avis sur la FMC des femmes généralistes « apparaissent partagés, les contraintes apparaissant trop lourdes sur la vie personnelle, même lorsqu’il s’agit de FMC indemnisée plutôt mieux accueillie ». Dans une étude de l’URML Rhône-Alpes de 2004, les femmes généralistes se forment en moyenne 12,9 demi-journées par an contre 17 pour les hommes, mais la différence est essentiellement liée aux médecins de moins de 45 ans.
Elles sont moins présentes dans les lieux de pouvoir : VRAI
Les bureaux nationaux des principaux syndicats de médecins libéraux comptent peu de femmes : 3 sur 9 à MG France, 3 sur 15 au SML, 1 sur 19 à la FMF et 1 sur 20 à la CSMF. Le CNOM ne compte que trois femmes sur ses 45 conseillers ordinaux nationaux. Seules deux femmes sont présidents d’URML (Aquitaine et Champagne-Ardennes). Au niveau universitaire, les femmes réussissent mieux aux concours notamment à l’internat. Mais « quand le mode de recrutement se fait sous la forme de la cooptation, les femmes en font les frais » note la sociologue Géraldine Bloy. On ne compte en 2005 que 9 % de PU-PH pour 6 % en 1990. Parmi les dix premiers « professeurs titulaires de médecine générale », aucune femme. Sur les 16 premiers chefs de cliniques de médecine générale en 2007, il y a eu quatre femmes. Mais on est proche de la moitié aujourd’hui, alors que les deux tiers des IMG sont des femmes. Selon le CNOM, 10 % des hommes ont des activités syndicales comme 5 % des femmes, 2,5 % des hommes ont des activités ordinales contre 1 % des femmes et 2,5 % des hommes ont des activités politiques contre 2 % des femmes.
Elles boudent la médecine générale: FAUX
Depuis la création des ECN en 2004, la proportion de jeunes femmes parmi les internes de médecine générale progresse bon an mal an : 61% en 2004, 58% en 2005, 62,5% en 2006, 65,9% en 2007, 66,4% en 2008 et 64,4 % en 2009. Parmi les spécialités les moins fémininisées, la médecine générale se rapproche de plus en plus vite de la parité. Dans les préférences des internes, elle vient en deuxième place chez les filles et en quatrième chez les garçons. « Les femmes anticipent dans leur choix de spécialité la possibilité de bouger » note la sociologue Géraldine Bloy. A noter en outre, que la chirurgie ne devrait plus rester un bastion masculin : 40% des internes des chirurgie en 2008 sont des femmes contre encore 30% en 2004.
Elles ont plus le « goût des autres »: FAUX
Selon les sociologues, comme Nathalie Lapeyre, ce stéréotype naturaliste a, quelque part, permis aux femmes de se faire plus facilement leur place dans la médecine à une certaine époque. Mais les jeunes générations le battent en brèche. Le CNOM a interrogé en 2005 les étudiants de PCEM sur leur motivation pour entreprendre médecine. La hiérarchie des motivations est quasiment identique : les filles mettent au même niveau « le goût des relations humaines » et « l’intérêt intellectuel ou pratique », les garçons privilégient de très peu le second. En revanche, dans leur façon d’exercer, les femmes « se situent davantage dans la symétrie avec le patient, le font davantage participer et font plus état de leur doute » estime la sociologue Géraldine Bloy. Selon la CNAMTS, il y a autant de femmes que d’hommes qui ont adheré au CAPI.
Elles ne peuvent pas compter sur leur conjoint : FAUX
Le couple mari médecin et épouse secrétaire/standardiste est en passe de disparaître. Ainsi en 2005, 15 % des généralistes de plus de 55 ans ont un « conjoint collaborateur au cabinet » contre moins de 2 % chez les moins de 40 ans. Actuellement 73 % des femmes médecins vivent en couple avec un conjoint, qui est quatre fois sur cinq un cadre supérieur. Selon la sociologue Géraldine Bloy, si ceux-ci sont peu « disponibles pour le secrétariat, » en revanche « dans le domaine familial, ils sont capables de passer à l’acte ». À la maison, les jeunes femmes médecins ont négocié d’emblée avec leur conjoint une implication partagée.
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