DEPUIS 1988, l’Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) publie une enquête bisannuelle sur «l’état de santé, des soins, et de la protection sociale de la population de la France métropolitaine selon ses caractéristiques sociales». Le dernier cru de ces travaux, qui concerne l’année 2004, fait apparaître que 13 % environ de la population «déclarent avoir renoncé à certains soins pour des raisons financières au cours des douze derniers mois». Un cinquième de ces renoncements sont déclarés définitifs, les autres étant présentés comme de simples reports. Quant aux soins qui font l’objet de ce renoncement, ils se concentrent essentiellement sur trois grandes catégories : la santé bucco-dentaire (49 %), les lunettes (18 %) et les soins de spécialistes (9 %) ; 6 % de ces Français ont également renoncé à consulter un généraliste, 5 % à effectuer des analyses médicales ou des examens d’imagerie, et 2 % à acheter les médicaments dont ils ont besoin.
Les femmes sur-représentées.
Bien évidemment, c’est le manque d’argent qui justifie le plus souvent cet état de fait. Mais parmi les assurés sociaux qui renoncent à certains soins, les femmes sont les plus nombreuses et représentent environ les deux tiers. L’âge avançant, les assurés sociaux deviennent aussi moins nombreux à renoncer aux soins : 15 % des 18-40 ans y ont renoncé, contre seulement 7 % des plus de 65 ans. Par ailleurs, conséquence directe du manque d’argent, l’absence de couverture complémentaire est l’une des principales causes du renoncement aux soins : les Français sans couverture complémentaire sont 28 % à y avoir renoncé, contre 18 % chez les bénéficiaires de la CMU (couverture maladie universelle), et 12 % chez ceux qui bénéficient d’une complémentaire privée.
Enfin – faut-il le préciser ? – les Français qui renoncent aux soins se trouvent le plus souvent parmi les ménages d’employés et d’ouvriers, et plus généralement parmi les catégories sociales à faible revenu. Ils y sont une fois et demie plus nombreux à renoncer aux soins que la moyenne des Français. A l’inverse, les cadres et les agriculteurs renoncent rarement aux soins, près de deux fois moins que la moyenne.
Précisons que depuis 2004, année d’étude de l’enquête, le plafond de ressources prises en compte pour l’attribution d’une CMU complémentaire a été relevé. On peut donc penser que des Français qui renonçaient jusque-là à des soins faute de mutuelle ne le font plus (ou moins).
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