Cette fois, c’est fait. Après deux semaines d’hésitation, l’OMS vient de déclencher la phase 6 d’alerte mondiale sur la grippe A/H1N1, ce qui est synonyme de pandémie mondiale. Même si le virus n’est, pour l’heure, guère plus agressif qu’une grippe saisonnière, l’évènement est d’importance: il s'agit de la première pandémie déclarée par l'organisation depuis plus de 40 ans.
C’est le gouvernement suédois qui a annoncé le premier la nouvelle. « L'OMS a relevé son niveau à la phase six » , a déclaré la ministre suédoise de la Santé Maria Larsson lors d'une conférence de presse. La grippe A (H1N1) « a continué à s'étendre », a-t-elle dit, mais le niveau six « ne signifie pas que la maladie en tant que telle a changé, ceux qui sont infectés ont généralement des symptômes légers », a-t-elle ajouté. A Genève aussi une source diplomatique, citée par l’AFP, a confirmé que la directrice de l'OMS avait annoncé le relèvement au niveau maximal aux représentants des Etats membres de l'organisation onusienne. De fait, après avoir indiqué mardi que le passage à la phase d'alerte maximum était désormais « très, très proche, » l'OMS réunissait jeudi son comité d'urgence sur la grippe porcine, compte tenu de la propagation du virus A(H1N1) qui a fait près de 28.000 malades et 141 morts dans 74 pays touchés après son apparition au Mexique et aux Etats-Unis fin mars. Un 142e décès a été annoncé jeudi au Guatemala, 8e pays concerné par un cas mortel. Mais pour prendre sa décision, l'OMS attendait d'avoir des preuves que le virus se propageait bien localement dans une région autre que le continent américain, critère géographique retenu pour déclencher la phase 6. C’est chose faite désormais.
La France reste en phase 5
Depuis Rennes, où elle se trouvait ce jeudi, la ministre de la santé Roselyne Bachelot a confirmé elle aussi que l'OMS avait décidé de passer en phase 6 de son niveau d'alerte sur la grippe porcine. Mais elle s’est voulue rassurante. Et elle a laissé entendre que pour l’instant la France allait rester au niveau 5. « Avec 73 cas répertoriés de grippe A, la France peut rester au niveau 5A, mais nous prendrons la décision formellement demain (vendredi) », a-t-elle expliqué, en marge d'un forum citoyen sur la bioéthique. L'avis de l'OMS indique que « chaque pays prend les mesures nécessaires », a-t-elle encore ajouté. « Cela n'implique pas que chaque pays passe au niveau 6.» Dans l’attente de cette décision probable, les autorités françaises avaient néanmoins fait savoir dès mercredi qu’elles demeuraient en alerte. « La cellule de crise est en veille permanente et nous ne relâchons pas la pression, a insisté mercredi matin la ministre de l’Intérieur Michelle Alliot-Marie. Nous nous préparons en particulier à une épidémie qui pourrait intervenir cet automne».
Pourquoi la phase 6 ?
Alors que les critères géographiques semblent remplis depuis un moment, pourquoi l’OMS s’est-t-elle finalement à déclencher la phase de pandémie mondiale ? Aux dernières nouvelles, le virus A(H1N1) a contaminé 27.737 personnes dans 74 pays et fait 141 morts, selon le dernier bilan publié mercredi par l’OMS. Ces données constituent une forte augmentation par rapport au précédent bilan, annoncé mardi. La majorité des nouveaux cas ont été recensés au Chili qui compte désormais 1.694 malades contre 411 lundi. Les autres plus fortes progressions ont été observées au Canada (2.446 cas contre 2.115, soit une hausse de 331 cas), en Australie (+173), au Royaume-Uni (+109) et au Japon (+75). La grippe porcine reste néanmoins d'une gravité « modérée ». Et l’OMS attendait la preuve que deux régions du globe soient touchées par une propagation autonome du virus avant de décréter la phase 6 . Or, après les importants foyers américains (11.054 cas dont 17 mortels) et mexicains (5.563 cas dont 103 morts), la maladie ne cesse de gagner du terrain ces dernières semaines, frappant désormais 867 personnes en Australie, plus de 500 au Royaume Uni et 410 au Japon. Au début du mois le Dr Fukuda faisait déjà valoir que de « premières propagations » autonome du virus ailleurs que sur le continent américain étaient observées, citant le Royaume-Uni, le Japon, le Chili et l'Australie. Mais il attendait encore une activité (du virus) réellement répandue dans ces pays. L’élément nouveau est notamment le développement inquiétant du virus en Grande-Bretagne qui comptait à la date de mercredi matin 621 cas dont plusieurs clusters en milieu scolaire et étudiant. « Désormais les voyageurs en provenance de ce pays seront informés» de la conduite à tenir en cas d’état grippal.
Paul Bretagne (avec AFP) et Véronique Hunsinger
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