Pour le 100e Tour de France, les organisateurs ont programmé deux nouveautés, avec le départ, le 21 juillet, donné en Corse, à Porto-Vecchio, et l’arrivée en nocturne sur les Champs-Élysées, 21 étapes et 3 479 km plus tard. En revanche, aucun changement n’est annoncé concernant les modalités du contrôle anti-dopage.
Ni les aveux du septuple vainqueur Lance Armstrong, en octobre dernier, confondu par l’USADA (Agence américaine antidopage), ni, il y a quelques jours, ceux de Jan Ullrich, vainqueur en 1997, ni, enfin, l’annonce que Laurent Jalabert s’était dopé à l’EPO lors du Tour 1998 (le test sur ses échantillons urinaires, effectué en 2004, vient d’être « désanonymisé ») : l’accumulation des affaires ne change rien.
Premier contrôle en 1996

Pourtant, le champion américain s’est vanté d’avoir été contrôlé à 500 reprises, en étant toujours négatif, l’Allemand a assuré qu’il n’avait
« rien pris que les autres n’ont pris », le Français, de la même manière, a été positif comme 75 % des coureurs testés à l’époque.
Dans un ouvrage sur « les Grandes Premières du Tour de France »*, l’ancien médecin du Tour Jean-Pierre de
Mondenard évoque la tardive et
résistible montée en puissance de la lutte antidopage : si les pratiques dopantes remontent aux premières éditions de l’épreuve, rappelle-t-il, il aura fallu attendre 1966 pour que soit diligenté le premier contrôle officiel, limité à l’époque à la recherche de certaines
amphétamines et de stupéfiants
« à dose non homéopathiques », un contrôle qui provoqua une grève des coureurs.
La liste des substances prohibées était
« courtelinesque », avec des produits tels les
dialcoylamides des acides
alcoylaminobutyriques (
Micorène), qui étaient rayés de la liste avant d’y réapparaître sous plusieurs dénominations (
cropropramide-crotétamide). Lors des premiers tests, six coureurs furent détectés positifs, tous relaxés au motif que leur prise de produit n’avait pas été faite
« sciemment ».
Simpson, Festina, Puerto... une chronique ininterrompue

Édition après édition, la chronique du dopage n’allait plus s’interrompre avec, dès l’année 1967, le décès en direct de
Tom
Simpson, victime de la chaleur, de l’alcool et des effets secondaires des
amphétamines.
L’affaire
Festina, en 1998, avec les aveux du soigneur qui transportait une importante cargaison d’ampoules
d’érythropoïétine (
EPO), de capsules
d’amphétamines, de solutions d’hormone de croissance et de flacons de
testostérone, fit l’effet d’un
tsunami.
Mais les engagements de « tolérance zéro » pris alors solennellement par les dirigeants du Tour, n’empêchèrent pas l’affaire
Puerto, en 2006, avec la mise au jour, en
Espagne, d’un vaste système de dopage par transfusion sanguine, ni les sept victoires consécutives
d’Armstrong ; le champion des tricheurs a finalement reconnu avoir pris de
l’EPO,
testostérone,
corticoïdes et hormone de croissance, bref, tous les produits interdits, à l’exception du sang transfusé, sans avoir jamais été inquiété.
« Les affaires continueront aussi longtemps que l’UCI (Fédération cycliste internationale) gardera la main mise sur le dispositif, pronostique le
Dr de
Mondenard.
On a bien un radar, mais il est en bois. »
27 pulsations/minute, le record de lenteur
Mais il ne faudrait pas limiter les grandes dates du contrôle médical au cours des 99 Tours de France à la seule traque des tricheurs. Il faut citer, en 1948, l’instauration de la visite médicale d’aptitude. Une visite sommaire, effectuée dans les locaux du « Parisien libéré », la veille du départ, avec un seul médecin qui voyait défiler les 120 inscrits et prenait juste leur tension, avec pesée et mesure de la capacité pulmonaire.
À partir de 1999, l’« Accueil médical », aux investigations plus poussées, lui succéda, mais il fut supprimé en 2007,
l’UCI préférant une vérification des carnets de santé des coureurs. En cinquante ans, 9 192 visites ont été consignées, dont les archives ne permettent malheureusement pas de suivre l’évolution morphologique et physiologique des champions.
Tout au plus garde-t-on le top des tout-petits (
Vincent
Belda, 1,50 m sous la toise), des géants (
Johan Van
Summeren, 1,97 m), des poids lourds (
Manus
Backstedt, 98 kg) et des poids plumes (
Belda, encore, 48 kg). Le record du
cœur le plus lent est détenu par le Suisse
Mauro
Gianetti, en 1997, avec 27 pulsations/minute.
Quant à la création du service médical du Tour, pour prendre en charge toute la
traumatologie de l’épreuve, autre grande date, elle remonte à 1949, avec un seul médecin qui suivait l’épreuve de bout en bout au volant d’une 4
CV. Aujourd’hui, pas moins de 10
urgentistes sont mobilisés dans la Grande Boucle, ainsi qu’un infirmier-anesthésiste, à bord de sept ambulances, deux voitures et une moto. Mais le contrôle antidopage reste en rodage.
* Éditions Hugo Sport, 208 p., 16,95 euros.
Photos AFP. 1) Entre Briançon et Courchevel, en 2000 (87e tour) ; 2) Patrice Halgand lors d'un check-up, en 2002 (89e tour) ; 3) Décès du Britannique Tom Simpson, en 1967.
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