Avec une forte croissance du nombre des personnes atteintes, la France se rapproche d'un démarrage de la phase épidémique de la grippe H1N1. A quelques jours à peine de la rentrée scolaire, plusieurs classes et écoles ont fermé à la suite de cas avérés de la nouvelle grippe H1N1. La ministre de la Santé Roselyne Bachelot avait d'ailleurs averti: "il est absolument certain" que la rentrée scolaire va faciliter la diffusion de la nouvelle grippe A(H1N1)". La France métropolitaine qui avait été jusque là plutôt épargnée comparée à des pays comme l'Angleterre, pourrait voir arriver le début de la vague épidémique. Roselyne Bachelot estime qu’un premier cap épidémique pourrait être franchi fin septembre.
Déjà, selon le réseau Sentinelles le nombre de cas de grippe clinique en France métropolitaine, estimé à 52.300 cas la semaine dernière (contre plus de 30.000 la semaine précédente), "dépasse légèrement" pour la première fois le seuil épidémique. Avec 83 cas pour 100.000 habitants, la France se trouve lun peu au-dessus du seuil épidémique qui est de 80 pour 100.000 habitants. Dans la semaine du 31 août au 6 septembre, sept régions égalaient ou dépassaient le seuil épidémique en ce qui concerne le nombre de cas (voir carte du réseau Sentinelles) : l’Alsace (353 pour 100 000 habitants), le Languedoc-Roussillon (115), la Lorraine (105), Rhône Alpes (88), Paca (86), la Corse (85) et l’Aquitaine (83) "Il faudra attendre une seconde semaine pour confirmer le dépassement de ce seuil et valider l'arrivée de l'épidémie en France", estime toutefois le Dr Thierry Blanchon, responsable du réseau. "Ces cas ne sont pas tous des cas de grippe confirmée", dit-il en soulignant cependant que "le virus dominant est le H1N1 2009". "C'est la tendance qui compte et qui permet de dire si une épidémie arrive", souligne-t-il. Le nombre de cas de grippe clinique (fièvre supérieure à 39°C, signes respiratoires, courbatures) est "très supérieur à ce qu'on observe à la même époque habituellement" même s'il reste "loin des chiffres observés en pleine épidémie hivernale", ajoute-t-il.
"Le nombre de grippes cliniques liées au virus A(H1N1) 2009 peut être estimé à 6.000, en progression lente par rapport à la semaine précédente", évalue pour sa part l'Institut de veille sanitaire (InVS). Néanmoins, admet l'InVS "ce chiffre sous-estime le nombre total de patients consultant pour grippe A(H1N1) en ne prenant pas en compte les formes avec une fièvre inférieure à 39 °C".
Recommandations du Haut conseil à Paris et réunion d’experts à Bruxelles
Dans ce contexte de circulation intense du virus, le gouvernement devrait annoncer "sous quinze jours" sa stratégie vaccinale. Roselyne Bachelot dispose désormais de deux avis: celui du Haut conseil de santé publique rendu public jeudi 10 septembre et celui du Comité technique des vaccinations que la ministre a sur son bureau depuis le 3 septembre. Le premier recommande que les personnels de santé et de secours, les femmes enceintes ("à partir du début du deuxième trimestre"), l'entourage des nourrissons et les bébés de moins de 2 ans avec facteur de risque, soient prioritaires pour le vaccin contre la grippe H1N1. Viennent derrière, dans l'ordre, les personnes de 2 à 64 ans avec facteur de risque, puis les moins de deux ans sans facteur de risque, les plus de 65 ans avec facteur de risque, les enfants de 2 à 18 ans sans facteur de risque, et enfin les plus de 19 ans sans facteur de risque. Le HCSP indique que le vaccin contre la grippe H1N1 doit être administré en deux doses, sauf dans des cas particuliers où des vaccins monodoses pourront être utilisés. L’avis conclut que l'utilisation d'un vaccin avec adjuvant n'est pas recommandée pour les personnes immunodéprimées et les enfants de moins de deux ans sans facteur de risque. Il ne doit être utilisé par les enfants de moins de deux ans avec facteur de risque et les femmes enceintes que s'il n'y a pas de vaccin sans adjuvant.
La stratégie vaccinale devrait également être débattue au plan internationale, puisque experts et ministres de la Santé des pays du G7 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne, France, Italie, Japon et Canada) et leurs homologues du Mexique se réunissent à l'invitation de la Commission européenne à Bruxelles jeudi et vendredi pour faire le point sur l'évolution de la pandémie. Les différentes stratégies de vaccination doivent notamment y être débattues, alors que les vaccins contre la grippe H1N1 font actuellement l'objet d'essais cliniques et vont arriver progressivement sur le marché.
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