RÉUNIS à Berlin, les donateurs du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme se sont engagés à verser 9,734 milliards de dollars sur la période de 2008-2010. «Un jour heureux pour la santé globale», a déclaré Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies et qui présidait cette conférence mondiale . «Je suis reconnaissant à tous les gouvernements qui sont présents et à ceux qui vont s'engager dans l'avenir», a-t-il ajouté. D'autres contributions devraient être annoncées ultérieurement, notamment celles du Japon et des Etats-Unis, le plus gros contributeur actuel du Fonds. Une trentaine de donateurs participait à «la plus vaste opération mondiale au monde de levée de fonds pour la santé jamais organisée», selon le Pr Michel Kazatchkine, directeur exécutif du Fonds. L'enjeu était de taille : assurer pour trois ans le financement de la lutte contre les trois grandes pandémies les plus pourvoyeuses de victimes dans le monde. Un rapport de l'ONU et de l'Onusida publié à la veille de la réunion avait prévenu : pour atteindre l'objectif d'un accès universel aux soins, il fallait quadrupler les ressources, toutes initiatives confondues, de la lutte mondiale contre le sida. Les 10 milliards reçus ne sont qu'un premier pas. L'Union européenne s'est engagée à verser 300 millions d'euros (424 millions de dollars), l'Allemagne, hôte de la conférence et présidente du G8, a annoncé un don de 600 millions d'euros (848 milliards de dollars) et l'Espagne a promis de tripler sa contribution. La France, elle, a maintenu son engagement à 900 millions d'euros (1,272 milliard de dollars). Le représentant français, Jean-Marie Bockel, s'est félicité que «la France reste le deuxième contributeur du Fonds derrière les Etats-Unis», même si «d'autres pays montent en puissance».
Une contribution jugée insuffisante par les associations, qui espéraient un engagement plus important de la France au vu des engagements pris lors du dernier G8, à Heiligendamm (Allemagne), d'accroître les ressources disponibles (à 60 milliards). Jean-Marie Bockel a aussi rappelé que la France participait à la lutte contre le sida ou le paludisme par le biais d'Unitaid, l'initiative voulue par l'ancien président Jacques Chirac et qui a fêté sa première année d'existence. La coopération entre le Fonds et la facilité financée par la taxe sur les billets d'avion devrait s'intensifier.
L'Allemagne a aussi lancé une nouvelle initiative, baptisée « debt2Health » (dette pour la santé), qui pourrait augmenter de façon exponentielle les ressources du Fonds. Un pays riche s'engage à annuler la dette bilatérale d'un pays pauvre, qui, à son tour, s'engage à investir une partie de la somme dans la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. En vertu de ce principe, l'Allemagne à annulé la dette de 50 millions d'euros de l'Indonésie, qui s'est engagée à contribuer au Fonds à hauteur de 25 millions. «Debt2Health est un mécanisme gagnant-gagnant pour toutes les parties, a expliqué le ministre indonésien du développement, Heidemarie Wieczorek-Zeul. Cela permet au Fonds de disposer de ressources plus prévisibles, à l'Indonésie de renforcer son système de santé et à l'Allemagne de faire face à ses responsabilités dans la lutte contre les trois maladies.» Le Kenya, le Pakistan et le Pérou devraient être les prochains pays à bénéficier de ce nouveau système.
> Dr LYDIA ARCHIMÈDE
Nouvelles ambitions pour Esther
Le groupement d'intérêt public Esther (Ensemble pour une solidarité thérapeutique hospitalière en réseau), créé à l'initiative de Bernard Kouchner, est né de la volonté française d'encourager la coopération hospitalière et associative entre la France et les pays en développement d'Afrique et d'Asie, pour lutter contre le VIH/sida. Le GIP est placé sous la tutelle des ministères des Affaires étrangères et de la Santé. Bernard Kouchner, ancien président du GIP, devenu ministre des Affaires étrangères, et Roselyne Bachelot ont proposé le nom de Dominique Israël-Biet, professeur des universités et praticien hospitalier, comme membre du conseil d'administration d'Esther en vue d'en prendre la présidence, et celui de Gilles Brücker pour en devenir le président. Les deux ministères de tutelle se sont engagés à doter dans les années à venir le GIP des ressources financières nécessaires pour faire face aux nouveaux enjeux. La baisse de subvention de fonctionnement constatée pour 2008 (3,75 millions d'euros, contre 7,2 millions en 2007) s'expliquerait par le niveau élevé du fonds de roulement de la structure, dont le fonctionnement est garanti pour l'exercice à venir.
En outre, le Pr Gilles Brücker a été confirmé dans ses fonctions de directeur général de l'InVS (l'Institut de veille sanitaire), fonction qu'il assure depuis 2002.
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