L’agomélatine (Valdoxan) représente une nouvelle étape dans le traitement de la dépression car il s’agit du premier antidépresseur à agir directement sur l’horloge biologique, qui est toujours desynchronisée chez les patients déprimés. La restauration des rythmes peut être potentialisée par une psychothérapie de resynchronisation.
L’aggravation de la douleur mentale de la personne déprimée le matin est bien connue, de même que le ralentissement psychomoteur, la rumination et la fatigabilité. « Les rythmes circadiens sont génétiques. L’insomnie est parfois le premier signe d’une récidive dépressive, et les insomniaques ont un risque dix fois supérieur aux autres de développer un état dépressif », indique le Pr Jean-Marie Vanelle (Nantes).
Disponible depuis quelques mois, Valdoxan est le premier antidépresseur capable de réguler les rythmes circadiens, en agissant sur les récepteurs MT1, MT2 et 5HT2c. La posologie est d’une prise par jour (25 mg), au coucher. Il agit sur les différents symptômes de la dépression : l’humeur dépressive, la douleur morale, le ralentissement, l’anxiété, … « Dans une étude de 44 semaines, les patients du groupe agomélatine ont eu deux fois moins de rechutes (23,9%) que ceux du groupe placebo (49,9%). D’autre part, VALDOXAN présente une tolérance supérieure à n’importe quel sérotoninergique. Cela contribue à ressentir des effets secondaires avant de percevoir les bénéfices, ce qui facilite l’observance», souligne le Pr Pierre Thomas (Lille).
Chronobiologie
Utilisés d’abord dans les troubles bipolaires, les psychothérapies de resynchronisation s’appliquent aujourd’hui à la dépression. Elles ont pour objectif de renforcer les donneurs de temps (repos, réveil, lumière, etc.) et de rétablir la stabilité des rythmes sociaux. « Il est recommandé aux patients de se lever à heures régulières, de prendre un petit-déjeuner et une douche chaude, de s’exposer dès le lever à la lumière du jour et de pratiquer 15 minutes d’activité physique intense. Il faut éviter les siestes prolongées, les excitants et l’activité physique intense le soir. L’étude D-Rythm, une étude prospective ouverte portant sur 899 patients, coordonnée par le Pr Emmanuelle Corruble (Kremlin-Bicêtre), étudie la relation entre le traitement par agomélatine et la régulation des rythmes sociaux : heure du réveil, du premier contact de la journée, des premières activités (travail, études), du dîner et du coucher. Les résultats seront disponibles en avril.