VIH : 4 études pour mieux décrire les populations vulnérables

Publié le 27/11/2013
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Crédit photo : AFP

À la veille de la Journée mondiale du sida, et en écho aux nouvelles recommandations 2013 sur le dépistage, le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » consacre un numéro spécial aux populations clés les plus exposés au risque de VIH.

En effet, plutôt qu’une proposition de dépistage systématique en population générale, le groupe d’experts pour la prise en charge des personnes vivant avec le VIH préconise désormais un dépistage large mais ciblé en fonction de critères cliniques et biologiques en population générale et des stratégies plus volontaristes dans les populations où la prévalence de l’infection est plus élevée.

« Après les avancées extraordinaires qu’ont été la découverte de traitements efficaces puis plus récemment de leur effet sur la baisse de la transmissibilité, nous arrivons à un tournant : pour aller plus loin et faire reculer l’épidémie, il est nécessaire d’intensifier prévention et prise en charge dans les groupes les plus touchés et surtout d’adapter les programmes aux besoins des personnes », soulignent Annabel Desgrées du Loü et Bruno Spire qui signent l’éditorial de ce numéro.

Les résultats de 4 études menées auprès de ces populations les plus touchées y sont présentés. L’enquête KAPB DFA sur les connaissances, opinions et pratiques autour du VIH dans les départements français d’Amérique, l’enquête Coquelicot auprès des usagers de drogues, l’enquête presse gays et lesbiennes et l’enquête ProSanté menée auprès des personnes en situation de prostitution.

L’enquête KAPB DFA

Réalisée en 2011-2012 auprès de 4 529 personnes vivant en Guadeloupe, Martinique et Guyane, cette enquête montre une amélioration par rapport à la précédente enquête de 2004, des connaissances sur le VIH. La quasi-totalité des personnes interrogées sait que la transmission est possible lors d’un rapport sexuel sans préservatif et ont intégré ces connaissances dans leurs comportements puisqu’ils sont désormais 85 % à l’utiliser lors du premier rapport sexuel.

L’utilisation du préservatif au cours des 12 derniers mois a également augmenté (de 35,3 % à 39,9 %) - les hommes sont plus nombreux que les femmes, les jeunes plus que les plus âgés et les personnes qui ont eu plusieurs partenaires plus que celles qui n’en ont eu qu’un. L’étude montre toutefois une certaine défiance à l’égard de l’efficacité du préservatif (ils sont plus nombreux à exprimer un doute).

En revanche, le dépistage régulier (pour eux-mêmes ou pour le partenaire) est perçu, nettement plus qu’en 2004, comme efficace. Les données plaident pour une stratégie visant à « renforcer l’image du préservatif et mieux préciser son articulation avec les stratégies basées sur le dépistage », soulignent Sandrine Halfen et coll.

L’enquête Coquelicot

Les résultats de cette deuxième édition réalisée en 2011 auprès de 1 568 usagers de drogues, confirme que la majorité d’entre elles est dans une situation sociale précaire. La séroprévalence du VHC reste élevée (44 %) même si elle est en baisse en particulier chez les moins de 30 ans par rapport à l’étude de 2004.

La prévalence du VIH est de 10 %. Les pratiques d’injection restant importantes chez les plus jeunes, les auteurs Maris-Jauffret et coll. suggèrent la poursuite des efforts en matière de réduction des risques.

Enquête Presse Gays et Lesbiennes 2011

Réalisée auprès de 10 448 HSH, cette enquête permet de décrire leurs pratiques préventives et de réduction des risques. Les résultats témoignent d’une appropriation des pratiques de RDR par les Homosexuels avec des stratégies différenciées en fonction du statut sérologique ou de la connaissance ou non de ce statut. Les répondants séronégatifs utilisent plus fréquemment (58 %) le préservatif lors des rapports anaux avec des partenaires occasionnels que les séropositifs.

L’étude montre en revanche que 25 % des répondants séropositifs, 16 % des séronégatifs, 55 % des séro-interrogatifs et 35 % des non testés ne recourent à aucune pratique de RdR. Et 14 % de ceux qui ont répondu à l’enquête n’avaient jamais eu recours au test VIH. Dans cette population, « les niveaux de dépistage et de contrôle de l’infection VIH apparaissent encore insuffisants pour inverser la tendance de l’épidémie », soulignent Annie Velter et coll.

Étude ProSanté

Les résultats qui avaient déjà fait l’objet d’une première publication en mars 2013, confirment la très grande hétérogénéité de la population de prostitués. Les deux tiers des personnes enquêtées étaient des femmes et les trois-quarts (78 %) étaient de nationalité étrangère. Pour 88 % des 251 personnes qui ont participé au volet social de l’enquête, la rue était le lieu principal de contact avec le client.

Les deux tiers ne considèrent pas la prostitution comme un métier. Les femmes présentent une vulnérabilité particulière sur le plan gynéco-obstétrical (faible prévention vis-à-vis du cancer du col de l’utérus, faible utilisation d’une contraception orale et fort recours à l’IVG). Les personnes transgenres sont largement touchées par le VIH avec une prévalence déclarée de 44 %.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr