CHANGEMENT DE CAP. « La psychanalyse est partout présente en France. Il ne s’agit pas de monter les familles contre les psychanalystes, mais d’utiliser tous les leviers pour faire en sorte que les bonnes pratiques identifiées par la Haute autorité de santé (HAS) et l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM) soient mises en œuvre », a annoncé Marie-Arlette Carlotti en présentant le 3e plan autisme, le 2 mai.Dans leur rapport de mars 2012, les instances scientifiques avaient pris leur distance avec les approches psychanalytiques ou le packing. Le plan tant attendu devrait concrétiser le changement, qui se traduit également par une écoute plus grande des familles, étroitement associées à son élaboration.
Dépistage précoce dès 18 mois.
Financé à hauteur de 205,5 millions d’euros - soit 18 millions de plus que le 2e plan - ce 3e plan s’articule autour de 5 axes, à commencer par la promotion du diagnostic précoce dès 18 mois. Pour un budget de 63 millions d’euros, 3 niveaux d’acteurs sont mobilisés. D’abord, les professionnels de la petite enfance et de l’éducation sont incités à lancer l’alerte. Dès 2015, ils seront aiguillonnés par un carnet de santé incluant de nouveaux items sur l’autisme. Ensuite, les équipes des centres d’action médico-sociale précoce (CAMSP), des centres médico psychopédagogiques (CMPP), et des hôpitaux et PMI voient leurs moyens renforcés avec 310 nouveaux postes dans les centres et le financement de formations aux outils de diagnostic précoce. Dernier maillon, les centres de ressources autisme (CRA), dédiés au diagnostic complexe et adossés aux CHU, touchent une enveloppe de 3 millions d’euros pour augmenter leur personnel formé.
Quant à la prise en charge des tout-petits autistes, 300 places seront créées dans les SESSAD (services d’éducation spécialisée et de soins à domicile) et 700 en 4 ans dans les écoles maternelles. Dès la rentrée 2014, une unité d’enseignement par académie devra ouvrir avec un instituteur et une équipe médico-sociale. Cette petite classe est intégrée au milieu ordinaire, avec pour horizon une scolarité classique avec des auxiliaires de vie scolaire, précise l’entourage de la ministre, pour couper court à tout soupçon de ségrégation.
126,1 millions pour le long cours.
« La France accuse un trop grand retard : l’offre d’accueil est insuffisante, les ruptures de soins fréquentes. En 2010, moins d’un autiste sur 5 avait un accompagnement dans une structure avec un agrément », a rappelé Marisol Touraine. Plus de 126 millions d’euros sont donc débloqués pour créer 1 500 nouvelles places pour les adultes, dans les MAS (maisons d’accueil spécialisées), FAM (foyers d’accueil spécialisés), ou SAMSAH (services d’accueil médico-sociaux pour les adultes handicapés) et 550 places dans les SESSAD pour les enfants et adolescents. Les établissements existants pourront prétendre à une enveloppe de 41 millions d’euros (et 823 postes) « à condition qu’ils s’ouvrent vers les méthodes modernes préconisées par la HAS », précise Marie-Arlette Carlotti. Une façon d’infléchir les pratiques.
En outre, le gouvernement s’engage à financer les places prévues dans le 2e plan, mais qui n’ont pas vu le jour. « On compte 2 530 places à réaliser pour 65 millions d’euros. Et Quelque 1 170 autres sont dans les tuyaux des Agences régionales de santé : elles seront acceptées pour 26 millions d’euros, car il faut aller vite », a expliqué Marie-Arlette Carlotti. Les mesures du 3e plan pourraient mettre des mois voire des années à se concrétiser, reconnaît la ministre.
Des familles au centre.
Les associations de parents d’autistes ont été conviées à l’élaboration du plan, écoutées par le comité national sur l’autisme, présidé par la députée Martine Pinville, et invitées à participer au voyage d’étude en Belgique en mars (voir « Le Quotidien » du 28 mars). Un volet entier est consacré à leur soutien, avec 15 millions d’euros destinés à financer 350 places de répit, des formations pour les aidants familiaux, et le lancement d’un portail national d’information. Les familles gagnent aussi un rôle de vigies au sein des CRA, où un comité des usagers sera créé, et dans l’évaluation du plan, avec la mise en place d’un comité de suivi, qui se réunira tous les trimestres (dès avant l’été), parallèlement à l’instance présidée par Martine Pinville, réunie chaque semestre.
Les deux derniers axes du plan concernent la recherche, incitée à se repositionner sur les origines et les mécanismes de l’autisme. Si aucun crédit supplémentaire n’est prévu, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) devrait consacrer 500 000 euros par an à ce type de projets. Enfin un million d’euros permettra de former 5 000 professionnels, médecins, enseignants, ou acteurs du médico-social.
Un début.
« On attendait l’affirmation d’un accompagnement éducatif et non psychanalytique depuis 30 ans », salue Danièle Langloys, présidente de l’association Autisme France, qui se félicite également de la place faite aux familles. Alors qu’elle espérait un financement semblable au plan Alzheimer, elle demeure plus critique sur les moyens : « Ces 200 millions d’euros ne permettent pas une révolution à court terme ». Elle reste notamment sceptique sur la transformation de CAMPS et CMPP, « dont certains sont parfois à côté de la plaque et noyauté par la psychanalyse ».
Dans le CAMSP de Gonesse, bon élève et précurseur (depuis 20 ans) des méthodes promues par la HAS, visité par Marie-Arlette Carlotti jeudi dernier, on voit d’un bon œil ce 3e plan, tout en alertant sur les moyens et la formation des acteurs. Une vingtaine d’enfants de 0 à 6 ans y sont suivis au rythme de 3 à 4 séances, 2 à 3 fois par semaine, par une équipe pointue sur l’autisme. Mais dans le reste du Val-d’Oise, 232 enfants n’ont pas de solution.
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