Tabac : les 20 centimes de hausse prévue le 6 janvier sont une « injure à la santé publique »

Publié le 13/12/2013
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Crédit photo : S. TOUBON

Le ministre du Budget Bernard Cazeneuve a annoncé jeudi l’augmentation dès le 6 janvier de 20 centimes pour toutes les marques de cigarettes, portant le paquet le plus onéreux à 7 euros. Après une augmentation de 40 centimes en octobre 2012, puis de 20 centimes en juillet dernier, il s’agit de la troisième hausse de prix en 15 mois. L’objectif du gouvernement « est d’avoir une baisse régulière de la consommation et donc des hausses régulières (des prix, ndlr) », a assuré le ministre. Et de préciser : « Il y a la volonté qu’il n’y ait pas de hausses massives et puis subitement plus rien. Il faut que les prix du tabac augmentent régulièrement pour que la consommation diminue, c’est un objectif de santé publique que Marisol Touraine et moi partageons. »

Si les buralistes, très remontés depuis plusieurs mois contre ces hausses successives, accueillent cette nouvelle augmentation comme « un moindre mal », le Pr Bertrand Dautzenberg, président de l’Office français de prévention du tabagisme a lui estimé qu’il s’agissait d’une « injure à la santé publique ». Selon lui, « cette hausse va augmenter de 4,1 % les revenus des buralistes, de 3 % ceux des cigarettiers et de 2,8 % ceux de l’État ».

L’Académie veut de vraies mesures de taxation

Et il résume : « L’État décide donc d’enrichir les cigarettiers ». Le spécialiste explique que pour décourager les fumeurs, « il serait plus efficace d’augmenter une fois de 40 ou 60 centimes, plutôt que d’augmenter deux fois de 20 ». Le Pr Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme (CNCT) estime lui aussi qu’il s’agit d’un beau cadeau de Noël pour les cigarettiers. L’Académie nationale de médecine a également réagi en regrettant que « les récentes mesures en la matière aillent à l’encontre des objectifs préconisés depuis des années dans notre pays pour lutter contre ce véritable fléau de santé publique ». Le tabac « est la première cause évitable de décès dans le monde », rappelle l’Académie. Or, « tous les experts s’accordent pour conclure que de vraies mesures de taxation bien mises en œuvre suffiraient pour réduire considérablement la mortalité et la morbidité dues au tabagisme », souligne-t-elle. Elle recommande de nouveau l’Académie nationale de médecine recommande de nouveau que, « conformément aux engagements internationaux de la France, le tabac et tous ses dérivés soient taxés à des taux suffisamment dissuasifs et sur la base d’augmentations systématiquement renouvelées ».

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr