C’est
le Dr Jean-Christophe Perruchon, médecin-chef du Service de Santé des armées, responsable de la cellule médicale de l’Élysée, qui va signer « avant la fin du mois, ou courant mars selon les contraintes d’agenda » le nouveau bulletin de santé de François Hollande, indique au « Quotidien » l’entourage présidentiel.
Ce sera le quatrième bulletin depuis son élection, après les communiqués publiés en juin 2012, mars 2013 et février 2014. Le président honore ainsi la promesse de campagne qu’il avait faite en déclarant dans nos colonnes qu’il était « important que les Français aient confiance en la capacité de leur président à gouverner » ; il s’était engagé à « donner publiquement et régulièrement » les informations liées à l’état de santé du chef de l’État, ajoutant que « dès lors que cette garantie leur est apportée, le respect de l’intimité du président, comme celle de tout autre citoyen, doit être garanti ».
Mais quelles sont les garanties réelles de transparence que peut fournir un bulletin de santé d’un médecin militaire qui, par définition, doit obéissance au chef suprême des armées qu’est le président de la République ? Même un praticien civil n’est-il pas lié par l’autorité du chef de l’État, comme en a témoigné le Dr Claude Gubler, médecin personnel de François Mitterrand, lequel exigea qu’il passe sous silence « le secret d’État » de son cancer (lire encadré) ?
En septembre 2005, quelques jours après l’hospitalisation de Jacques Chirac au Val-de-Grâce pour ce qui fut qualifié de « petit accident vasculaire cérébral », le président de l’Ordre des médecins, le Pr Jacques Roland, avait affirmé qu’il « ne croyait pas » aux bulletins de santé officiels, « présentés comme médicaux et en réalité mis au point par le patient, ses proches et ses conseillers, relevant non de la communication médicale, mais du filtrage d’information d’origine politique ».
« C’est vrai, après tout ce qui est arrivé, opine aujourd’hui le Dr Bernard Accoyer, ex-président de l’Assemblée nationale, ces bulletins relèvent souvent de la comédie du pouvoir. Ils dépendent potentiellement du secret d’État et on ferait mieux là-dessus de s’en tenir plus rigoureusement au secret médical. »
« Des bêtises » et « une impasse »
« Ces bulletins de santé sont des bêtises », accuse même le Pr Bernard Debré, qui fut un des ministres ainsi qu’un des chirurgiens de François Mitterrand. « Ils peuvent être vrais comme ils peuvent être faux, il est donc impossible d’y accorder la moindre valeur, martèle-t-il. Tant qu’à faire, mieux vaudrait respecter le strict silence qu’exige le secret médical, comme pour l’opération de la prostate subie en novembre 2011 par François Hollande : je sais tout sur cette opération qui s’est déroulée dans mon service à l’hôpital Cochin, mais je ne dirai rien. »
« On est aujourd’hui dans une situation qui ressemble fort à une impasse, note le Dr Gérard Bapt, député (PS). D’un côté avec des médecins militaires tenus statutairement au secret de la défense nationale et de l’autre avec une nécessité de transparence : la décision d’utiliser la force de frappe pourrait-elle être troublée par une affection médicale, ne fût-ce que par intermittence ? Il faudrait qu’un comité médical ad hoc puisse statuer dans cette éventualité. »
Le spectre de la procédure d’empêchement
Justement, c’est ce qu’avait préconisé en 1995 le Pr Guy Vallancien, dans un rapport rédigé avec des constitutionnalistes : « Un groupe de trois experts, composé d’un interniste, d’un neurologue et d’un psychiatre, serait chargé d’évaluer régulièrement la capacité intellectuelle de décision du président » quitte à « en référer au Conseil constitutionnel pour activer la procédure d’empêchement, selon les modalités de l’article 7 de la loi fondamentale. Mais sans qu’il soit nécessaire de publier un communiqué quand il n’y a rien à signaler », précise-t-il au « Quotidien ». La formule a cependant ses limites, note Bernard Accoyer : « Il est toujours délicat pour un expert de conclure à la dangerosité d’un état psychique et, a fortiori, de déclencher une procédure d’empêchement. »
Secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement, le Dr Jean-Marie Le Guen, s’abstient quant à lui de se prononcer, étant membre du gouvernement, mais il nous renvoie aux réserves qu’il avait émises comme député sur « ce système des bulletins de santé, pas efficace et attentatoire au secret médical ». « C’est désespérant de voir qu’à gauche comme à droite, personne n’a le courage de tirer les leçons du passé, se désole le Pr Vallancien. Jusqu’au jour où éclatera un nouveau drame. »
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