À Paris, Marseille, Saint-Etienne, Lyon, Bordeaux… Les habitants de ces grandes villes ont pris l’habitude de porter le masque dans l’espace public où le non-respect de cette consigne peut leur coûter 135 euros. Mais pas à Limoges, préfecture de la Haute-Vienne, qui compte près de 132 000 habitants.
Le maire LR de la ville, Émile Roger Lombertie, a fait le choix de ne pas le rendre obligatoire dans les rues de la ville, en dehors des lieux de rassemblement denses. Pour obtenir l’adhésion des habitants, l’élu a misé sur une démarche d’information et de consentement, sans doute inspiré par son passé de médecin, ancien psychiatre et chef de pôle à l’hôpital de Limoges-Esquirol.
« LE QUOTIDIEN » - Pourquoi n’avez-vous pas pris d’arrêté pour rendre obligatoire le port du masque comme l’ont fait de nombreux maires de grandes villes ?
DR ÉMILE ROGER LOMBERTIE - Je ne suis pas contre le port du masque, bien au contraire. Dès le début de l’épidémie, j’ai dit qu’il fallait respecter les gestes barrières et porter le masque alors même que certains disaient à l’époque que c’était inutile. Mais ma conviction, c’est qu’il vaut mieux informer la population pour avoir un consentement à la protection plutôt que de prendre des arrêtés. Regardez ce qui s’est passé à Marseille où le port du masque est obligatoire. À quoi ça sert de prendre une décision dont vous savez que vous n’avez pas les moyens de la faire appliquer ! À chaque fois que vous le faites, c’est un petit bout de République qui fout le camp.
Vous misez donc sur l’adhésion de la population plutôt que sur la contrainte ? Ça fonctionne à Limoges ?
Globalement, oui. Les gens jouent le jeu. Dès le premier confinement, nous nous sommes battus pour maintenir ouverts les marchés, les halles… Mais parallèlement, nous avons insisté sur la nécessité de porter le masque dans les lieux où il y avait des rassemblements : dans les magasins, les files d’attente, les marchés et aux abords des établissements scolaires. La police municipale a mené une action d’éducation dans les quartiers, avec le monde associatif. On a essayé de rendre ce geste légitime aux yeux des gens, plutôt que de le rendre obligatoire par la contrainte. Le refus de porter le masque n’est pas un acte de libération comme certains le disent, mais un acte de libération du virus pour infecter les autres. Notre démarche a été celle de l’information et du consentement.
Le préfet de la Haute-Vienne a, lui, pris des arrêtés sur le port du masque obligatoire. Les faites-vous respecter dans votre ville ?
Bien sûr, parce que nous respectons les lois de la République. Ces arrêtés sont tout à fait pertinents. D’ailleurs, ils sont calqués sur la politique menée à Limoges. Il s’agit d’imposer le port du masque dans les lieux de rassemblement comme les marchés ouverts, les parkings de commerce, à proximité des établissements scolaires et des crèches. Nous privilégions la prévention mais si une personne se montre trop insistante et refuse de porter le masque dans ces lieux, elle s’expose à une amende de 135 euros, à Limoges comme dans tout le département.
Quelle est la situation épidémique à Limoges ?
Depuis début 2020, j’ai mis en place une cellule de veille à la mairie pour surveiller l’évolution de l’épidémie. Tous les jours, je regarde les indicateurs. La situation est stable à ce jour. Le taux d’incidence est proche de 160 pour 100 000 habitants et le taux d’occupation des réanimations est d’environ 40 %. Mais le taux de contamination par le variant britannique est passé de 30 % à 80 % en l’espace de trois mois. Je reste donc prudent et humble vis-à-vis de l’épidémie.
Si la situation se dégradait, seriez-vous amené à durcir votre position sur le masque ?
Même si on devait prendre un arrêté, qui le fera appliquer ? Il faudrait un policier derrière chaque réfractaire ? La solution passe aujourd’hui par la vaccination. Je milite pour accélérer la campagne en ville mais aussi, ça me semble très important, dans les campagnes où l’accès à la vaccination est plus difficile. Nous avons mis en place des centres de vaccination et coordonné l’ensemble des acteurs. Mais il nous manque des doses !
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