Face à la détresse croissante des étudiants – particulièrement visible dans les filières santé – la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a annoncé le doublement des capacités d’accompagnement psychologique dans les services universitaires de médecine préventive et de promotion de la Santé (SUMPPS) et la création de 60 nouveaux postes d’assistantes sociales pour accompagner les jeunes en souffrance.
La détresse psychologique des étudiants pendant cette crise est bien réelle. Le travail des services de santé universitaire est indispensable. J’étais en visite ce matin au SMUPPS de @Sorbonne_Univ_ pour échanger avec les médecins et psychologues qui accompagnent les étudiants. pic.twitter.com/NN0BDaENsx
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) December 11, 2020
Depuis le début de la crise, les signes de mal-être des étudiants s'accumulent.
Cours à distance, dégradation du lien social ou manque de moyens et de soutien, la situation des juniors est « difficile » a reconnu le Premier ministre Jean Castex la semaine dernière, ajoutant y être « très attentif ». Le 11 décembre, Frédérique Vidal l'a encore constaté en échangeant avec l'équipe soignante du SUMPPS* de Sorbonne Université dans le 6e arrondissement de Paris. « C'est important pour moi de voir ce qu'il se passe sur le terrain, ce qui fonctionne et ce qu'il manque », a-t-elle commenté.
150 mails par jour
Tous les jours, au 3e étage de l'un des vieux bâtiments facultaires du site des Cordeliers de la rue de l'École de médecine, trois secrétaires réceptionnent les demandes des jeunes. « Nous recevons 150 mails par jour, 70 appels… Peu importe le motif, c'est une urgence pour l'étudiant. Il y a beaucoup d'angoisse », explique l'une d'elles derrière sa vitre de plexiglas. Ce service universitaire est composé de bureaux successifs le long d'un étroit couloir lumineux. En tout, 75 000 étudiants de Sorbonne Université et de Panthéon-Assas sont les bienvenus.
Une trentaine de personnes – dont 9 généralistes (avec différents DU), 3 psychiatres et 10 psychologues – y exercent à temps partiel. Le SUMPPS a déjà augmenté de 40 % le nombre de vacations de psychologues pour la seconde vague face à l'afflux de sollicitations des étudiants. « On sent que c'est plus difficile pour eux, explique Pedro Pereira, l'un des psychologues de l'équipe. De nouvelles problématiques émergent comme la solitude et l'isolement ou la difficulté à envisager un avenir. » Dans le bureau d'à-côté, le Dr Pierre-Christian Guth, généraliste au SUMPPS à temps partiel, abonde en ce sens. « Ils éprouvent davantage de difficultés, la souffrance peut aussi venir du manque de contact social, avec les amis et les professeurs. »
Pousser les murs
Le SUMPPS propose également des téléconsultations. « Nous avions commencé dès le premier confinement car nous ne recevions plus d'étudiants. Aujourd'hui, on reçoit en présentiel les jeunes et nous utilisons aussi la visio dans certaines situations de handicap ou pour des étudiants qui ne sont pas hébergés près de la fac », commente le Dr Christian Régnier, directeur du SUMPPS de Sorbonne Université. Le centre de médecine préventive propose aussi des ateliers sur le bien-être (thérapie par le rire, méditation de pleine conscience, bioénergétique, etc.) en présentiel et à distance.
À la Sorbonne Université, l'équipe soignante envisage de pousser les murs pour accueillir de nouveaux psychologues, peut-être « à l'infirmerie ou sur d'autres campus ». D'autres chantiers sont jugés essentiels, comme le fait de pérenniser les financements des centres de médecine préventive, de créer un statut de psychologue universitaire ou de former des étudiants relais-santé (ERS) aux premiers secours de santé mentale.
* SUMPPS Sorbonne 01 40 51 10 00 / sumpps@sorbonne-universite.fr
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